Organisée de 1989 à 2003, l’exposition-concours de voitures de collection Louis Vuitton Classic qui avait lieu dans les jardins de Bagatelle à Paris (puis au Parc de Saint-Cloud en 2003), était à mon avis la plus intéressante des manifestations de voitures de collection. Elle permettait d’admirer chaque année autour d'un thème différent des automobiles prestigieuses uniques que l’on n’aura jamais l’occasion de voir ailleurs.
Cet évènement, qui avait un certain cachet, était accessible à tous les visiteurs du parc amateurs d'automobiles moyennant un droit d'entrée supplémentaire de 70 francs, soit environ 11 Euros.
Les célébrités, comme Hugues Auffray, Virginie Ledoyen (que j’y avais croisés), Stéphane Audran, Johnny Hallyday, etc., ne boudaient pas non plus l'évènement.
Malheureusement, peut-être suite à la disparition de l'Association des Amis de Bagatelle qui contribuait à l'organisation de l'évènement, la Louis Vuitton Classic a cessé de se dérouler à Bagatelle. En 2003 cette manifestation s'est déroulée au parc de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) et en 2004 en Grande-Bretagne. En 2005, le célèbre bagagiste a annoncé une refonte du concept de l'évènement : la Louis Vuitton Classic récompensera dorénavant une voiture choisie parmi celles qui ont déjà gagné un des grands concours d'élégance automobile.
Je n’ai pas visité toutes ces expositions (celles en italique), mais j’ai gardé de bons souvenirs des magnifiques automobiles prestigieuses que j’y ai vues, photographiées et filmées lors de mes visites :
9 et 10 septembre 1989
“Comment ne pas se souvenir des moments libertins de Bagatelle en regardant se déplacer la mauve et sensuelle Delahaye carrossée par De Villars ? N'était-elle pas profilée pour emporter vers la Riviera d'improbables adultères ? Et la rarissime Alfa Romeo 8C 2300 carrossée en Coupé-Spyder par Touring pour le concours de la villa d'Esté 1932 : derrière ses lucarnes obscures, on croit apercevoir la troublante silhouette de la princesse Soldatenkov qui pilotait la voiture cette année-là. L'automobile est un moyen de transport. Le nouveau parrain de l'exposition, Louis Vuitton, le signifie sur un autre registre : des malles anciennes, emplies de rêves, d'aventures et de folies évoquent le voyage, tandis que les saynètes et les tableaux rassemblés par le malletier associent la femme et l'automobile à travers l'art de vivre d'autrefois. Sur le parterre, devant le Trianon, sont parsemées quelques pièces sublimes nées de la collaboration entre Ferrari et le carrossier Pininfarina. Pour clore la manifestation, la Delahaye 135 MS habillée par De Villars, devenue chaste, défilera devant les belles italiennes.”
Alfa Romeo 8C 2300 coupé-spyder 1932 par Tourin – Alfa Romeo 8C 2900 A
Duesenberg Model J 1929 carrossée par Kellner
une des 12 Delahaye 135 à carrosserie carénée par Figoni & Falaschi 1936 – Ferrari 212 Interpar Vignale
9 septembre 1990
“C'est l'année de tous les superlatifs ! Les six Bugatti dites Royales sont exceptionnellement réunies devant le Trianon : un événement que seul le concours Pebble Beach avait su provoquer auparavant. Ces automobiles, maintenant dispersées à travers le monde, représentent le paroxysme de la démesure. La mythologie de ce vaisseau de parade s'est développée autour de son échec monumental. Ettore Bugatti voulait offrir aux grands de ce monde la voiture la plus longue, la plus chère, la plus puissante qui soit... Finalement, elle ne sera que la plus inopportune ! Sortie au lendemain de la crise de 1929, la Bugatti Royale ne rencontra que six amateurs ! Ses proportions extravagantes offrirent une base d'égarements démesurée aux stylistes consultés. Onze dessins différents furent réalisés pour habiller les six châssis, deux des Royale ayant été recarrossées au cours de leur existence. Le jury récompense une autre diva de l'histoire de l'automobile : la Ferrari 330 P4 qui fut championne du monde en 1967 et qui est considérée comme l'une des machines de compétition les plus désirables de tous les temps.”
Thème : les Bugatti Royales
Ce fut sans doute la plus belle exposition que je ne verrais jamais avec la présence des 6 Bugatti Royales !
La Bugatti 41 dite Bugatti Royale était la voiture la plus luxueuse de la marque, réservée de par son prix aux monarques et à l'élite, elle coûtait 660 000 francs d'époque, soit environ 6 fois plus qu'une Rolls-Royce ! Ettore Bugatti avait prévu de produire 25 voitures et de les vendre à l'aristocratie. Mais l'aristocratie européenne ne put acheter un tel véhicule, subissant des difficultés financières dues à la Grande Dépression de 1929. Bugatti ne vendit que trois des six voitures produites. De nos jours, une Bugatti Royale est considérée comme l'une des voitures les plus imposantes et les plus rares au monde.
A voir également sur “L’histoire de l’automobile : 6) la Bugatti Royale Type 41 (1926-1933)”
Bugatti Royale coupé de Ville Binder – Bugatti Royale berline de voyage
Bugatti Royale coach Kellner – Bugatti Royale cabriolet Weinberger
Bugatti Royale limousine Park Ward – Bugatti Royale coupé Napoléon
moteur de Bugatti Royale – figurine de Bugatti Royale
Audi Aztec – Maserati Boomerang
Hispano Suiza H6 1912 – Ferrari Mythos
Corvette Nivola – Jaguar Kensington
Lasalle 314 A 1927 – Isotta Fraschini 8aS 1929
Voisin Aérosport 1936 – Rolls-Royce Krug
Bugatti 59 de Grand Prix aménagée par le roi Leopold III
8 septembre 1991
“Les « voitures de stars » sont à l'affiche de Bagatelle. L'illustrateur Razzia, artiste associé à toutes les manifestations de Louis Vuitton, peint un Clark Gable charmeur et énigmatique. La réunion est placée sous le signe du cinéma, avec l'exposition de six automobiles que les vedettes du septième art ont à jamais enveloppé de leur aura. Toutes partagent des souvenirs hollywoodiens : l'éclatante Duesenberg jaune de Clark Gable comme l'austère Cadillac de Marlène Dietrich, la Delahaye immaculée de Rita Hayworth comme la Ferrari gris argent d'Ingrid Bergman. Elles ont en commun le goût de l'exubérance, le sens du spectacle et un penchant naturel pour le panache. Toutes ces voitures sont uniques, singulières, confectionnées sur mesure : à la mesure des désirs et des caprices de leurs commanditaires. Sous l'œil impavide des paons et des colverts, les membres du jury délibèrent autour de propositions très dissemblables. Comment choisir entre sportivité et sophistication ? Difficile de trancher entre une Aston Martin DB 4 GT, interprétée par Bertone en 1961, et une Alfa Romeo 8C 2900 qui participa aux Vingt-Quatre Heures du Mans 1938, entre une Hispano-Suiza qui disputa la coupe Georges Boillot en 1922 et une Talbot Lago Grand Sport réalisée par Henri Chapron en 1948. Cette dernière, finalement, conciliant les deux tentations, a rassemblé l'essentiel des suffrages.”
Thème : Voitures de stars
Delahaye 135 M 1946 de Rita Hayworth – Packard Sport phaéton 1932 de Jean Harlow
Duesenberg JN 1935 de Clark Gable – Rolls-Royce Phantom I 1927 de Greta Garbo
Cadillac Town cabrio 1933 de Marlene Dietrich – Ferrari 375 MM 1954 d’Ingrid Bergman
13 septembre 1992
“Qui sont ces princes qui ont inspiré le titre de la cinquième édition du concours de Bagatelle ? Les « automobiles de princes » de l'affiche se cachent dans les cours d'Europe et d'ailleurs, dans les garages des princes qui nous gouvernent et véhiculent leurs pouvoirs dans 'exceptionnels carrosses. C'est ainsi que l'Hispano-Suiza du prince Rainier III vient se garer auprès de la Rolls-Royce Phantom IV exécutée par H. J. Mulliner en 1950 pour une princesse Elisabeth qui n'était pas encore reine d'Angleterre. Plus exotique, une autre Rolls-Royce, une Twenty, a été aménagée pour la chasse à l'attention de l'exigeant maharadjah de Bharatpur en 1926. La plus vrombissante est la monoplace ERA avec laquelle courut le prince Birabongse Bahnutej Bhanubandh sous le diminutif « Bira » et sous les couleurs (jaune et bleu) du Siam. Les juges récompensent finalement une automobile au pedigree moins princier : une Talbot Lago plus extravertie que celle de l'année précédente, une SS griffée Figoni & Falaschi.”
Thème : Automobiles de princes
Jaguar XJ 220 1991 – BMW Biturbo 1970
Zil 1985 – Isotta Fraschini 8AS Spider 1926
Isotta Fraschini 8A Landaulet 1931 – Renault Scenic 1991
Rolls-Royce Twenty 1925 du maharadjah Bahratp – Benz 35/40 PS 1904 d’Eugène de Suède
Rolls-Royce Phantom IV 1949 de la Reine
Alfa Romeo 8C 2900 1937 par Pinin Farina en 1939 – Voisin C27 par Figoni & Falaschi 1934
Best f Show : Talbot Lago SS Type 150 C par Figoni & Falaschi
11 et 12 septembre 1993
“La carrosserie française est portée par les deux tendances majeures qui irriguent l'art entre les deux guerres : le courant conservateur et le courant progressiste : le premier exploitant un conformisme hérité de l'avant-guerre, chargé de rappels historiques, le second exprimant une modernité tournée vers un futur que l'on pressent nourri de sciences et de techniques. Le concours montre ces deux facettes de la carrosserie française. Une Rolls-Royce traitée par Kellner dans les années 1920, ou une Delage plus récente, signée Henri Chapron, montrent le visage le plus conservateur des créateurs français, mais aussi leur insigne élégance. En revanche, la Voisin de compétition, dite Laboratoire, conçue pour le Grand Prix de l'ACF 1923, illustre l'anticonformisme des concepteurs de l'avant-garde, ce qu'était sans conteste l'iconoclaste Gabriel Voisin. Sur un autre registre, Ettore Bugatti, avec son fils Jean, développa un style singulier, à l'écart de tous les courants : le Type 50 l'atteste. Malgré cette débauche de style à la française, le Grand Prix fut remis à une production éminemment britannique : une Bentley Speed Six carrossée par H. J. Mulliner en 1930.”
Thème : L’art de la carrosserie française
Hispano-Suiza K6 par Saoutchik en 1935
10 septembre 1994
“Rolls-Royce, Bugatti, Ferrari ? Aucune d'elles : cette année, la préférée du jury n'appartient pas au cénacle des firmes les plus réputées, les plus médiatisées, mais à une officine obscure, produisant des voitures de sport modestes, mais terriblement modernes. Une automobile classique n'est pas forcément un mastodonte couvert de chromes. En récompensant la Cisitalia 202 MM, les juges dérangent l'ordre établi avec un choix subtil qui récompense la réflexion plus que la convenance, l'émotion plus que l'esbroufe, l'être plus que le paraître. Ce choix s'inscrit dans l'esprit de la manifestation, placée cette année sous le signe de la vitesse. Dans la cour d'honneur, quatre machines infernales symbolisent la recherche de la vitesse pure qui n'a cessé de hanter les hommes du XXème siècle et que les futuristes italiens furent les premiers à exalter. Comme de coutume, les concept-cars illustrent les tendances contemporaines : Renault expose son roadster Argos, important indicateur des orientations futures, Pininfarina rassemble ses trois prototypes Ethos, écologiques, Ghia montre une Lagonda Vignale aux accents Art déco...”
Thème : La vitesse
Stutz Bearcat 1915 – Mercedes-Benz 630K Saoutchik 1928
Cord L29 phaéton – Rolls-Royce Phantom II Continental Speedster 1934
Cadillac Series 70 convertible 1936 – Stutz DV32 1933
Delahaye 135 MS cabriolet 1948 – Bertone Karisma
Cisitalia 202 MM 1947 – Golden Arrow 1929 (372 km/h)
Alfa Romeo 6C 1750 Gran Sport par Touring en 1930 – Best of Show : Cisitalia 202 M 1947
9 septembre 1995
“Ce week-end-là, Renault, Ferrari et Mercedes-Benz s'empoignent au Grand Prix d'Italie. A la même heure, les mêmes labels se disputent la victoire à Bagatelle. Tandis que Renault attire les visiteurs avec son Initiale, présentée ici en avant-première, Ferrari pavoise avec la 250 GTO choyée par Ralph Lauren parmi les « chères automobiles » et Mercedes-Benz remporte le Grand Prix avec une 500 K Spezial Roadter impressionnante. Elle bat sur le fil une Alfa Romeo 6C 2500 de Touring, plus discrète. Contrairement au scénario de 1994, l'exubérance l'emporte cette année sur la discrétion, la majesté sur la modestie. Dans la cour d'honneur, sont rassemblées les « chères automobiles », autrement dit des automobiles chères, très chères, infiniment chéries par leurs propriétaires. Parmi elles, on reconnaît la Mercedes-Benz W196 qui resta sans rivale dans le championnat du monde 1954 entre les mains de Juan Manuel Fangio. Plus galactique encore, une copie du Lunar Rover Vehicle envoyé sur la Lune en 1971 s'est posée à Bagatelle.”
Thème : Chères automobiles
Rolls-Royce Silver Ghost Fantôme d’Argent 1907 – Cadillac 452 Sixteen 1930
véhicule lunaire Rover 1971 – Mercedes W 196 Flèche d’Argent de Fangio 1955
Bugatti EB 112 – Ferrari 250 GTO 1963 de Ralph Lauren (la voiture à la plus grosse enchère de l’histoire)
Renault Type DG Victoria Rotschild – Jaguar SS 90 1935
Delahaye 135 M phaéton Grand Sport 1937 – Bentley R Continental Coupé Franay 1955
l’Helica 1922 – Talbot 1500 1927
8 septembre 1996
“Tout commence le samedi, au petit matin, à l'ombre du palais de Chaillot. Les participants du concours s'élancent depuis les bassins du Trocadéro pour longer les berges de la Seine rosie par le levant, rejoindre les Champs-Elysées, parader sur l'avenue Foch et traverser le bois de Boulogne avant de faire une entrée triomphale dans le parc. Bagatelle est devenu spectacle vivant, multicolore, bruyant, joyeux. Pour cette édition, Bagatelle se déplace et s'étend jusqu'à Paris intra-muros. La Ferrari que conduisait Phil Hill sur le circuit de Reims, en 1953, fait aujourd'hui vibrer le pavé de Paname. Sans cesse le jury se renouvelle. La grande prêtresse du design français, Andrée Putman, y fait une entrée remarquée. Sa candeur et sa pertinence surprennent ses collègues plus aguerris. Elle participe avec eux à la célébration du carrossier Touring qui reçoit cinq récompenses dont le Best ofS how, attribué à une Alfa Romeo 8C 2900 B Spider de 1937. Devant le Trianon, les voitures extraordinaires exhibent leur diversité : une Fiat animée par une turbine (1954) est alanguie auprès d'une Abarth profilée par Pinin Farina (1957) voisinant elle-même avec la Baleine, monstre disproportionné imaginé par l'artiste Paul Arzens (1937).”
Thème : Voitures extraordinaires
Rolls-Royce Phantom Torpedo 1927 – Rolls-Royce Phantom II Continental 1930
Isotta Fraschini 8B Sedanca de Ville – Ford Ghia Sentinel
Fiat Abarth 750 1957 – La Baleine 1938
16 et 17 Septembre 1997
“Une petite Austin porte un ruban noir, discrètement noué. Les Anglais pleurent la princesse de Galles, tragiquement disparue à Paris le week-end précédent. L'affrontement qui se prépare pour la désignation du Best of Show est insolite : il se circonscrit entre une Ferrari et une Bentley, aussi iconoclastes l'une que l'autre. La Bentley Mark VI est une sorte de crime de lèse-majesté, aux yeux des sujets de Sa Majesté. Plutôt que de l'anoblir d'une griffe britannique, son commanditaire avait préféré la gratifier d'une carrosserie réalisée en France, de surcroît par un carrossier industriel sans notoriété. Damned ! Le résultat est néanmoins somptueux, car l'entreprise Facel a su lui composer une ligne étonnement pure et moderne, moins compassée que celles envisagées souvent par les compatriotes de Bentley. La Ferrari n'est pas moins inattendue : contrairement à la quasi-totalité des voitures de route de la marque, confiées depuis 1952 à Pininfarina, cette 250 GT est revêtue d'une robe conçue par Giorgetto Giugiaro, pour Bertone. Ce sont finalement ses courbes voluptueuses qui ont été primées.”
Best of Show : Mercedes-Benz 500 K Spezial-Roadster
5 septembre 1998
“Bagatelle « entre ciel et terre », dit le programme... Cinq engins extraterrestres se sont en effet posés dans la cour d'honneur, témoignant des cousinages entre l'aéronautique et l'automobile. Ils illustrent les enseignements que l'aviation a parfois reversés au crédit de la voiture, sur le plan des formes, des matériaux ou des technologies. À côté de la Trossi Monaco, une voiture de Grand Prix qui arbore un moteur en étoile en figure de proue, et de la Firebird III aux ailerons évoquant les utopies aérospatiales des années 1950, on s'attarde sur la voiture de Marcel Leyat. Arrivée en bourdonnant de ses lointaines Années folles, l’Hélica est une sorte d'avion sans ailes : elle se présente sous la forme d'une carlingue fuselée, réalisée en toile tendue et propulsée par une hélice placée à l'avant et à travers laquelle le conducteur dirige cet engin instable ! Le Best of Show n'est pas plus terre à terre puisqu'il s'agit d'une Ferrari 375 MM spécialement créée par Scaglietti pour Roberto Rossellini. Paul Dupuy, directeur du magazine Automobiles Classiques, qui a rejoint le comité d'honneur, remet le trophée à Jon Shirley, actuel propriétaire de la diva.”
Thème : Entre ciel et terre
Rolls-Royce 40/50 HP Tourer Roi des Belges 1910 – Hispano-Suiza 20/30 HP Double Phaéton 1906
Renault 6 HP Type G Tonneau 1902 – Renault Zo
Leyat Hélica 1922 – Monaco Trossi 1935
Lorraine-Dietrich B 3-6 Le Mans 1926 – Bertone Pickster
4 et 5 Septembre 1999
“Torero frôle les tables au pas espagnol, puis effectue une cabriole. Les doigts du cavalier pressent imperceptiblement les rênes, d'un geste de marionnettiste. L'éperon chatouille les flancs du bel andalou. L'assiette de l'écuyer fléchit l'étalon pommelé qui s'encapuchonne pour faire une révérence à côté de la Delahaye 165 carrossée par Figoni & Falaschi qui recevra le Grand Prix. Mario Luraschi, le dresseur, sourit. Une vieille connivence, mêlée de rancœur et de rivalité, associe l'automobile et le cheval. La mécanique a libéré l'animal, mais lui a dérobé sa terminologie, son esthétique et ses artisans. Aujourd'hui, la puissance des moteurs se mesure en chevaux : juste reconnaissance. Du panache et des chevaux, la Delahaye, emportée par 175 pur-sang, n'en manque pas. Sa carrière est une épopée. Elle commença au cours de l'été 1939, à New York, où elle fut envoyée pour l'Exposition universelle qui avait pour thème « The world of tomorrow ». La guerre éclata et la Delahaye passa le reste de sa vie aux Etats-Unis, se terrant dans une grange avant d'être retrouvée et restaurée par les collectionneurs Jim Hull et Peter Mullin.”
Delahaye 135 M roadster grand luxe 1938 par Henri Chapron
Carabo par Marcello Gandini 1968 – Delage D8-120 1938 carrossée par Pourtout
9 septembre 2000
“Après onze années d'existence, le concours Automobiles Classiques change d'intitulé. En cette année symbolique, la carrosserie Pininfarina fête ses soixante-dix ans en grande pompe. Son président, Sergio Pininfarina, a été désigné président d'honneur du jury. L'ingeniere n'a rien perdu de son brio, de son humour et de son humilité : depuis cinquante ans, il met sa compétence au service de la société fondée par son père Battista en 1930. Depuis 1966, il en assure la présidence. Dans le jury, Sergio Pininfarina côtoie Leonardo Fioravanti et Lorenzo Ramaciotti qui dirigèrent tous deux, autrefois, son centre de recherche. Deux Ferrari portant l'écusson Pininfarina, très différentes, ont enthousiasmé — et partagé — le jury pour la désignation du Best of Show : une 400 Superamerica Aerodinamico présentée au Salon de Genève 1961, et une 250 Mille Miglia de 1953. Ces deux modèles n'ont rien en commun, outre leurs labels : ils illustrent deux facettes opposées de Ferrari et Pininfarina, un style flamboyant pour l'une, une esthétique rationnelle pour l'autre. Luxe pour l'une, sportivité pour l'autre. Pininfarina a toujours été capable de satisfaire ces deux facettes antinomiques. En point d'orgue, Sergio Pininfarina effectue un tour d'honneur au volant du prototype Ferrari Rossa créé pour l'an 2000.”
Thème : Passion de femme
De Dion-Bouton Type Q 1902 – Clément Tonneau Rotschild 1903
Renault XB cabriolet Labourdette 1907 – Renault VI Torpédo Gonthier 1906
Rolls-Royce Silver Ghost Tourer Mulliners of Birmingham 1912 – Benz 8-20 Tourer usine 1913
Peugeot 1455 torpédo usine 1913 – Delahaye 84N berline transformable Janoir 1923
Chrysler Imperial speedster usine 1932 – Voisin Lumineuse 1930
Bugatti Type 101 coupé Antem 1950 – Porsche RSK 1958
Bentley – Rolls-Royce Silver Ghost roadster Grosvenor 1912
Cadillac Sedan 452B 1932 – Hispano Suiza T49 1929
Hugues Auffray présentait aussi une voiture
Bristol 400 1947 – Ferrari 250 GT Berlinette Scaglietti 1961
Ferrari 365P Guida Centrale 1966 - Hammond Lakester 1962
8 septembre 2001
“Une automobile peut-elle être assimilée à un objet d'art ? Les futuristes italiens ont lancé le débat dès l'aube du Xème siècle. Le commissaire-priseur Hervé Poulain, amateur de vitesse et professionnel de la beauté, eut l'idée superbe de fondre ses passions en faisant peindre ses voitures de course par des artistes. La première fut une BMW confiée à Alexander Calder, une comète multicolore qui participa aux Vingt-Quatre Heures du Mans 1975. Il y avait eu un précédent en 1967, quand plusieurs artistes avaient choisi pour support des voitures ordinaires. Sonia Delaunay en était, avec une Matra couverte de motifs géométriques. Hervé Poulain apporta un supplément de dramaturgie aux œuvres en faisant courir les Art Cars. On en voit plusieurs à Bagatelle, à côté de la Matra : la BMW signée Roy Lichtenstein (1977), la Venturi couverte de tuiles accumulées par Arman (1994) ou encore la McLaren décorée par César (1995). Quand elles ne sont pas sublimées par le geste d'un artiste, les automobiles peuvent être de purs chefs-d'œuvre des arts appliqués. C'est le cas de la BAT 7 qui reçoit le Grand Prix. Il s'agit d'une création poétique imaginée en 1954 par le styliste Franco Scaglione, chez Bertone. Les volutes qui se déploient à l'arrière se contractent comme les ailes d'un oiseau apeuré...”
Thème : Voitures d’artistes
McLaren F1 César 1995 (La GT du siècle mérite un artiste d'exception. Le nom de César s'impose ! César peint alors une compression en trompe-l'œil. Ce n'est pas une énième compression compacte et immobile mais plutôt une armure étincelante).
Venturi Arman 1994 (Arman, co-fondateur du groupe des Nouveaux Réalistes, est choisi pour transcender la carrosserie d'une Venturi LM aux lignes sensuelles. Ses tuiles surdimensionnées ne passeront pas inaperçues lors des 24 heures du Mans de 1994)
Mercedes CLK-GTR – Benz Victoria 1894
Panhard & Levassor Type H 1903 – Mercedes 300 SL 1955
Clément-Bayard AC 4J 1909 – S.C.A.R. Type K Sport 1910
Brasier 16HP 1911 – Renault Type EF 1914
Voisin C11 Lumineuse 1928 – Packard V12 1934
Bentley 4,5 l Vanden Plas 1928 – Alfa Romeo 8C 2300 1931
Aston Martin 15/98 1937 – Voisin C28 1935
Ferrari 212 Inter 1952 – Aston Martin DB4 GT 1960
28 et 29 septembre 2002
“Les « belles américaines » font rêver l'Ancien Monde. Que ce soit par le caractère pionnier de certaines, comme la Ford T, première automobile produite à la chaîne, en 1911, ou par la démesure des autres, à l'image de la Cadillac Eldorado Biarritz au paroxysme de la grandiloquence, en 1959, avec des ailerons acérés comme l'empennage d'un avion de chasse. Tandis que les voitures américaines impressionnent, les italiennes séduisent. Une catégorie est consacrée à la Ferrari 250 GTO, immense légende qui fête son quarantième anniversaire. Elle avait été créée en 1962, année où le championnat du monde des Marques était ouvert aux Grand Tourisme et non plus aux voitures de sport. Efficace, imbattable même, la 250 GTO est entrée dans l'histoire pour son palmarès éloquent autant que pour son esthétisme minimaliste, logique, technologique. Sept voitures sur les trente-six existantes sont réunies ici ! Le Best of Show est pourtant décerné à une création infiniment plus discrète, une Alfa Romeo 6C 2500 de 1939, carrossée par Touring, avec beaucoup de sobriété.”
devant le Trianon, au premier plan : Delahaye 135 S, Aston Martin Speed Model 1936
première Cadillac Eldorado en 1953 – Ferrari 342 America par Pini Farina pour le roi Leopold III en 1952
Ferrari 555 Super Squalo 1955 – Mercedes-Benz W 196 1954
6 et 7 septembre 2003
“Le concours Louis Vuitton Classic a traversé la Seine, le grand cirque a quitté Paris pour planter son nouveau décor dans le domaine de Saint-Cloud que Saint-Simon qualifiait de « maison des délices ». L'impératrice Eugénie lui avait donné tout son lustre lorsque le château, résidence successivement princière, royale et impériale, fut emporté dans les flammes de la guerre de 1870. Heureusement, jardins et fontaines entretiennent le souvenir de sa magnificence. De la dernière édition du concours Louis Vuitton Classic en région parisienne, on retiendra quelques perles rares. Une fois encore, des jalons importants et néanmoins peu connus de l'histoire de la locomotion ont été plantés ici. Témoin l'une des rarissimes Scout Scarab qui furent fabriquées autour de 1935, un véhicule certes peu gracieux, mais éminemment prémonitoire, avec son volume monocorps et son rapport entre habitabilité et encombrement qui préfigurait les monospaces modernes. La Bentley Speed Six récompensée par le Grand Prix a elle aussi une histoire. Elle fut équipée d'une carrosserie profilée par Gurney Nutting à la demande du pilote Woolf Barnato qui avait un objectif: battre le Train bleu entre Monte-Carlo et Calais. Ce qui fut accompli !”
Delahaye 135 MS 1937 par Henri Chapron – Scarab 1935 de William Stout, ancêtre des monspaces modernes
Talbot Lago SS “Goutte d’eau” 1937 par Figoni & Falaschi
Depuis 2014, grâce à Peter Auto, une exposition prestigieuse se déroule de nouveau au château de Chantilly : Chantilly Arts & Elégance, mais elle n’est pas aussi accessible que celle de Bagatelle car l’entrée est à 45 € en plus du parking à 10 € ! L’édition 2015 a eu lieu le dimanche 6 septembre.
En décembre 2018, j’ai trouvé par hasard, sans connaître son existence un ouvrage “bradé” à 10 € intitulé “Louis Vuitton et l’élégance automobile”. Ce beau livre de 262 pages relate l’association de la Maison Louis Vuitton avec l’univers des belles carrosseries d’automobiles. 40 pages sont consacrées à ces concours d’élégance “Louis Vuitton Classic”.
Les textes entre “ sont issus de cet ouvrage, ainsi que quelques photos.
Bonjour Didier,
RépondreSupprimerUn peu déçu de ne plus croiser ta route dans les joutes DCDL, mais je continue à faire un petit tour régulièrement sur ton blog.
Et je suis stupéfait qu'il existe autant de rassemblements de voitures anciennes ou véhicules en tout genre, que ce soit de grosses manifestations comme celle-ci ou d'autres organisées dans de petites agglomérations et que tu as pu relater par ailleurs.
Au plaisir de croiser à nouveau ta route un de ces quatre.
Arnaud.
Bonjour Arnaud,
SupprimerMerci pour ton commentaire et ta fidélité.
Effectivement il y a pas mal de manifestations d'automobiles anciennes un peu partout en France et bien sûr encore plus en région parisienne, et aussi des rassemblements informels tous les dimanches matin. Par contre dans une même région on retrouve assez souvent les mêmes voitures.
Il va de soi que moi aussi je regrette beaucoup de personnes croisées en tournois.
A bientôt ici ou ailleurs.