Compiègne, peuplée d’environ 39500 Compiègnois, nichée dans la vallée de l’Oise entre la forêt de Laigne et la forêt de Compiègne où furent signés deux armistices (11/11/1918 et 22/06/1940), fut résidence royale avant d’être le témoin des réceptions fastueuses du Second Empire.
LE PALAIS DE COMPIÈGNE
Adresse : Palais de Compiègne, Place du Général de Gaulle, 60200 – Compiègne
Horaires : 10h00 à 18h00 sauf mardi, 01/01, 01/05, 25/12
Tarif : 7,50 € (gratuit le 1er dimanche de chaque mois)
Site Web : http://palaisdecompiegne.fr/
Vu de la place, c'est, paradoxalement, un « château Louis XV presque totalement élevé de 1751 à 1789 ». Le palais, qui couvre un vaste triangle de plus de 2 ha, est d'une sévérité classique, d'ordonnance régulière. Son fronton porté par d'imposantes colonnes ioniques donne une certaine majesté à sa rigoureuse façade. Mais la décoration intérieure (tapisseries, ameublement du XVIIIème siècle et du Premier Empire) mérite une visite approfondie. Construit en 1867 à la demande de Napoléon III, le théâtre, dont les travaux furent interrompus en 1870, ouvrit ses portes en 1991.
Appartements historiques
- Salles d’apparat
Après les salles d'attente, on passe au pied de l’escalier d'Apollon (ancien Grand Degré de la Reine) pour gagner la galerie des Colonnes. Elle précède l’escalier d’honneur (1) avec sa belle rampe en fer forgé du XVIIIème siècle. Au 1er étage : salle des Gardes du roi (2), l'antichambre ou salon des Huissiers (3) qui fait suite commandait l'accès à l'appartement du Roi (à gauche) et de la Reine (à droite).
escalier d’Apollon – galerie des colonnes
- Appartements du Roi et des Empereurs
Salle à manger de l'Empereur (4) : Décor et mobilier Premier Empire. Murs en faux marbre et faux onyx, portes surmontées de grisailles peintes par Sauvage, à qui l'on doit aussi le grand trompe-l'œil figurant Anacréon. Le 1er mai 1814, Louis XVIII reçut ici le tsar Alexandre, qui hésitait à replacer les Bourbons sur le trône de France. Sous le Second Empire, le théâtre intime y était dressé, et les familiers de l'impératrice y jouaient revues et charades.
Salon des Cartes (5) : Antichambre des Nobles sous Louis XVI, puis salon des Grands Officiers sous Napoléon Ier, cette pièce fut désignée comme salon des Aides de camp ou salon des Cartes sous Napoléon III. Mobilier du Premier Empire (chaises couvertes de tapisseries de Beauvais) et du Second Empire, jeux (palet, billard japonais).
Salon de Réception (6) : Ancienne chambre à coucher de Louis XVI. Vue sur le parc, tout au long de la perspective des Beaux Monts. Le mobilier rappelle le penchant de l'impératrice Eugénie pour les mélanges de styles : fauteuils Louis XV, sièges de fantaisie à deux places (« confidents ») et à trois places (« indiscrets »).
Cabinet du Conseil ( 7) : Avec Versailles et Fontainebleau, Compiègne était le troisième château où le roi tenait conseil. Les représentants de la République de Gênes et de la France y signèrent deux traités (1756 et 1764) accordant aux troupes françaises le droit de tenir garnison dans les places maritimes de la Corse. Une tapisserie montre le passage du Rhin par Louis XIV.
Chambre de l'Empereur (8) : Celle-ci a été restituée telle qu'elle était sous le Premier Empire. Frise représentant des aigles et mobilier de Jacob-Desmalter.
Bibliothèque de l’Empereur (9) : Cette pièce a été aménagée en bibliothèque sous le Premier Empire. La bibliothèque, le bureau mécanique et le mobilier proviennent de l'atelier de Jacob-Desmalter. Au plafond, Minerve entre Apollon et Mercure de Girodet. Une porte cachée par de faux livres donnait accès à l'appartement de l'Impératrice.
- Appartements de l’Impératrice
Le premier appartement de la Reine est le seul dans lequel Marie-Antoinette séjourna.
Salon de Déjeun (10) : Ravissant salon installé pour Marie-Louise, tendu de soieries bleu clair et jonquille.
Salon de Musique (11) : L'une des pièces préférées de l'impératrice Eugénie. Mobilier de l'appartement de Marie-Antoinette à Saint-Cloud. L'impératrice Eugénie entretenait le souvenir de l'infortunée reine.
Chambre de l'Impératrice (12) : Lit à baldaquin, rideaux de soie blanche et de mousseline brodée d'or. Peintures de Girodet (Les Saisons et L'Étoile du matin). Le boudoir rond, ouvert sur la chambre, servait de salle d'atours et de bains.
Grand Salon ou Salon des Dames d’Honneur (13) : on a disposé les sièges « à l'étiquette » autour d'un canapé.
Salon des Fleurs (14) : il doit son nom aux panneaux peints de liliacées, d'après Redouté.
Salon bleu (15) : contraste entre le bleu des murs et des sièges et les marbres rouges de la cheminée et des consoles. À la fin du Second Empire, c'était le domaine du prince impérial.
Salle à manger de l'Impératrice (16) : Dimensions modestes, murs revêtus de stuc imitant le marbre. C'est ici que se déroula le premier repas de l'archiduchesse Marie-Louise en compagnie de l'Empereur.
- Salles d’apparat (suite)
Galerie des Chasses (17) : Tentures tissées aux Gobelins dès 1735 d'après les cartons d'Oudry. L'une des tapisseries représente une chasse au bord de l'Oise avec les silhouettes de Compiègne et de l'ancienne abbaye de Royallieu. La série continue dans la galerie des Cerfs (18), salle des Gardes de la reine, puis de l'impératrice.
Galerie de Bal (19) : Construite pour l'arrivée de Marie-Louise, deux étages de petits appartements ont déjà été éventrés. Les peintures du plafond glorifient les victoires de l'Empereur. En bout de salle, scènes mythologiques dues à Girodet. Sous le Second Empire, la galerie servit de salle à manger lors des « séries ».
Salon des Revues : Créé sous l’Empire comme la Galerie de Bal, la pièce sert d’antichambre à la Galerie de Bal et donne accès à la Galerie Natoire et à l’antichapelle.
Galerie Natoire et salle Coypel : Édifiées sous Napoléon III pour mener au théâtre (inachevé). Leur décoration évoque l'histoire de Don Quichotte, cartons de tapisseries de Natoire (1700-1777).
Chapelle (20) : La grande chapelle prévue n'ayant jamais été construite, celle-ci (œuvre du Premier Empire) est étonnamment petite pour un si vaste château. Ici eut lieu le 9 août 1832, dans l'émotion d'une famille très unie, le mariage de la princesse Louise-Marie, fille aînée de Louis-Philippe, avec Léopold Ier, roi des Belges. La princesse Marie d'Orléans, deuxième fille du roi des Français, donna le dessin du vitrail.
L’appartement double de prince et l’appartement du Roi de Rome (21) n’étaient pas visitables.
Les musées (fermés)
Les pourtant fort intéressants “musée de la voiture et du tourisme” qui expose la légendaire “Jamais-Contente” et “musée du second Empire” étaient fermés le jour de notre visite !
Le petit parc
L'Empereur avait donné la consigne de « lier, le plus tôt possible, le château avec la forêt, qui est le véritable jardin et qui constitue tout l'agrément de cette résidence ». Le mur de clôture qui fermait la perspective fut donc abattu et remplacé par une grille. Au-delà, la trouée des Beaux Monts trace une perspective de 4 km. Afin d'accéder à la forêt sans passer par la ville, Napoléon Ier fit aménager une rampe entre la terrasse et le parc.
le palais – hêtre pourpre de Napoléon III – kiosque
L’avenue des Beaux-Monts
L'avenue des Beaux-Monts longue de 4 kilomètres et large de 60 mètres, prolonge le Petit Parc et la vue depuis le château. Elle est ouverte en 1810 par Napoléon Ier pour rappeler la perspective du château de Schönbrunn à l'archiduchesse d'Autriche Marie-Louise. Elle est terminée deux ans après la mort de l'empereur, en 1823.
COMPIÈGNE
Musée de la figurine historique
Adresse : Musée de la Figurine Historique, 28 place de l’Hôtel de Ville, 60200 Compiègne
Horaires : du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14h à 18h30, fermé 01/01, 01/05, 14/07, 01/11 et 25/12
Tarif : 3 € (gratuit chômeurs et premier dimanche de chaque mois)
Site Web : http://www.musee-figurine.fr/
Le musée présente 100 000 figurines en étain, plomb, bois, plastique et carton (je ne les ai cependant pas comptées !). Les dioramas mettent en scène défilés, batailles et pans de vie. Ils offrent une bonne rétrospective de l'évolution du costume (Les Rois et reines de France depuis Mérovée). Ils évoquent différents faits historiques, insistant sur les événements liés à Compiègne : Jeanne d'Arc, chasses royales, l'armée française défilant devant le tsar de Russie et le président Emile Loubet (La Revue des troupes françaises à Bétheny, 1901 – 12000 pièces). On y voit aussi les guerres napoléoniennes (La Bataille de Waterloo) et le conflit de 1914-1918.
la préhistoire – la guerre de Troie – l’Egypte ancienne
guerre de succession d’Espagne – maison militaire du roi – mariage du duc de Bavière
palais de Compiègne – chasse à courre en forêt de Compiègne – arrivée de la diligence
grandes figures de la Révolution – prise de la Bastille – grands personnages de l’histoire de France
Napoléon – Waterloo – métiers à la belle époque
wagon de l’Armistice – véhicules militaires – pièces de marine
la 2ème DB du Général Leclerc – bataille de Lorraine – les rois de France
Hôtel de ville
Édifice de style gothique finissant, bâti sous Louis XII et restauré au XIXème siècle. En façade, de part et d'autre de la statue équestre de Louis XII (de gauche à droite), on voit saint Denis, Louis IX, Charles le Chauve, Jeanne d'Arc, le cardinal Pierre d'Ailly, né à Compiègne, et Charlemagne. Le beffroi, à deux étages, abrite la Bancloque, une cloche de 1303. Sous la flèche d'ardoises flanquée de quatre clochetons, les Picantins rythment les heures.
Eglise Saint-Jacques
Sa tour du XVème siècle est la plus haute de la ville. C'est l'ancienne paroisse du roi et de la cour d'où les dépenses faites au XVIIIème siècle pour habiller le chœur de marbre et gainer de boiseries les bases des piliers de la nef. Le chœur et le transept du XIIIème siècle, bien que doublés par un déambulatoire du XVIème, conservent l'harmonie du gothique au temps de Saint Louis. Dans le croisillon gauche, Notre-Dame aux pieds d'argent du XIIIème siècle fait l'objet d'une grande vénération. Chapelle du bas-côté gauche : statues en bois polychrome du XVème siècle.
La Vieille Cassine
Jolie maison du XVème siècle à pans de bois, où vivaient les maîtres du Pont, pilotes de batellerie.
Tour de Beauregard
À l'emplacement du palais de Charles le Chauve, le donjon royal ou « tour du Gouverneur », effondré mais toujours impressionnant, est un témoin de la funeste sortie de Jeanne d'Arc par le vieux pont Saint-Louis, le 23 mai 1430. C'est ici qu'elle prononça sa célèbre phrase : « Puisque Dieu aydera ceux de Compiègne, j'y veux être. »
Parc Songeons
II entoure l'hôtel de Songeons-Bicquilley, une agréable demeure du XVIIIème siècle qui abrite aujourd'hui le musée Antoine-Vivenel (non visité). En se promenant dans le parc, on peut découvrir quelques arcades du cloître de l'ancien couvent des Jacobins, un jardin de senteurs et une belle vue sur l'Oise.
hôtel de Songeons-Bicquilley – arcades – vue sur l’Oise haut !
Hôtel des Gourneaux
Edifié au XVème siècle, il accueillait jadis le gouverneur de la ville. En face, une imposante bâtisse évoque le renouveau médiéval et le gothique troubadour, en vogue à la fin du XIXème et au début du XXème siècle à Compiègne. Bien que la maison soit de briques et charpentée de colombages à l'ancienne, les arcades qui la soutiennent, en béton, trahissent une construction assez récente.
Restes de l'abbaye Saint-Corneille
Fondée par Charles-le-Chauve, où furent consacrés quatre rois aux IXème et Xème siècles.
CLAIRIÈRE DE L’ARMISTICE
Cette clairière est aménagée sur l'épi de voies, construit pour l'évolution de pièces d'artillerie de gros calibre, qu'empruntèrent le train du maréchal Foch, commandant en chef des forces alliées, et celui des plénipotentiaires allemands. Les voies étaient greffées sur la ligne Compiègne-Soissons à partir de la gare de Rethondes. Des rails et des dalles marquent l'emplacement des rames. En 1918, l'endroit n'était pas clairsemé comme aujourd'hui, repérage de l'ennemi oblige, mais plutôt constitué d'une haute futaie.
Le train particulier du maréchal Foch arrive le 7 novembre 1918, et celui des négociateurs allemands, partis de Tergnier, le lendemain matin. À 9h, ils sont reçus dans le wagon-bureau de Foch. Les Allemands prennent place. Le général Weygand, chef d'état-major, va chercher le maréchal, qui arrive et salue. Weygand donne alors lecture des conditions, une heure durant. Tous l'écoutent sans mot dire...
Trois jours sont accordés pour l'examen des propositions. Le général von Winterfeldt, seul militaire de la délégation allemande, sollicite une suspension des hostilités pendant l'étude du projet d'armistice. Foch la refuse. Le 10 au soir, un message radiophonique allemand autorise les plénipotentiaires à signer l'armistice. Vers 2h du matin, les Allemands reprennent place dans le wagon. À 5h15, la convention est signée; elle prend effet à 11 h.
22 ans plus tard, le 14 juin 1940, l'armée allemande entre dans Paris. La clairière est le théâtre d'un nouvel armistice, celui du 21 juin, triste parodie du précédent. Hitler reçoit la délégation française dans le même wagon, replacé dans sa position de 1918. Les représentants du haut commandement allemand transmettent à leurs interlocuteurs le document arrêté par le vainqueur de la bataille. La convention d'armistice est signée le 22 juin.
La dalle centrale édifiée en 1922 porte l’inscription “Ici le 11 novembre 1918 succomba le criminel orgueil de l’empire allemand vaincu par les peuples libres qu’il prétendait asservir.
La statue du Maréchal Foch construite en 1937 sera le seul monument épargné par Hitler lors du démontage et la destruction de la clairière.
Le monument des Alsaciens Lorrains a été construit en 1922 grâce à une souscription lancée par le journal “Le Matin”.
statue du Maréchal Foch – dalle centrale – monument des Alsaciens Lorrains
Wagon du maréchal Foch
Adresse : musée de l’Armistice, route de Soissons, 60200 CompiègneHoraires : du 15 septembre à avril : 10h à 17h30 sauf mardi, d'avril au 15 Septembre : tous les jours de 10h à 18h, fermé le 11 novembre
Tarif : 5 €
Site Web : http://www.musee-armistice-14-18.fr/#
En 1921, le wagon fut exposé dans la cour de l'hôtel des Invalides à Paris. En 1927, on l'installe à Compiègne, dans un abri construit dans la clairière. Transporté à Berlin comme trophée en 1940, il est détruit en forêt de Thuringe, en avril 1945... et remplacé, en 1950, par une voiture d'une série voisine. L'intérieur est reconstitué comme en 1918 : emplacement des plénipotentiaires, objets utilisés par les délégués... Une salle est consacrée aux deux armistices : cartes du front, photos, journaux. Quelques stéréoscopes montrent en trois dimensions de saisissants clichés de la Grande Guerre.
Pas de photos, celles-ci étant interdites dans le musée !
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