Le premier volet sur l’histoire de l’automobile était consacré à Opel, la marque que je possédais à l’époque. Le deuxième volet était consacré à Citroën, la marque avec laquelle j’ai commencé à conduire. A l’occasion du centenaire de la mort d’Amédée Bollée père le 20 janvier 1917, ce numéro est consacré aux marques Bollée oubliées aujourd’hui et que je n’ai évidemment jamais possédées !
Origines
Amédée Bollée père (11/01/1844 – 20/01/1917) était comme son père Ernest-Sylvain Bollée un fondeur de cloches. C’est en parcourant les stands de l’Exposition Universelle de Paris en 1867 qu’il tombe en admiration devant une machine étonnante, un "véhicule à vapeur" et se découvre une nouvelle vocation. Il deviendra constructeur d'automobiles. Il est considéré comme le premier constructeur à avoir commercialisé des automobiles.
Un de ses fils portait le même prénom que lui, et un autre, celui de Léon ; tous deux furent également des constructeurs d'automobiles.
Amédée Bollée père encourage son fils Amédée à expérimenter les moteurs à combustion interne. Il essaye alors toutes sortes de solutions techniques dont une turbine, mais les matériaux disponibles à l'époque ne permettent à cette turbine de fonctionner que pendant deux heures et un moteur à deux temps, à chargement par ventilateur.
Au cours de ces expériences, Amédée Bollée fils met au point, entre autres, le carburateur à gicleur noyé (le gicleur se trouve sous le niveau de la cuve de carburant). À la fin de cette période de recherches et d'inventions, ses créations et sa renommée montrent qu'il était un des meilleurs ingénieurs du domaine de l'automobile.
Léon Bollée – Amédée Bollée père – Amédée Bollée fils
Dates et modèles :
- Amédée Bollée père (1844-1917)
1873 : il fabrique sa première voiture appelée l'Obéissante. C'est un véhicule à vapeur, remarquable par son silence de fonctionnement, sa maniabilité, et disposant déjà de la plupart des solutions mécaniques de l'automobile du futur : quatre roues, une direction à double pivot, une propulsion par les roues arrières, une suspension à quatre roues indépendantes. Il est d'usage de la considérer comme le premier véhicule automobile pour particuliers.
1875 : il accomplit le premier voyage Le Mans-Paris en 18 heures. La réglementation ne prévoyant pas la circulation de voitures sans chevaux, 75 procès-verbaux lui sont dressés lors de son arrivée à Paris. Une conversation et une promenade avec le préfet de police mirent fin à cette mésaventure.
1878 : il conçoit et commercialise "La Mancelle", encore à moteur à vapeur, situé à l’avant, avec une boîte de vitesses et un différentiel. Cette voiture est considérée comme la première voiture construite en série : une petite cinquantaine d'exemplaires ont été fabriqués et vendus.
1879 : il reçut une commande pour un train routier. Il réalisa alors la "Marie-Anne" : la puissance de son moteur, toujours à vapeur, était de 100 chevaux, les roues des deux premiers wagons et du tender étaient motrices. Le poids transporté sur terrain plat pouvait atteindre 100 tonnes, mais était limité à 35 tonnes en côte de 6 %.
1880 : il perfectionne ses voitures en construisant, "La Nouvelle", une des toutes premières conduites-intérieur.
1881 : il construit "La Rapide", voiture capable de dépasser le seuil psychologique d'un kilomètre par minute en atteignant la vitesse, jusque-là jamais atteinte, de 62 km/h !
1885 : Avec son fils aîné il construit un mail-coach pour le marquis de Broc, une commande qui se chiffre à 35.000 francs-or (160.000 € de nos jours), une somme qui à l'époque, réserve l'automobile à quelques privilégiés fortunés.
- Amédée Bollée fils (1867-1926)
1895 : Amédée Bollée fils dépose le brevet de moteur compressé. Il fabrique sa première voiture à essence, une vis-à-vis.
1897 : il signe un contrat avec l'industriel Lorrain De Dietrich qui permet la diffusion de voitures De Dietrich Système Amédée Bollée Fils.
1898 : pour la course Paris-Amsterdam-Paris, il construit la première voiture aérodynamique, avec une carrosserie en aluminium, “Le Torpilleur”.
1899 : pour le premier Tour de France automobile, il met au point une voiture de course révolutionnaire : elle dispose d'un moteur monobloc, à 4 cylindres, de 20 chevaux, positionné horizontalement, à l’arrière, d'un châssis surbaissé, et d'une carrosserie profilée, en aluminium. Ces voitures atteignent 90 km/h sur les routes empierrées de cette époque.
1900 à 1923 : il construit des voitures haut de gamme, en petite série d'un maximum de cinquante par an. Il continue également ses recherches et ses expériences, et met au point un système de rattrapage automatique du jeu des soupapes, encore utilisé.
1900 : il présente un véhicule à vocation sportive baptisé Type D.
1907 : naissance du Type E, sur lequel les innovations ne manquent pas.
1912 : la dernière série de voitures Amédée Bollée fils apparaît, le Type F, équipé d’un moteur de 4 litres de cylindrée
À partir de 1923, il se spécialise dans la fabrication de segments pour les pistons, et sa société existe toujours : Le Segment AB, basée à Arnage, ce qui en fait la plus ancienne société spécialisée dans l'automobile du monde puisque cette société est directement issue de la société créée par Amédée Bollée père en 1873.
- Léon Bollée (01/04/1870 – 16/12/1913)
1885 : à 14 ans, inventeur précoce, Léon Bollée se fait connaître par la construction d'une sorte de pédalo.
1889 : à 19 ans, il invente et fabrique une calculatrice mécanique révolutionnaire, dite à multiplication directe, qui reçoit un premier prix à l'Exposition universelle de Paris de 1889. Il invente et perfectionne en outre de nombreux instruments de calcul, dont beaucoup sont restés à l'état de prototype, et entreprend la construction d'une machine à différence inspirée des travaux de Charles Babbage.
1895 : il dépose un brevet à Paris pour un véhicule d'un type nouveau baptisé "Cycle automobile. Système Léon Bollée"
1896 : il commercialise un véhicule à trois roues qui, fait nouveau, est équipé de roues à pneumatiques. Le moteur horizontal a été conçu par son frère Amédée. Il la baptise d'un mot de son invention « Voiturette » et en dépose le nom ; la position à l'avant du passager fit surnommer la voiturette : « Le Tue Belle-mère ». Fort de ce premier succès, il crée son entreprise au Mans qu'il baptise de son nom.
1898 : il cède à Alexandre Darracq le modèle d'un quadricycle qui deviendra la première Perfecta
1903 : il produit sa première grosse voiture. Réputée pour sa qualité, la marque connaît rapidement le succès. Léon Bollée construit deux modèles à 4 cylindres, un de 28 ch de 4,6 litres, et un de 45 ch de 8 litres de cylindrée qui remporte en septembre 1904 le Southport Speed Trials de Blackpool devant la Gladiator de Dorothy Lewitt.
Léon Bollée 20 CV (1904) – Léon Bollée 45/50 HP Roi des Belges 1905
1907 : production d’une six cylindres.
1909 : production de la G2, une 14 HP quatre cylindres de 2724 cm3 d’environ 50 ch.
1910 : production de la G3 de 6 cylindres de 6199 cm3 déclinée en plusieurs carrosseries.
1911 : production de la G1 Double Berline de Voyage, 30 HP de 2,4 l.
Après sa mort en 1913, sa veuve continue la production d'automobiles et d'armements.
1922 : la marque est finalement rachetée par la firme anglaise Morris, pour devenir Morris-Léon Bollée, installée au Mans.
1925 : la production Morris-Léon Bollée commence avec les MLB, des véhicules équipés de moteurs Hotchkiss de 12 ch et 2,5 litres
Morris-Léon Bollée 12 CV 1925 – Morris-Léon Bollée 1926 - Morris-Léon Bollée 1929
1928 : production d’une 18 ch dotée d’un moteur Straight 8 de 3 litres.
1931 : Morris prend la crise comme prétexte pour sortir de cette association dont il n'a pas obtenu tous les résultats espérés. Une Société Nouvelle Léon Bollée est réorganisée et présente l’ELB, une nouvelle 11cv 4 cylindres de 2 litres.
1933 : l’usine ferme définitivement.
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