On en a parlé en 2020 grâce à sa conversion électrique et on en reparle cette année, en 2021, puisque l’une des voitures les plus mythiques de la production anglaise, la Jaguar Type E, sortie en 1961, a 60 ans !
La Jaguar Type E succède à la Jaguar XK-150. Elle fut présentée la veille du salon de Genève, le 15 mars 1961, à l'hôtel-restaurant du parc des Eaux-Vives, le long du lac Léman.
La production durera 15 ans, de 1961 à 1975, elle se décline en 3 modèles : coupé, cabriolet et 2+2 et 4 séries : série 1, série 1,5, série 2 et série 3.
Le coupé rassemble un interminable capot avec bossage central, un hayon arrière à ouverture latérale et un vaste espace pour les bagages, alors que le cabriolet dispose d'un coffre « symbolique ». Très rapidement un coupé 2+2 est ajouté à la gamme, avec deux petites places à l’arrière qui en faisaient presque une voiture familiale et qui pouvait être achetée avec une boite automatique (influence du marché américain).
Jaguar Type E cabriolet – Jaguar Type E coupé 2+2
Mai 1957 : La Type E est conçue au départ comme une auto de compétition, évolution des Type-D, elle est plus légère et équipée d'un moteur six-cylindres de 2,4 litres développant 200 ch. Son nom de code était E1A, le « E » pour Type E, le « 1 » pour projet 1 et le « A » pour caisse en aluminium. En mars 1958, un deuxième prototype est assemblé, en acier cette fois-ci.
Mars 1960 : Naissance du prototype de compétition E2A qui sera engagée aux 24 heures du Mans 1960. Le dessin de la future Type E est pratiquement figé.
1959 : L'usine décida la commercialisation avec une version en acier plus « Grand Tourisme », la E.
Série 1 (1961 - 1967)
15 mars 1961 : présentation du modèle coupé au salon de l’auto de Genève. Présentée d'abord avec le célèbre moteur XK de 3,8 L six-cylindres, trois carburateurs SU, à double arbre à cames en tête (DOHC) de la Jaguar XK150S. Les premiers modèles de 1961 à 1963 avaient un tableau de bord et une console centrale en aluminium ainsi que des sièges baquets et une boîte de vitesses Moss à première non-synchronisée, bruyante mais fiable. Les modèles étaient d'abord déclinés en coupé ou en cabriolet.
Les tout premiers modèles de l'année 1961, jusqu'à janvier 1962, appelés « flat floor » (« plancher plat »), sont très recherchés, bien qu'ils soient plus inconfortables en raison de l'espace restreint réservé aux jambes. Le dessin très pur des deux versions (coupé et cabriolet) est dû à sir William Lyons. Une Type E 3,8 l coupé à plancher plat de 1961 a atteint 563.850 € à la vente aux enchères de Peeble Beach (USA) en août 2019, tandis qu’une cabriolet s’est vendue 582.400 € à Cenobbio, en Italie en mai 2017.
Jaguar Type E Série 1 3,8 l coupé plancher plat 1961 - Jaguar Type E Série 1 3,8 l cabriolet plancher plat 1961
Jaguar Type E 3.8 cabriolet à plancher plat 1961 vendue 582.400 € – Jaguar Type E coupé 3.8 à plancher plat 1961 vendue 563.850 €
- De mars 1961 à octobre 1964, 7.827 cabriolets Série 1 3.8 l ont été produits et 7.669 coupés.
Octobre 1964 : la cylindrée du moteur passe de 3,8 à 4,2 litres. Les sièges baquets font place à des sièges inclinables plus confortables, et le tableau de bord et la console centrale sont recouverts de Rexine, un vinyle noir, au lieu de l’aluminium bouchonné. Le radiateur, le système de refroidissement et le ventilateur sont nettement améliorés sur la 4,2 l, puisque la 3,8 l est équipée d'un ventilateur électrique composé d'un moteur d'essuie-glace sur lequel est monté un morceau de fer tordu en guise d'hélice. La boîte Moss a été remplacée par une boîte Jaguar entièrement synchronisée.
Jaguar Type E série 1 4,2 l coupé - Jaguar Type E série 1 4,2 l cabriolet
Mars 1966 : D’abord déclinés en coupé ou en cabriolet, s’y ajoute une nouvelle carrosserie 2+2, rallongée de 22 cm.
Les modèles de la série 1 se caractérisent par des phares carénés de verre, des demi pare-chocs antérieurs et postérieurs et des commutateurs de tableaux de bord type « aviation ».
La série 1 est la plus recherchée par les collectionneurs, sa cote ne cesse de monter, particulièrement depuis le cinquantenaire en 2011. La version 3,8 l en cabriolet est la plus demandée. Mais le record aux enchères revient à la Type E coupé 3,8 l 1961, la 10ème produite, vendue 618.980 € à Monterey aux États-Unis en août 2018.
Jaguar Type E coupé Série 1 3,8 l 1961 vendue 618.980 €
Série 1,5 (1967)
Série intermédiaire (et au nom officieux) qui n’a été construite qu’en 1967 pour répondre aux normes américaines de sécurité. Elle a vu l’évolution progressive (selon l'épuisement des pièces de la série 1) vers la série 2 avec des phares découverts rehaussés et l'intérieur de la série 2. Les pare-chocs restaient cependant identiques à ceux de la série 1. Une version allongée 2+2 est introduite à la demande du marché américain qui permet l'installation d'une boîte automatique à trois rapports Borg-Warner. Les modèles destinés à la Californie se voient dotés de deux carburateurs Stromberg pour répondre aux normes antipollution de cet État. La puissance est réduite de 265 ch à 170 ch sur ces modèles.
Jaguar Type E série 1,5 cabriolet - Jaguar Type E série 1,5 coupé 2+2
D’octobre 1964 à septembre 1968, 6.862 cabriolets Série 1 et 1.5 4,2 l ont été produits, 7.165 coupés et 3.682 coupés 2+2.
Série 2 (1968 - 1970)
Octobre 1968 : La Type E subit quelques modifications techniques et esthétiques qui dénaturèrent la pureté originelle de la carrosserie. Ces modifications étaient liées aux exigences antipollution et aux normes de sécurité des États-Unis, premier marché pour Jaguar, ainsi que par la nécessité d'améliorer la fiabilité. Esthétiquement, les différences extérieures portent essentiellement sur l'absence de carénage vitré des phares, des pare-chocs plus enveloppants et plus hauts, une entrée d'air plus grande à l'avant pour améliorer le refroidissement et à l'intérieur, un tableau de bord différent avec des interrupteurs basculants. Sur le plan mécanique, aux États-Unis, les trois carburateurs SU HD8 ont été remplacés par deux carburateurs Zenith-Stromberg, ce qui diminue la puissance de la voiture comme sur la série 1,5. Les versions européennes conservaient les trois carburateurs SU HD8. Les freins à disque sont maintenant des Girling beaucoup plus performants que le système Dunlop des séries précédentes. La série 2 est la plus fiable (et la plus facile à conduire dans la circulation moderne) des Jaguar Type-E parce que dotée d'un meilleur circuit de freinage Girling et d'un gros radiateur refroidi par deux ventilateurs électriques.
Jaguar Type E série 2 roadster - Jaguar Type E série 2 coupé
- D’octobre 1968 à septembre 1970, 8.627 cabriolets Série 2 4,2 l ont été produits, 4.855 coupés et 5.326 coupés 2+2.
Série 3 (1971 – 1975)
Mars 1971 : Les modifications portent sur l'esthétique ainsi que sur la partie mécanique (élargissement de la voie), mais c'est surtout la mise en place du moteur V12 de 5,3 litres qui caractérise cette série, même si quelques exemplaires voient le jour avec la motorisation six-cylindres XK. Le gros moteur nécessite une grille de radiateur surdimensionnée, mais ce modèle connaîtra des problèmes de refroidissement malgré tout. Ce bloc était très moderne pour l'époque rompant avec le classicisme des « longues courses » fonte des moteurs à six-cylindres. Bien entretenu, il s'avérait plus fiable. La douceur de fonctionnement détonnait par rapport au six-cylindres. et les reprises étaient très puissantes grâce aux 46 mkg de couple.
La série 3 est fondée exclusivement sur la version 2+2 à l'empattement allongé car la boîte automatique est maintenant offerte à la fois sur les roadsters et versions coupé 2+2. Les freins avant Girling sont désormais ventilés. Le châssis long et la prise de poids, bien que le V12 ne soit pas plus lourd que le moteur XK, donnent un caractère plus civilisé mais encore sportif selon la conduite, surtout avec les rares versions en boîte mécanique, recherchées pour cela.
Le coupé deux-places n'est plus fabriqué à partir de la Série 3.Fin 1973 : La norme demandant une résistance aux chocs arrière jusqu’à 30 miles sonne le glas du coupé 2+2. Seul le roadster reste au catalogue.
Février 1975 : Arrêt de la production de la Type E après 14 ans de carrière.
Jaguar Type E série 3 V12 cabriolet - Jaguar Type E série 3 V12 coupé 1971
- De mars 1971 à février 1975, 7.990 cabriolets Série 3 V12 5,3 l ont été produits et 7.297 coupés 2+2.
Production
Selon les sources les chiffres de production peuvent varier, ces chiffres sont issus du numéro hors-série de la revue Rétroviseur de juin 2021 consacré aux 60 ans de la Jaguar Type E.
Modèles | Dates de | Nb exemplaires |
Série 1 3.8 cabriolet | 03/1961 – 10/1964 | 7 827 |
Série 1 3.8 coupé | 03/1961 – 10/1964 | 7 669 |
Série 1/1,5 4.2 cabriolet | 10/1964 – 12/1967 | 6 862 |
Série 1/1,5 4.2 coupé | 10/1964 – 12/1967 | 7 165 |
Série 1/1,5 4.2 coupé 2+2 | 03/1966 – 09/1968 | 3 682 |
Série 2 4.2 cabriolet | 10/1968 – 09/1970 | 8 627 |
Série 2 4.2 coupé | 10/1968 – 09/1970 | 4 855 |
Série 2 4.2 coupé 2+2 | 10/1968 – 09/1970 | 5 326 |
Série 3 5.3 cabriolet | 03/1971 – 02/1975 | 7 990 |
Série 3 5.3 coupé 2+2 | 03/1971 – 09/1973 | 7 297 |
Cotes et ventes 2021
Bien sûr la valeur de ces autos dépend de l’état de la voiture et des travaux éventuels de restauration et cette cotation correspond à un véhicule conforme à l’origine en très bon état de fonctionnement et de présentation.
Modèles | Années de | Cote | Nb | Prix mini | Prix maxi | |
Type E 3.8 coupé plancher plat | 1961-1962 | 145 000 € | 1 | 164.390 € | ||
Type E 3,8 coupé | 1962-1964 | 130 000 € | 8 | 60.780 € | 270.730 € | |
Type E 4,2 coupé (série 1) | 1965-1967 | 120 000 € | 4 | 102.000 € | 210.720 € | |
Type E 4.2 coupé (série 1,5) | 1967 | 95 000 € | 1 | 46.650 € | ||
Type E 4.2 coupé (série 2) | 1968-1970 | 70 000 € | 2 | 36.140 € | 65.600 € | |
Type E 4.2 coupé 2+2 (séries 1/1,5) | 1966-1967 | 55 000 € | 1 | 49.920 € | ||
Type E 4.2 coupé 2+2 (série 2) | 1968-1970 | 50 000 € | 2 | 39.080 € | 49.860 € | |
Type E 3.8 cabriolet plancher plat | 1961-1962 | 220 000 € | 4 | 107.280 € | 218.960 € | |
Type E 3.8 cabriolet | 1962-1964 | 175 000 € | 6 | 92.080 € | 146.260 € | |
Type E 4.2 cabriolet (série 1) | 1964-1967 | 150 000 € | 17 | 70.770 € | 294.100 € | |
Type E 4.2 cabriolet (série 1,5) | 1967 | 125 000 € | 1 | 38.530 € | ||
Type E 4.2 cabriolet (série 2) | 1968-1970 | 90 000 € | 6 | 75.230 € | 111.130 € | |
Type E V12 coupé | 1971-1973 | 60 000 € | 8 | 38.070 € | 72.160 € | |
Type E V12 cabriolet (modèle USA) | 1971-1975 | 95 000 € | 9 | 46.990 € | 142.800 € | |
Type E V12 cabriolet (Europe) | 1971-1975 | 115 000 € | 8 | 66.440 € | 134.450 € |
La Jaguar Type E a été construite à 72 584 exemplaires de 1961 à 1975, puis a été remplacée par la Jaguar XJS, moins sportive et moins chère à construire.
C’est une des voitures les plus représentées lors des ventes aux enchères et en 2020, 117 Jaguar Type E se sont échangées entre 18 810 € pour une Série 2 4,2 l coupé 2+2 de 1970 en état d’origine et 1 441 870 € pour une 4,2 l Lightweight Continuation cabriolet hard-top de 1963 !
Jaguar Type E Lightweight Continuation cabriolet hard-top 1963 vendue 1.441.870 € (1.710.000 $) par Sotheby's à Elkhart le 23/10/2020
Et pour finir par un calembour j’espère que cet article aura au moins un “peu Type E” intéressé les amateurs ! En tout cas il est dédié à une personne que je n’ai pas qu’”un peu Type E” agacée avec cette voiture qu’elle ne reconnaît jamais !
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