Depuis 1985, le parc automobile français des musées a vu la disparition de plus de 2000 véhicules de collection : autos, motos, utilitaires, camions, véhicules de pompiers et militaires, et de plus de 40 musées ou collections privées, soit 1 chaque année !
A l'entrée des Riceys, bourgade de Champagne, un hangar abritait les 70 voitures, des « vieux tacots » selon l'intitulé du musée, de la collection de Christian Fournier.
Pour Christian Fournier, qui s'occupait du garage Peugeot en centre ville, ce musée représentait plus un plaisir de collectionneur qu'une entreprise à rentabiliser. Cette collection, il l'avait entamée en 1956 avec l'acquisition de la première voiture. En 1968, avec déjà près de 40 pièces et un problème de place, il achète le hangar qui accueillait toujours le musée. Deux ans plus tard, en 1970, les portes s'ouvrent officiellement au public. A cette époque, Christian Fournier n'envisageait pas de faire payer les visiteurs. Mais les coûts de maintenance (ne serait-ce que l'électricité fournie par un groupe électrogène) l'obligent à renoncer à la gratuité. En 1975, il vendait le premier ticket d'entrée, au prix de 10 francs. Vingt ans après, les tarifs n'avaient pas changé ! La collection regroupait essentiellement des voitures populaires des années 1920 à 1950. Les françaises étaient en force avec une belle brochette de Citroën (de la première Citroën type A à la 2 CV), de Renault et de Peugeot. Mais on trouvait également des Mathis, Hotchkiss ou Rosengart, ainsi que des Ariès, Licorne, De Dion-Bouton, Licorne ou Berliet. Le début du siècle était représenté par des camions, avec un rare et superbe Peugeot de 1902 à transmission par chaîne et à roues « artillerie » à bandage.
Le Nash Quad américain, de 1904, avec ses quatre roues motrices et directrices, représentait également une belle prouesse de technique ! Très peu de ces pièces avaient subi une restauration, ce qui n'empêchait pas la plupart de fonctionner... Pour Christian Fournier, conserver les voitures « dans leur jus » n'était pas une philosophie mais la conséquence d'un manque de temps...
Christian Fournier, en homme passionné, commentait la visite avec une verve toute particulière et détails ou anecdotes foisonnaient. Toutes les voitures étaient munies d'un panneau explicatif sur lequel figurait une petite phrase pleine d'humour ou de bon sens sur l'esprit du modèle. On se régalait des « chaque coup de frein laisse un peu de caoutchouc sur la route, rappelez-vous que vous roulez sur votre portefeuille » ou, encore, « vengeance de frein casse les reins ». Rien n'a changé !
Je n’ai malheureusement jamais eu l’occasion de visiter ce musée. Les rares photos sont issues du livre “Musée automobiles de France” :
Mais, subissant le sort de nombreux musées automobiles, ce musée a lui aussi fermé ses portes en 2005 !
La région Grand-Est est néanmoins un peu moins sinistrée quant à la fermeture des musées automobiles ! Seuls le musée des Vieux Tacots aux Riceys (10) a disparu !
Il reste donc encore 6 musées ouverts au public : le Musée automobile de la Commanderie à Viapres-le-Petit (10), le Musée automobile de Reims-Champagne (51), le Domaine de l’automobile de Lorraine à Velaine-en-Haye (54), le Conservatoire automobile Léon-Joseph Madeline à Créhange (57), le Musée de la 2 CV à Troisfontaines (57), et bien sûr la célébrissime Cité de l'Automobile à Mulhouse (68) !
Ainsi se termine ces articles sur les musées automobiles qui ont disparu du paysage français. Espérons quelle n’aura pas besoin de renaître, ce qui signifierait que d’autres musées fermeraient…
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