Depuis les festivités des 500 ans du Havre en 2017, on retrouve chaque année une nouvelle programmation d’”Un été au Havre”.
Du 11 juillet au 4 octobre 2020, en plus des douze installations pérennes à revoir, six nouvelles œuvres sont à découvrir dans le centre ville.
- H20=$ : phrase énigmatique qui flotte à la surface du bassin du commerce, qui peut être vue en surplomb depuis la passerelle François Le Chevallier.
Cette installation au croisement de la matière, de l’espace et du langage est proposée par Alice Baude, diplômée d’un Master de Création Littéraire et engagée dans les recherches entre l’art et l’environnement. Elle a imaginé une installation qui livre sa lecture de la pellicule de l’eau. Pour Alice Baude : « Quel espace plus poétique que la pellicule de l'eau pour y glisser des mots ? On y lit le miroir, la surface des infinités. On y lit en miroir que nous avons le liquide pour seul réel. Le liquide, les liquides. Nous avons l'eau qui nous compose. Nous avons l'argent qui nous obsède. C'est le liquide du Bassin du Commerce. Texte flottant, intermédiaire, à fleur d'eau. Ce sont les transactions financières qui nous dépassent, des chiffres dans des ondes. C'est l'eau, que nous sommes à 60 %, et qui tend à manquer. Ces mots visent à ouvrir des enjeux en argent, pour ne pas dire en or bleu. »
- Monsieur Goéland : situé sur la place du Vieux Marché, cette créature hybride, à la tête de goéland et au corps d’homme, est une sculpture de l’artiste Stephan Balkenhol.
Cette nouvelle œuvre agrandit la famille des personnages déjà présents sur les façades des immeubles alentours. L'artiste représente fréquemment des croisements entre les espèces vivantes. Cette fascination humaine pour la mutation animale apparaît au travers des formes d'art et de récits les plus récentes jusqu'aux mythes les plus anciens : ce sont les métamorphoses racontées par la Grèce Antique, les divinités à têtes d'animaux célébrées par l'Egypte Ancienne.
Cet homme-goéland serait quant à lui plutôt issu d'un mythe moderne. Un contraste s'observe entre cette tête à plumes et à bec, et le corps dont elle surgit, à la posture bien humaine, mains dans les poches. Grâce à ses vêtements, l'animal endosse le rôle d'une personne civilisée. On pourrait y voir une opposition entre bestialité et monde cultivé, ou bien au contraire, une affirmation de notre appartenance au monde animal : sous nos déguisements, nous sommes toujours des animaux.
En choisissant de représenter un oiseau bien connu des Havrais et des Havraises, Stephan Balkenhol invente un spécimen à l'image de cette ville portuaire et met en lumière le rapport étroit que nous entretenons avec ce voisin ailé. Hissé sur son perchoir, Monsieur Goéland semble prendre de la hauteur pour rechercher la présence de la mer.
- L’endroit et l’envers : située sur la façade sud de l’hôtel de ville, cette installation monumentale est due à Rainer Gross.
L'Hôtel de Ville du Havre, imaginé par l'Atelier Perret et Jacques Tournant, est un bâtiment majeur de la Reconstruction. Il surplombe, du haut de ses 72 mètres, une place en soubassement qui a conservé son niveau d'avant-guerre. De ce sol vestige jaillit un tracé, qui s'élève et arpente la façade de l'Hôtel de Ville, avant de retrouver la terre. La ligne, noire et irrégulière, joue entre les colonnes de l'édifice, s'amenuise, s'épaissit, se courbe et se tend, à la manière d'un travail de calligraphie. Sinueuse et légère, elle apparaît en contraste avec les lignes bien droites et la lourdeur minérale de cette architecture conçue pour durer dans le temps.
Cette œuvre évoque la sensation d'envol et de chute que l’on ressent en observant le mouvement dynamique de cette onde sombre. Elle fait aussi ressurgir l'histoire sous-jacente de l'Hôtel de Ville et de sa place, sa partie invisible : ce flux déterre les mémoires qui se trouvaient sous nos pieds. C'est en même temps une énergie déployée, qui bouscule ce lieu ; une invitation à reconsidérer la permanence des choses qui nous entourent, et à remarquer la vigueur poussant l'humain à reconstruire sans cesse sur les débris du passé.
Les lattes de peuplier souples qui composent cette création se retrouvent dans toutes les installations de Rainer Gross sur des constructions humaines chargées d'histoires : jardins, châteaux, édifices religieux...
- La caravane dans le ciel : cette installation de Benedetto Bufalino se situe sur le parking de la plage.
Il s'agit d'une petite caravane blanche, décorée d'une bande bleue ; une caravane ordinaire, que l'on a vu passer sur les routes, tirée par toutes sortes d'automobilistes en quête de voyages. Mais cette caravane, à laquelle nous n'aurions pas forcément prêté attention, prend un élan incongru pour atteindre le ciel, et culminer à près de 10 mètres.
C'est sur le parking de la plage du Havre, au milieu d'un ballet incessant de véhicules à moteurs, que se produit cette ascension surprenante. La visiteur qui attend sa glace ou arpente la promenade se trouve interpellé par cette situation peu banale : une sorte de caravane augmentée, qui en plus d'offrir tout le confort à son occupant, lui permettrait de profiter du panorama en poussant un levier. De quoi concurrencer une villa balnéaire avec vue mer, sans même bouger du parking.
Il est rare de ressentir de la surprise ou de l'amusement, sur des parcours quotidiens, ponctués de signes et d'objets que l'on ne voit même plus : voiture, camion, panneau de signalisation... Un répertoire de formes du commun, dans lequel pioche (lartiste Benedetto Bufalino, pour concevoir des installations prenant place en grande partie dans l'espace public. Ces dispositifs détournent les usages d'objets fonctionnels, les ré-assemblent avec légèreté et dérision ; ils suggèrent d'autres manières de considérer et d'habiter les lieux partagés, qui deviennent propices au décalage, à l'inattendu, ou à la rencontre.
- A l’origine : haute de près de 6 mètres et située sur le toit du palais des Régates à Sainte-Adresse, cette œuvre de Fabien Mérelle n’est pas vraiment nouvelle puisqu’elle était déjà présente à un autre endroit, sur la digue Augustin Normand au Havre, en 2018.
Un homme pris dans un combat ordinaire, contre lui-même, est symbolisé par un homme portant un pachyderme sur ses épaules.
Et toujours : Impact (2017), Catène de containers (2017), Jardins fantômes (2017), Parabole (2017), Couleurs sur la plage (2017), les gouzous de Jace (2017), Le temps suspendu (2017), Étant donné un mur (2017), UP#3 (2018), Apparitions (2019), Sisyphus Casemate (2019), la Sprite (2019)
Carène de containers (2019) - Jardins fantômes (2017)
Parabole (2017) – Couleurs sur la plage (2017)
Apparitions (2019) – Sisyphus Casemate (2019)
Textes issus des bornes explicatives ou du dépliant
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