La gourmandise est un vilain défaut qui peut jouer bien des tours...
Le Père Noël va l'appendre à ses dépens dans le château de Boule de gomme, comte de la Sucrerie.
Comment se sortira-t-il du piège dans lequel il est tombé ? Découvrez-le en suivant les aventures des lutins partis à sa recherche.
De quoi perdre définitivement l'envie de manger du sucre !
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La neige qui tombe sur le château est si dense que Boule de gomme, comte de la Sucrerie, doit reposer son télescope.
« Je ne vois même plus la lune, dit-il, et je finis par avoir des visions !
- Des visions, monsieur le comte ? demande Gabin son majordome.
- Figure-toi que j’ai cru apercevoir dans le ciel un traîneau tiré par des rennes !
- Ah ça en effet, monsieur le comte, c'est une vision ! Père Noël ne viendra qu'à la fin du mois !
- Alors filons plutôt aux cuisines boire un bon chocolat chaud à sa santé ! »
Au pays des lutins, on prépare les cadeaux, on vérifie les listes de jouets on s'assure que les adresses sont bonnes. C'est toute une organisation Pourtant le cœur n'y est plus...
« Je suis inquiet, dit Bélégol, le grand lutin Père Noël est absent depuis plus de trois jours I
- Tu as raison, confirme Yalgon, le traîneau n'est plus là.
- Qui l'a vu pour la dernière fois ?
- Moi ! répond Doc-yol je lui ai demandé de ne plus manger les sucreries et tous les bonbons qu'il aime tant. Il a tellement grossi que, l'année dernière, il avait du mal à passer dans les cheminées..
- En attendant, on a l'air malins, nous les lutins, sans Papa Noël pour préparer les jouets... ", déplora Bélégol.
Heureusement, les lutins sont des petits êtres pleins de malice.
Loin de se démoraliser, ils décident d'attraper une étoile filante au lasso...
« Bonjour ma bonne étoile, dit Bélégol, toi qui voyages dans les mondes et les univers, aurais-tu aperçu le Père Noël ?
- De Père Noël je n'ai rien vu assurément, dit-elle avec l'accent filant, mais sûrement traîneau et rennes ai-je vus...
- Prouve-le ! tonne un tout petit lutin effronté.
- Mes amis, dit l'étoile, afin de dissiper vos doutes permettez-moi de vous emmener voir vous-même. »
Les lutins acceptent avec empressement cette proposition inespérée.
« Une condition cependant, précise l'étoile, que ce jeune lutin me présente ses excuses avant de partir ! Ce n'est pas une façon de parler à une étoile de ma qualité qui sillonne le ciel depuis des millénaires.»
Le petit lutin, tout penaud, s'excuse sous le regard sévère de Bélégol qui lui murmure :
« C'est aussi ça le respect ! »
Boule de gomme observe le défilé incessant des carrosses dans la cour du château. Comme choque année, il a invité à son bal costumé les petits Pères Noël qui animent les marchés de la province.
« Tiens, dit-il à Gabin le majordome, voici celui de Cadoville...
- Et alors, monsieur le comte ?
- Ils font des gros travaux dans cette ville. Ils ont, m'a-t-on dit, décidé de réaliser un carrosse sur rail qu'ils appellent le tramouai.
- C'est pour ça qu'il est si sale, ajoute Gabin en le voyant s'ébrouer dans un nuage de poussière, et qu'est cette chose qu'il dépose sur le rebord de la fenêtre ?
- Suffit Gabin, dit le comte, c'est moi qui leur demande d'apporter une carotte pour les rennes du Père Noël. »
Sur ces mots, trois détonations retentissent. Pim I Pam ! Poum I
« Ah... Le feu d'artifice, j'espère qu'ils vont aimer ...s'exclame le comte.
Le reflet des explosions multicolores sur les jardins givrés est merveilleux. C'est un ballet ininterrompu de chandelles, de comètes, de volcans.
« Bien, dit Bèlêgol en déployant un plan du château récupéré dons l'atelier du Père Noël, il faut faire vite. Nous n'avons que quelques heures pour retrouver Papa Noël. Profitons de cette fête pour nous glisser parmi les invités et explorer le château. Yalgon aux cuisines, Notrok dans la salle d'armes, Volgrim chez la fée Nougatine, Eldarig dans l'écurie, et les autres dans la grande salle de bal ! Quant à toi, ajoute-t-il en désignant le tout petit lutin, maintenant que tu as vu le traîneau sur le toit, vas-y et attends-nous !»
Une bonne odeur de caramel, de cannelle et de fruits confits s'échappe des cuisines.
Les pâtissiers confectionnent les gâteaux au milieu des fourneaux.
Yalgon se dit qu'il a de la chance, s'il y a un endroit où trouver le Père Noël c'est bien ici au milieu de toutes ces sucreries. « Que fais-tu ici ? lui demande un gros cuisinier à la longue barbe blanche.
- C'est lui, c'est lui, se dit le lutin. Père Noël, je vous ai reconnu ! Suivez-moi sans discuter sinon j'appelle du renfort...., commande-t-il.
- Mais quel est cet imbécile ? » crie le cuisinier et, saisissant Yalgon, il le roule dans la farine avant de le jeter hors de la cuisine d'un incroyable coup de pied au derrière.
Pendant ce temps. Notrok pénètre dans la salle d'armes par une petite lucarne. échappant ainsi à la surveillance de deux
molosses à la porte. Le lieu est sinistre...
Une rangée de chevaliers en armure le regarde fixement. L'un tient une hache, l'autre une épée monstrueuse... Il y a de très vieilles armures recouvertes de toiles d'araignée, des boucliers, des lances, des poignards et une ribambelle d'armes qu'il ne connaît pas.
La salle est éclairée par des flambeaux qui projettent des ombres inquiétantes...
« Brrr !!! se dit Notrok, quelle idée de m'envoyer ici. »
Au même moment, une grosse araignée, surgissant du heaume d'une armure, l'apostrophe :
« Tu as tort de venir ici petit Schtroumpf !
- Je ne suis pas un Schtroumpf !
- Pourtant tu es bien bleu », continue l'araignée en sautant sur le bonnet du lutin qui, surpris, recule d'un coup et fait tomber l'armure sur sa tête.
Les molosses, alertés par le bruit, se jettent sur lui et tentent de le saisir. Mais le lutin abandonne le maudit casque et réussit à s'échapper par la lucarne.
Loin de tout ce vacarme, Volgrim discute tranquillement avec la fée Nougatine.
« Belle fée, maintenant que tu connais mon problème, que proposes-tu ?
- La boule de cristal n'a rien donné, les cartes non plus, pas plus que mes méthodes divinatoires... Je n'arrive pas à localiser le Père Noël dans le château ! À moins que...
- Quoi ? insiste Volgrim.
- Je peux te changer en papillon pour pouvoir voler partout... »
Volgrim est immédiatement transformé et personne dans le château ne le voit butiner à droite, à gauche.,. à la recherche du Père Noël.
Dans les écuries du château, Eldarig, lui, est en mauvaise posture. Réglisse, le cheval du comte, refuse que quiconque pénètre dans son box sans autorisation ! C'est qu'il a un rang à tenir quand même ! Il rue et se cabre. Mais Eldarig sort un sucre de sa poche.
« Un su-sucre pour Réglisse, que bueno ! ». propose-t-il.
Réglisse qui adore le sucre, comme tous les chevaux, ne se tait pas prier pour l'avaler.
Malheureusement pour le lutin, ce qu'il a pris pour du sucre est une petite gomme blanche. Horrible méprise I
Fou de rage. Réglisse le saisit entre ses dents, le secoue dans tous les sens et l'expédie d'une bonne ruade sur le toit du
château.
« Bah en voilà une façon de me rejoindre ». rigole le tout petit lutin posté près du traîneau.
Pour tout commentaire. Eldarig lui retourne une bonne claque.
« Ouhhh ! je ne dirai plus rien ». pleurniche le lutin.
Dans la grande salle du château, ça danse, ça tourne, ça virevolte... Au balcon, l'orchestre se donne à fond pour plaire aux invités du comte. En salle, les serveurs offrent les fameux caramels au beurre salé de Quiberon, le négus et les nougatines de Nevers, les vérités de Lapalisse, les bergamotes de Nancy, les nougats de Fouque, les forestines de Bourges, les mandarins de Bochard et beaucoup d'autres merveilleuses douceurs choisies par le comte de la Sucrerie.
« Bien, dit Bélégol à sa petite troupe. Ici c'est simple, il suffit de tirer les fausses barbes de tous ces gros bonshommes. La seule qui ne bougera pas sera celle de Père Noël ! »
Dès lors débute une scène de grand comique... où l'on voit les petits lutins sauter pour attraper les barbes, se faire la courte échelle, courir au milieu des danseurs. Tout ce désordre finit par attirer l'attention de Gabin le majordome qui. comprenant que ces petits farceurs ne sont pas Invités, ordonne leur expulsion immédiate. Aussitôt dit, aussitôt fait à coups de balai par trois dogues du service d'ordre et sous les applaudissements des invités.
Mais cette scène n'a pas échappé à Volgrim qui, rappelons-le, est devenu papillon grâce au philtre magique de la fée Nougatine.
« Bon, se dit-il, résumons-nous. Père Noël n'est pas au bal, pas en cuisine, ni aux écuries, encore moins dans la salle d'armes... Il me reste à explorer les sous-sols. »
Ainsi, à peine entré dans les souterrains du château, Volgrirn entend de sourds gémissements.
Prenant son courage à deux ailes, le lutin-papillon descend le long boyau d'où semblent provenir les murmures.
» Père Noël dit-il en se posant sur l'épaule du brave homme, c'est Volgrim !
- Volgrim ? » murmure le Père Noël.
Très affaibli, ce dernier raconte à Volgrim toute l'histoire : il s'était rendu au château afin de satisfaire sa gourmandise. Mais, au moment de pénétrer dans la cabane à sucre du château, il tomba dans une oubliette - piège que le comte construisit pour décourager tous les gourmands...
« Le problème, ajoute le Père Noël, c'est que, dans le noir de cette oubliette, je ne peux plus utiliser mes pouvoirs magiques... »
« Ça lui a fait du bien ce petit séjour, il est plus léger que d'habitude, plaisante un des lutins en tirant sur la corde pour remonter le Père Noël de son trou.
- Une bonne diète ! Voilà, ça lui aura servi de leçon», répond un autre.
Les lutins, maintenant accompagnés du Père Noël enfin libéré, rejoignent le traîneau sur le toit.
« La gourmandise est un vilain défaut ! dit le petit lutin en regardant le Père Noël qui baisse les yeux tout confus.
- Ce n’est pas tout ça, se lamente Volgrim toujours accroché sur l'épaule du vieil homme, je ne vais quand même pas papillonner toute ma vie...
- Alors là, dit le Père Noël, maintenant que j'ai retrouvé tous mes pouvoirs, je pense pouvoir faire quelque chose pour toi ! »
Et, tout en murmurant sa formule magique, il serre fortement dans sa poche un gros bonbon qu'il a subtilisé dans le château...
Sacré Père Noël !
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