jeudi 18 janvier 2018

L’histoire de l’automobile : 6) la Bugatti Royale Type 41 (1926-1933)

La Bugatti Type 41 dite Bugatti Royale est considérée comme le chef-d’œuvre absolu de l’automobile !

C’est l’une des automobiles de collection les plus extraordinaires et chères de l'histoire de l'automobile, de par son histoire, sa rareté, sa démesure et ses caractéristiques exceptionnelles pour son temps !

Ettore Bugatti ambitionnait de motoriser les familles royales et pour ce faire, il imaginait de produire la voiture la plus ambitieuse, hors norme, exceptionnelle, monumentale, dominante, la plus grande, la plus belle, la plus luxueuse, la plus prestigieuse, la plus puissante, la plus performante, la plus fiable, et la plus chère de son temps !  « Rien n'est trop beau, rien n'est trop cher ! » disait-il.

En 1926, son rêve devient réalité et Ettore Bugatti présente la Type 41 surnommée Royale puisqu’elle était destinée aux têtes couronnées.

Elle coûtait 500 000 francs d'époque, trois fois plus qu'une Rolls-Royce et 25 fois plus qu’une Peugeot 201 ! Ettore Bugatti avait planifié une production de 25 voitures pour les vendre à l'aristocratie européenne mais les événements économiques inattendus de 1929 ruinèrent ses ambitions et sur les 25 prévues seules six furent construites et trois seulement furent vendues, mais pas une seule à un roi !

L’entreprise évita la faillite grâce aux moteurs de Royale finalement produits pour motoriser avec succès technique et commercial (couplés par quatre, pour 800 chevaux) 88 Autorail Bugatti entre 1932 et 1939 .(un des premiers train à grande vitesse du monde, avec une vitesse record du monde de 176 km/h de vitesse de pointe).

Les six Bugatti Royale existent toujours. En 1990, j’ai eu la chance d’aller les admirer lorsqu’elles furent toutes présentées au parc Bagatelle lors de l’exposition Automobiles Classiques Louis Vuitton.

1) 41.100 - Bugatti Royale Coupé du Patron / Coupé Napoléon

Le coupé du Patron est la voiture personnelle avec chauffeur d'Ettore Bugatti, puis elle reste la propriété de la famille Bugatti jusqu'en 1963, ou elle est achetée par les Frères Schlumpf, pour leur collection. Elle est exposée à la Cité de l'automobile de Mulhouse.

Ce numéro de châssis 41.100 a porté les carrosseries suivantes

  • En 1926 : premier prototype de Torpédo avec une carrosserie récupérée sur une Packard avec un empattement long de 4,57 mètres. La voiture est aussi connue sous le nom de « Coupé du Patron ».

Bugatti 1926 Type 41 Royale Torpédo prototype
Bugatti Royale torpédo 1er prototype

  • En 1928 : Coupé fiacre à 2 portes par Ettore Bugatti

Bugatti 1928 Type 41 Royale coupé fiacre
Bugatti Royale coupé fiacre

  • En 1929 : Berline de style hippomobile à 4 portes par Ettore Bugatti, puis Coach par le carrossier parisien Weyman, détruit dans un accident sur la route de Paris à Strasbourg, Ettore Bugatti, alors au volant, s'étant endormi en conduisant.

Bugatti 1929 Type 41 Royale berline de voyage
Bugatti Berline de voyage

Bugatti 1929 Type 41 Royale coach Weymann Bugatti 1931 Type 41 Royale Packard après l'accident
Bugatti Royale coach Weymann – après l’accident (elle avait été repeinte en noir)

  • En 1931 : il est entièrement reconstruit en Coupé de ville par le jeune fils, Jean Bugatti, sur un nouveau châssis plus court de 4,21 mètres, et une nouvelle appellation « Coupé Napoléon ». (S’agissant d’un nouveau châssis, bien que le même numéro soit repris, cette Bugatti pourrait-elle être considérée comme une “septième” Bugatti Royale ?)

1990.09.09-089.35 Bugatti Royale coupé Napoléon
La Bugatti Royale Coupé Napoléon à Bagatelle en 1990

2017.08.24-235 Bugatti Royale coupé Type 41 1929 2017.08.24-236 Bugatti Royale coupé Type 41 1929
La Bugatti Royale Coupé Napoléon à la Cité de l’Automobile de Mulhouse

  • En 2011 : un Torpédo est reconstruit à partir du châssis d'origine selon le modèle de carrosserie de 1926 (certains considèrent ce modèle comme une “huitième” ou “neuvième” Bugatti Royale…)

Bugatti 1926 41 Royale Packard Prototype reconstruit en 2011
Bugatti Royale torpédo reconstruite

2) 41.111 - Bugatti Royale Roadster Esders, puis Coupé de Ville Binder

Ce roadster de 1932 est vendu au magnat de l'habillement Armand Esders. Il est carrossé par Jean Bugatti avec deux tons de vert. Ne devant pas rouler la nuit, la voiture ne comporte pas de phares fixes, son chauffeur demande qu'ils soient rangés dans un coffre. Considérée par certains comme l'une des plus belles carrosseries de Jean Bugatti, elle est la reproduction agrandie et légèrement modifiée de la carrosserie usine du roadster Bugatti Type 55 sur dessin de Jean Bugatti. En 1938 le second propriétaire fait recarrosser le roadster en coupé de ville avec chauffeur, par le carrossier parisien Henri Binder. La voiture est blindée pour un poids total de 4,5 tonnes car elle est destinée au roi de Roumanie qui ne la prend pas. La voiture devient la propriété de Raymond Patenôtre. Son petit-fils Lionel Patenôtre précise qu'il l'utilise de 1935 à 1941 et se rend alors régulièrement au Palais de l'Élysée à son bord. Le véhicule original appartient à ce jour à l'Usine Bugatti de Molsheim.

Bugatti 1932 Type 41 Royale Esders 1990.09.09-089.30 Bugatti Royale coupé Binder
La Bugatti Royale Esders - La Bugatti Royale Coupé Binder à Bagatelle en 1990

3) 41.121 - Bugatti Royale Cabriolet Weinberger

Fabriquée en 1931, et carrossée en cabriolet par le carrossier Ludwig Weinberger, elle est vendue au Dr Joseph Fuchs de Munich en mai 1932. Cette Royale est par la suite vue en Asie, puis aux États-Unis. Abandonnée dans une casse de New-York, elle est repérée puis achetée en 1941 par Charles Chayne, ingénieur en chef de la General Motors. Après avoir été restaurée, cette Royale est offerte par Chayne au musée The Henry Ford de Détroit (Michigan) aux États-Unis, où elle est toujours exposée aujourd'hui. À l'origine de couleur noire, elle est aujourd'hui de couleur ivoire.

1990.09.09-090.06 Bugatti Royale 1990.09.09-089.33 Bugatti Royale cabriolet Weinberger
La Bugatti Royale Cabriolet Weinberger à Bagatelle en 1990

4) 41.131 - Bugatti Royale Limousine Park-Ward

La troisième Royale commercialisée est vendue au capitaine Cuthbert W. Foster, un officier de réserve britannique ayant fait fortune en vendant de la soupe en boîte. Cette limousine a été carrossée en Angleterre par Park Ward. C'est une voiture très équilibrée qui possède une distinction toute britannique dans sa sobre livrée noire. Dans les années 1950, elle devient la propriété de John Shakespeare, un richissime collectionneur américain de Bugatti, qui la revend en 1964 avec un lot de 30 Bugatti aux frères Schlumpf. Elle est exposée avec la collection Schlumpf à la Cité de l'automobile de Mulhouse.

1984.06.18-048.25 Bugatti 41 Royale Limousine Parkward 1933 1990.09.09-089.34 Bugatti Royale limousine Park Ward
La Bugatti Royale Limousine Park Ward au musée de l’automobile de Mulhouse en 1984 - La Bugatti Royale Limousine Park Ward à Bagatelle en 1990

2017.08.24-238 Bugatti limousine Royale Type 41 1933 2017.08.24-239 Bugatti limousine Royale Type 41 1933
La Bugatti Royale Limousine Park Ward à la Cité de l’Automobile de Mulhouse

5) 41.141 - Bugatti Royale Coach Kellner

Cette voiture est la cinquième voiture produite et, trop chère, était restée invendue. Elle a été conservée et utilisée par la famille Bugatti. Durant la Seconde Guerre mondiale, cette voiture et les voitures aux numéros de châssis 41.110 et 41.150 ont été cachées à Ermenonville pour éviter qu'elles soient réquisitionnées par les nazis. Elle est carrossée en coach en 1931 par le carrossier parisien Kellner. La voiture, ainsi que la 41.150, a été vendue au riche collectionneur Briggs Cunningham par la famille Bugatti, pour 3 000 $ et quelques réfrigérateurs General Electric, alors introuvables dans la France de l'après-guerre. Après la fermeture du musée Briggs Cunningham en 1986, la voiture est vendue aux enchères par Christie's en 1987 au Royal Albert Hall de Londres pour 5 500 000 £ au magnat Hans Thulin. En 1989, la voiture est de nouveau mise aux enchères par Kruse à Las Vegas. Ed Weaver fait une offre à 11,5 millions $, refusée par Thulin. À la suite de l'effondrement de son empire, en 1990, Thulin vend la voiture pour une somme de 15,7 millions $ au conglomérat japonais Meitec. Elle est stockée dans un sous-sol d'un immeuble avant d'être remise en vente par Bonhams & Brooks et acquise pour 10 millions £ en 2001. Son actuel propriétaire espagnol privé est inconnu.

1990.09.09-089.32 Bugatti Royale coupé Kellner
La Bugatti Royale Coach Kellner à Bagatelle en 1990

6) 41.150 - Bugatti Royale Berline de Voyage

Cette voiture est la sixième et dernière Bugatti Royale produite. Elle reste invendue et conservée par la famille Bugatti. Pour éviter qu'elle ne soit réquisitionnée par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, la voiture est cachée à Ermenonville avec la 41.141. C'est une berline de style hippomobile, carrossée en 1929 par Bugatti sur un dessin d'Ettore Bugatti, souvent inspiré par sa passion des chevaux. La voiture est vendue avec la 41.141 en 1950 par Ebe Bugatti (fille aînée d'Ettore) à l'Américain Briggs Cunningham. À réception, Cunningham revend la voiture pour 41 150 $ à la collection Harrah. En 1986, la voiture est de nouveau vendue aux enchères et est acquise par Jerry J. Moore pour une somme de 6,5 millions de $. Celui-ci la garde un an puis la revend à Tom Monaghan, fondateur de Domino's Pizza, pour 5,7 millions £ (soit 8,1 millions $). Elle est ensuite rachetée par l'ex-président du groupe Samsung, le coréen Lee Kun-hee, et exposée dans le musée automobile BlackHawk en Californie.

1990.09.09-089.31 Bugatti Royale berline de voyage 1990.09.09-090.07 Bugatti Royale
La Bugatti Royale Berline de Voyage à Bagatelle en 1990

Bugatti Royale Roadster Esders

Une septième (ou huitième) Bugatti Royale est construite dans les années 1960 par les Frères Schlumpf, et achevée en 1991 par la Cité de l'automobile de Mulhouse. Elle est carrossée en roadster Esders (d'avant sa transformation en Coupé de Ville Binder) avec un moteur d'Autorail Bugatti, et des pièces détachées de rechange de l'Usine Bugatti de Molsheim, achetées par Fritz Schlumpf en 1963.

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La Bugatti Royale Roadster Esders reconstruite à la Cité de l’Automobile de Mulhouse

Caractéristiques générales :

  • Le bouchon de radiateur en forme d'« éléphant dansant », est une œuvre d'art du frère d’Ettore, Rembrandt Bugatti, qui s’est suicidé dans son atelier à l’âge de 31 ans en 1916.

1990.09.09-090.19 figurine Bugatti Royale

  • Moteur : cylindrée : 8 cylindres en ligne, 12 763 cm3, 1 arbre à cames en tête, 3 soupapes par cylindre, 1 seul carburateur construit par Bugatti spécialement pour la Royale, puissance estimée : 200 à 300 ch à 1700 tr/min, consommation : entre 30 et 60 litres aux 100 km, 40 l de moyenne en Coupé de Ville ; poids du moteur : estimé 350 kg, boîte de vitesse : boîte-pont à 3 rapports, le premier sert pour démarrer en côte, le deuxième est une prise directe, et le troisième est surmultiplié, vitesse maxi : 200 km/h en roadster et 160 km/h pour le Coupé de Ville.

1990.09.09-090.18 moteur Bugatti Royale
moteur de la Bugatti Royale

  • Carrosserie : Longueur : 6 mètres, largeur : 1,92 mètre, hauteur : 2 mètres, empattement : 4,30 mètres, diamètre des roues : 1 mètre, poids à vide total : 3125 kg

A ce jour trois modèles des frères Schlumpf sont exposés à la Cité de l'automobile de Mulhouse, un modèle appartient à l'Usine Bugatti de Molsheim, un modèle est exposé au musée The Henry Ford de Détroit (Michigan) aux États-Unis, un modèle au musée de l'automobile de Blackhawk près de San Francisco, en Californie, et le modèle Bugatti Royale Coach Kellner appartient à un propriétaire espagnol privé inconnu.

3 commentaires:

  1. moi aussi j'ai pu les admirer à bagatelle, c'était incroyable de toutes les voire. à côté il y avait d'autres voitures pas inintérressantes.

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  2. moi aussi j'ai pu les admirer à bagatelle, c'était incroyable de toutes les voire. à côté il y avait d'autres voitures pas inintérressantes.

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