Depuis 1985, le parc automobile français des musées a vu la disparition de plus de 2000 véhicules de collection : autos, motos, utilitaires, camions, véhicules de pompiers et militaires, et de plus de 40 musées ou collections privées !
La rénovation des anciennes usines de Motobécane de Pantin avait rendu possible l'accueil du Centre international de l'Automobile. De grands halls présentaient de 100 à 150 voitures : des voitures historiques, des voitures de course, des prototypes futuristes, de belles voitures contemporaines de toutes marques et nationalités. Les expositions avaient été prévues pour être renouvelées régulièrement et organisées autour d'un thème défini.
Il était une fois un pays connu (ou méconnu ?) comme le berceau de l'automobile, mais dont la capitale ne possédait, hormis une salle spécialisée au Conservatoire National des Arts et Métiers, pas de musée automobile ; il était une fois un petit groupe de passionnés d'automobile - d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Il était une fois une usine, hélas, désaffectée, par une naguère grande marque française dont les motocyclettes n'étaient plus que des souvenirs et les cyclomoteurs, un secteur vendu à un géant japonais.
C'est ainsi que les hommes, constatant un besoin qui allait dans le sens de leurs envies, découvrirent le lieu et y créèrent le centre. Homme de marketing, passionné de communication et collectionneur de jouets anciens, William Grünler, son premier président et fondateur, conçoit le futur Centre International de l'Automobile (ou CIA) comme un outil dynamique, qui accueillera ou parfois même suscitera des événements automobiles. Arrière-petit-fils de Louis Vuitton, chef d'entreprise lui-même et grand collectionneur, Hervé Ogliastro devient vice-président-directeur général adjoint. Professionnel de la communication, passionné d'automobile et de la dimension de spectacle, Michel Ferreri est le vice-président. Homme de haute couture très au... parfum, mais également pilote en sport-prototypes, Jean-Louis Ricci est nommé directeur des relations internationales, avec l'espoir de mener certaines opérations "CIA" dans d'autres pays. Pilote de course à la carrière bien remplie, ancien motard et journaliste, aujourd'hui directeur d'une école de pilotage et spécialiste de la sécurité routière, également collectionneur, Jean-Pierre Beltoise est chargé de la communication du CIA. Carrossier réputé pour l'excellence de ses restaurations, grand collectionneur et par ailleurs amoureux de musique traditionnelle bretonne, André Lecoq contrôle l'état et la conformité des voitures confiées au CIA. Pour épauler cette équipe dirigeante, des hommes et des femmes qui, à un moment ou à un autre, feront route avec le CIA : Marie-Claire Merenda puis Jean-Claude Buanic (direction de la communication), Philippe Maury (expositions), fidèles d'entre les fidèles, Philippe Lenfantin et Jean-Pierre Meyniel, toujours présents pour réunir les voitures et répondre aux questions les plus pointues. Odette Fau met tout son dynamisme au service de la commercialisation du centre. Emmanuelle Casola met tout autant de bonne humeur que d'efficacité au service de la presse. Enfin, Laurent Heriou est un animateur de tous les instants.
A l'été 1989, l'ancienne usine Motobécane de Pantin, fermée depuis le rachat de la firme française par Yamaha, est en travaux. Ouverture du CIA prévue pour le début décembre. Un énorme chantier et un audacieux pari. Il sera tenu : le 2 décembre 1989, la presse et les professionnels de l'automobile sont conviés à découvrir le site magnifiquement rénové. 10 000 m² carrelés et décorés de blanc, répartis sur trois niveaux, en une architecture intérieure claire et fonctionnelle, moderne qui deviendra classique. Seule entorse au contrat : le chauffage n'est pas encore mis en service, ce qui, en cette saison, ne manque pas de susciter quelques... frissons dans l'assistance ! Ce détail réglé, dès les premières semaines, des milliers de visiteurs viendront admirer les premières expositions au programme : "Balade dans les années 30", Motobécane (c'était bien la moindre des choses !), Facel Vega et Matra. Par la suite, le CIA honorera régulièrement les pionniers d'avant 1914, les grandes marques françaises d'avant et d'après-guerre (Hispano Suiza, Delahaye, Hotchkiss, Bugatti), la construction motocycliste et la compétition. Là encore, priorité aux marques françaises : Gordini, Renault, Alpine et aussi, aux pilotes de chez nous : Philippe Streiff, Jean Behra. Mais le CIA innove aussi au moyen de thèmes d'expositions périphériques tels que le design, les marques italiennes, les véhicules de pompiers, l'automobile dans la bande dessinée, "Cent Ans d'Affiches Automobiles" ou, au début 1993, les grands carrossiers français. 1990 connaît ainsi une floraison d'expositions, renouvelées tous les trois mois en moyenne. Un peu trop peut-être, puisque l'ambitieux programme de départ doit être révisé à la baisse.
A l'été 1992, Hervé Ogliastro reprend la présidence et nomme Daniel Gosparini "patron" du CIA. Le nouveau directeur est un gestionnaire habitué à maîtriser des situations financières bien plus complexes ; il se propose, sans états d'âme, de faire du CIA une affaire rentable, objectif que la billetterie ne suffisait pas à atteindre. Comment ? Eh bien, d'abord en économisant sur le train de vie de la maison et en développant les contacts avec le monde des affaires : le Centre, en effet, s'avère un merveilleux outil de relations publiques, pour des opérations et des entreprises automobiles, bien sûr, mais aussi dans d'autres domaines. L'avenir du CIA, dans cette dernière décennie du siècle dit de l'automobile, se jouera grâce à ces partenariats multiples. Le sujet est immense, le potentiel est à l'avenant. L'outil est là. Aux visiteurs le plaisir de rêver, d'apprendre et de revenir souvent dans ce lieu vivant, aux reflets changeants.
Commentaires du journaliste Jacques Vassal extraits du livre “Musées automobiles de France”
Devant la célèbre fresque des grands pionniers et constructeurs, l'équipe dirigeante du CIA au complet. De gauche à droite : Francis Ferez (directeur technique), Laurent Heriou (directeur des expositions et des manifestations extérieures), Sabine Dupont (assistante de direction), Jean-Pierre Meyniel (conservateur adjoint), Emmanuelle Casola (attachée de presse), Daniel Gosparini (directeur général), Philippe Lenfantin (conservateur), Hervé Ogliastro (président) et Odette Fau (directrice commerciale).
J’ai visité ce musée le 21 mars 1992.
Hotchkiss Type X 1909 – Hotchkiss AML Labourdette 1932
Hotchkiss Monteau 2050 1954 (la dernière) – Cottin-Desgouttes Type D 1910-12
figurine Rochet-Schneider 16500 1914 – figurine Cottin-Desgouttes Type D 1910-12
Contrairement à la majorité des musées, le CIA proposait aux visiteurs un spectacle toujours renouvelé sur des thèmes choisis. Les photos qui suivent, issues du livre “Musée automobiles de France”, représentent des autos en provenance de l’Europe entière, qui furent parmi les plus belles exposées pour un instant dans ce haut lieu de l’automobile.
Exposition Alfa Romeo : première Alfa, la 24 HP (4 cylindres, 4084 cc, 42 ch, 100 km/h, produite de 1910 à 1920 en 680 exemplaires) - Alfa Romeo 1800 B 1938 -
Alfa Romeo RL, vainqueur de la Targa Florio 1923 (6 cylindres, 95 ch, 160 km/h)
Alfa Romeo P2 – Alfa Romeo Tipo B dite B3
exposition Automobulles : Alfa Romeo Giulia – Ford T de Tintin au Congo
rétrospective Jean Behra : quelques-unes de ses voitures : BRM, Maserati, Maserati, Porsche – Gordini F2 (vainqueur du Grand Prix de Fiance le 29 juin 1952 à Reims)
exposition “Cabriolets et roadsters anglais” – rétrospective Delahaye
exposition carrossiers français : Hispano-Suiza skiff 1921 avec carrosserie en bois – Hispano-Suiza H6C landaulet 1927 par Binder – Delahaye 135 M Figoni-Falaschi 1937
Hommage à Giorgetto Giugiaro : Aztec, un des ses tout derniers prototypes – Lancia Medusa
hommage à Philippe Streiff qui paya un lourd tribu et à ELF sans qui la course ne serait pas ce qu’elle est -
voitures créées par Jean-Pierre Wimille, seulement 6 prototypes ont vu le jour entre 1946 et 1950
Hommage aux pilotes : fresque qui représente les pilotes les plus mythiques de l’histoire de la course automobile -
exposition les véhicules de pompiers : fourgon Laffly à moteur Delahaye -
vitrines à thèmes qui proposent des objets périphériques, comme des jouets anciens
Hispano-Suiza – Aerodimanica, rêve fou du comte Ricotti ,réalisée en 1914 par Castagna sur un châssis d’Alfa 40/60 HP – Amilcar Compound à coque alu de 1938 réalisée par Jean-Albert Grégoire
Vinot et Deguingand (marque de Puteaux) AM torpédo 1911 à moteur borgne –
Talbot-Lago T26 avec laquelle Pierre Levegh faillit battre les Mercedes aux 24 heures du Mans 1952 -
Jaguar SS 100 de 1938 ayant appartenu à l’ex-roi Michel de Roumanie
Delaunay-Belleville – Hommage à Hotchkiss : 686 GS3 cabriolet et 686 GS coach, respectivement vainqueurs du Monte-Carlo en 1939 et 1940
Opel 1913 qui s’attaque au record absolu de vitesse (4 cylindres, 12 l, 260 ch, 228 km/h) -
Utah, sorte de fusée sur roues, dessinée par Luigi Colani – Porsche 917/20, surnommée “le cochon rose”
Berlinetta Aerodinamica Tecnica (BAT) par Nuccio Bertone – Delage non restaurée dans une ambiance de garage
Déplacements du CIA : Mondial de (Automobile en 1992 sur le thème des voitures de prestige françaises –
Salon Rétromobile
Malheureusement, malgré ce concept de renouvellement permanent qui en faisait un musée différent où l’on pouvait revenir pour y voir autre chose, pas aidé par la mairie qui refusa toujours tout panneau indiquant la direction du musée, le Centre international de l'Automobile de Pantin a subi le même sort que de nombreux musées automobiles et a fermé le 28 décembre 2002 !
Même en Région Parisienne, les grands musées d’automobiles anciennes disparaissent. L’Île de France comptait neuf musées automobiles. Les deux plus importants ont fermé : Le Centre International de l’Automobile de Pantin (92) et la Colline de l’Automobile à La défense (92), ainsi que le musée Renault à Boulogne-Billancourt (92) ! Avec le CNAM (75) qui contient une section consacrée à l’automobile, le Conservatoire Citroën à Aulnay-sous-Bois (93), la collection de l’aventure automobile (anciennement CAAPY) consacrée à PSA à Carrières-sous-Poissy (78) que devrait bientôt rejoindre Citroën, le Conservatoire Automobile à Nangis (77), le musée automobile de Paris-Montlhéry (91) et la collection privée Legends Garage Museum Carrières à Moissy-Cramayel (77), six musées ou collections peuvent encore être visités.
Le Musée Renault à Boulogne-Billancourt avait ouvert en 1988 et s’était installé dans un hôtel particulier construit à la fin du XIXème siècle, propriété de "l'amicale du Groupe Renault". Le musée Renault présentait l'histoire de cette grande entreprise et comprenait sept salles et un vestibule.
On pouvait découvrir tour à tour un parcours thématique de l'histoire de l'entreprise, une salle consacrée à la compétition et aux randonnées africaines, une autre consacrée à l'un des fondateurs Louis Renault.
Le musée devrait renaitre modernisé et sous un concept nouveau : le "Parcours Renault".
Ouvert uniquement les mardis et jeudis de 14h00 à 18h00 et gratuitement, il a malheureusement fermé ses portes le 10 novembre 2016 !
Bonjour
RépondreSupprimerJe voulais signaler que le véhicule Bollée du musée de Sarlat (photo de gauche sur le site), tricycle à moteur à pétrole, a été conçu par Léon Bollée (cadet de la fratrie) frère d'Amédée (aîné de la fratrie) tous deux enfants d'Amédée Bollée père.
Simple détail qui a son importance. A vous de rectifier si vous le voulez bien.
Bonjour,
SupprimerMerci de votre commentaire.
Cela a effectivement de l'importance, ce sont des marques différentes comme en témoigne justement l'article que j'avais posté sur les marques "Bollée".
C'est corrigé.