Troisième étape de la visite de Lyon, avec cette fois le quartier le plus emblématique de la ville.
3) Le Vieux Lyon
Pris en étau entre la Saône et Fourvière sur plus d'un kilomètre de longueur,
le Vieux-Lyon se compose des quartiers St-Jean, au centre, St-Paul, au
nord, et St-Georges, au sud. Il est sillonné de ruelles à l'italienne, tout d'ocré et de rosé, et marie avec grande harmonie le Moyen Âge et la Renaissance autour de sa cathédrale.
C'était autrefois le centre de la cité, où se regroupaient toutes les corporations, notamment les ouvriers de la soie - on comptait 18.000 métiers à tisser à la fin du règne de François Ier. Négociants, banquiers, clercs, officiers royaux y habitaient de magnifiques demeures.
Près de 300 d'entre elles ont été conservées, formant un exceptionnel ensemble urbain de l'époque Renaissance. Dans ce secteur sauvegardé, on remarque la variété de la décoration de ces logis, le soin apporté à leur construction, et leur hauteur qu'explique le manque de place : ces maisons vieilles de quatre siècles ont fréquemment
quatre étages d'origine, car des étages supplémentaires furent très tôt ajoutés pour pouvoir exposer les métiers à tisser à la lumière. L'aspect des logis, reflétant la date de leur construction, échelonnée du 15ème au 17ème siècle, permet de distinguer plusieurs styles.
Les maisons fin gothique se signalent par l'élégante décoration de leur façade de style flamboyant : arcs polylobés ou en accolades, fleurons, gables sculptés et ornés de crochets. Les fenêtres s'ordonnent souvent sur un rythme dissymétrique. Un couloir voûté d'ogives conduit à une cour intérieure où une tourelle d'angle abrite l'escalier à vis.
Les maisons Renaissance fleurie sont les plus belles et les plus nombreuses. La structure n'a pas changé, mais l'ensemble de la construction est plus important. De nouveaux détails décoratifs, d'inspiration italienne, apparaissent. Les tourelles d'escalier, polygonales, sont d'une parfaite exécution. Chaque cour possède ses galeries superposées, à arcs surbaissés.
Les maisons Renaissance française sont moins nombreuses. On y relève le retour à la référence classique avec l'apparition des ordres antiques. Le célèbre architecte Philibert Delorme, d'origine lyonnaise, lance ce nouveau style avec sa galerie sur trompes, 8 rue Juiverie. L'escalier, souvent rectangulaire, est établi au centre de la façade.
Les maisons fin 16ème siècle et préclassiques se signalent par la rigueur des lignes. La décoration des façades se concentre au rez-de-chaussée : frontons triangulaires avec claveau central en relief, appareil en bossage. Les galeries sur cour trahissent une influence florentine avec leurs arcades en plein cintre reposant sur des colonnes rondes.
Le Vieux-Lyon se caractérise notamment par ses nombreuses traboules (du latin transambulare, circuler à travers), comme celles entre la rue St-Jean, la rue des Trois-Maries et le quai Romain-Rolland, la rue St-Georges et le quai Fulchiron. Faute de place pour aménager un large réseau de rues, ces passages perpendiculaires à la Saône relient les différents immeubles. Ces couloirs sont souvent voûtés d'ogives ou ornés de plafonds à la française, et donnent accès à des cours intérieures à galeries Renaissance.
Quartiers Saint-Jean et Saint-Paul
Place Saint-Jean : Au centre se dresse une fontaine à quatre vasques surmontée d'un petit pavillon ajouré abritant la scène du baptême du Christ. Elle est bordée à l'est par la primatiale St-Jean et la manécanterie.
Primatiale Saint-Jean : Commencée au 12ème siècle, la cathédrale ou « primatiale » (siège du primat) St-Jean est un édifice gothique, élevé à partir d'une abside romane. Elle se signale extérieurement par ses quatre tours, deux en façade et deux sur les bras du transept, qui dépassent de peu la hauteur de la nef. Les lignes horizontales de la façade sont mises en valeur par les gables aigus (panneaux de pierre surmontant les portails) et la pointe du pignon central, surmonté d'une statue du Père éternel. Les trois portails à gables et quadrilobes (motifs décoratifs en arcs de cercles) étaient ornés de statues, détruites pendant les guerres de Religion par les troupes du baron des Adrets; mais les piédroits ont conservé leur remarquable décoration du début du 14ème siècle. Plus de 300 médaillons forment une suite de scènes historiées : au portail central, les Travaux des mois, le Zodiaque, l'histoire de saint Jean-Baptiste, la Genèse; au portail de gauche, les histoires de Samson, de saint Pierre et l'Apocalypse; à droite, la légende de Théophile.
À l'intérieur, on remarque l'absence de déambulatoire qui caractérise les églises du Lyonnais. La nef avec ses voûtes d'ogives sexpartites retombant sur de fines colonnes engagées, présente une belle unité gothique. Le chœur constitue avec l'abside la partie la plus ancienne de l'église : la construction du soubassement date du 12ème siècle. La décoration de l'abside est un exemple typique de l'art roman dans la vallée du Rhône. Sur le pourtour de l'abside, une série de pilastres (piliers) cannelés supporte une arcature aveugle, surmontée d'une frise de palmettes (ornements en forme de palmiers) en incrustations de ciment brun-rouge. Deux autres frises de même style se développent au-dessus et au-dessous du triforium qui, avec ses pilastres et son arcature en plein cintre (en forme de demi-circonférence), contraste avec celui, gothique, de la nef. Le trône de l'évêque est adossé au mur de l'abside. On remarque, au-dessus du simple pilastre qui lui sert de dossier, un petit chapiteau roman représentant le Christ. Des vitraux du début du 13ème siècle garnissent les fenêtres basses du chœur. Les médaillons de la fenêtre centrale, consacrés à la Rédemption, sont les plus remarquables. Les vitraux des fenêtres hautes (13ème siècle), très restaurés, montrent des figures de prophètes. Les roses du transept et la grande rose de la façade portent des verrières gothiques. Dans le croisillon gauche, une horloge astronomique remontant au 14ème siècle, donne une curieuse sonnerie dite de « l'hymne à saint Jean », avec chant du coq et jeu d'automates représentant l'Annonciation (en panne). La chapelle des Bourbons, de la fin du 15ème siècle, présente une parure flamboyante d'une remarquable finesse. Le Trésor situé au premier étage de la manécanterie, présente des pièces d'orfèvrerie religieuse (coffret en ivoire byzantin du 12ème siècle, émaux limousins du 13ème), des objets et ornements liturgiques ayant appartenu au cardinal Fesch, des tapisseries d'Aubusson et des Flandres du 17ème siècle.
nef - chœur – chaire de l’évêque
Manécanterie : sur la place St-Jean, à droite de la façade, s'élève un édifice du 12ème siècle, la manécanterie ou maison des chantres. Enfoncée de 0,80 m par suite de l'élévation du sol, la façade, décorée d'une arcature aveugle, surmontée d'incrustations de brique rouge, de colonnettes et niches à personnages, a conservé, malgré des remaniements, une allure romane.
Jardin archéologique : Sur le site de l'église St-Étienne, au nord de l'actuelle primatiale, ont été mis au jour les vestiges de plusieurs édifices qui se sont succédé depuis le 4èmee siècle : thermes gallo-romains, baptistère paléochrétien, arcade de l'église Ste-Croix (15ème).
Rue Saint-Jean : C'était l'artère principale du Vieux-Lyon, empruntée par les cortèges royaux et les processions religieuses. Juste à droite, l'ancien « hôtel de la Chamarerie » au n° 37, fut édifié au 16ème siècle pour le chamarier de la primatiale, responsable de la surveillance du cloître. Sa façade, remaniée au 19ème siècle, est de style gothique flamboyant.
Maison des Avocats : Avec ses galeries à arcades reposant sur des colonnes massives et ses dépendances revêtues de crépi rosé, elle forme, côté rue de la Bombarde, un bel ensemble du 16ème siècle, d'inspiration italienne. Elle abrite aujourd'hui, sur cinq niveaux, le musée Miniature et Cinéma. Ce musée de l'imaginaire laisse la part belle au septième art. Immergé dans la pénombre, le visiteur apprend tout de la préparation d'un long-métrage : secrets de caméra, élaboration des décors, des effets spéciaux… Entre vitrines et reconstitution grandeur nature, 300 objets originaux sont exposés, agrémentés de panneaux, maquettes, projections de films. Côté miniatures, une centaine d'œuvres d'artistes sont exposées « à la loupe» : mobiliers, maisons de poupées, scènes lyonnaises (intérieur d'un bouchon, d'un atelier de canut, de la prison Saint-Paul), origamis (dont l'arche de Noé), Au dernier étage, le passage devant la vitrine de l'atelier de restauration (en activité) clôt une visite riche et didactique.
En poursuivant rue St-Jean, on remarque au n° 58 le puits à voûte tripartite. Le n° 54 ouvre sur la plus longue traboule du Vieux-Lyon qui traverse cinq cours avant d'aboutir au 27 rue du Bœuf. Le n° 52 était la résidence de l'imprimeur Guillaume Leroy (fin 15ème siècle). Il comporte un escalier à vis logé dans une tour ronde dont les baies s'appuient sur des arcs rampants. Le n° 50 est un bel exemple rénové d'une cour ornée de galeries et d'un escalier à vis. On retrouve les mêmes éléments au n° 42, qui a conservé un ancien passage en encorbellement supporté par des consoles sculptées. Au n° 36, maison de la fin du 15ème siècle, où une tour polygonale abrite l'escalier à vis, les clefs de voûte des galeries sont ornées d'écussons aux deux premiers niveaux, et le puits est couvert d'un dais en coquille orné de perles.
Rue des Trois-Maries : elle tire son nom de la niche ornant le fronton du n°7, et abritant une statue de trois femmes mentionnées dans les évangiles, Marie-Madeleine, Marie-Jacobé et Marie-Salomé. Du côté impair s'ouvrent de nombreuses traboules qui descendent vers la Saône; le n° 9, par exemple, donne sur le 17 quai Romain-Rolland. Au n° 5, autre niche, à coquille, montrant une Vierge à l'Enfant. Le n° 3 est un bel immeuble Renaissance française dont l'escalier, au centre de la façade, est surmonté d'une tour.
Au n°27 rue Saint-Jean, on remarque les fenêtres à meneaux encadrées de pilastres cannelés. Le n°28 cache une magnifique cour ; son imposante tour renferme un escalier à vis ; les voûtes d'une des galeries sont ornées de décors surprenants. Le n°24 est l'hôtel Laurencin ; une tour octogonale, crénelée au niveau supérieur, abrite l'escalier à vis. Les loggias des galeries superposées sont voûtées sur croisées d'ogives.
Place du Change : À l'origine place de la Draperie, elle fut, aux 15ème et 16ème siècles, fréquentée par les changeurs de monnaie. La loge du Change est pour une grande part l'œuvre de l'architecte Soufflot qui transforma l'édifice d'origine de 1747 à 1750 : à l'étage, des colonnes engagées sont surmontées de chapiteaux ioniques et d'entablements sculptés. Depuis 1803, le bâtiment est affecté au culte de l'Église réformée. Au n° 2, en face, la maison Thomassin possède une façade édifiée au 15ème siècle dans le style du 14ème : au 2e étage, les baies accolées par des meneaux et se terminant par des arcs trilobés s'inscrivent dans des arcs en ogive où apparaissent des blasons.
loge du Change – maison Thomassin
Rue Lainerie : Peu homogène, elle a conservé quelques maisons intéressantes côté pair. Le n° 18, par exemple, présente un superbe couloir voûté dont les ogives retombent sur des culs-de-lampe sculptés. Au n° 14, la maison de Claude de Bourg a été construite en 1516 pour ce riche magistrat lyonnais et présente une façade fleurie très caractéristique avec ses accolades abondamment sculptées. À hauteur du 2ème étage, une niche d'angle à coquille abrite une Vierge. On peut rejoindre, sur la droite, la rue Louis-Garrand où est situé le théâtre de Guignol.
maison de Claude de Bourg – théâtre de Guignol
La rue Lainerie se termine par la place St-Paul avec la gare et, un peu en retrait, l'église éponyme qui se confond avec les bâtiments.
Rue Juiverie : Les Juifs en furent expulsés à la fin du 14ème siècle ; les banquiers italiens, qui s'y installèrent, firent élever de somptueuses demeures. Au n° 8, la 2ème cour de l'hôtel Bullioud s'orne de la célèbre galerie de Philibert Delorme, avec sa frise dorique richement décorée, des trompes soutenant les pavillons d'angles décorés à l'antique. Il édifia ce joyau de l'architecture de la Renaissance française à Lyon en 1536, à son retour de Rome. La façade Renaissance de la maison d'Antoine Groslier de Servières au n°10 présente, au rez-de-chaussée, cinq arcades surmontées de frontons en marbre noir, triangulaires ou brisés. Le n° 21 se distingue par ses fenêtres accolées aux frontons cintrés. Son sous-sol cache une cave gallo-romaine. Entre les nos 16 et 18, la pittoresque ruelle Punaise, pentue, rejoint la montée St-Barthélemy ; au Moyen Âge, elle servait d'égout à ciel ouvert. Au n° 20, une maison construite par un gentilhomme prospère du 15ème siècle. La façade est ornée de fenêtres à meneaux flanquées de colonnettes. Dans la cour, on remarque la tour qui abrite un escalier à vis, et les galeries voûtées d'ogives. Le n° 22, ladite maison Baronat possède une tourelle d'angle en encorbellement surplombant la montée du Change. Au n° 23, à l'angle formé avec la rue de la Loge, s'élève la maison Dugas dont la longue façade est ornée de bossages et de têtes de lions.
ruelle Punaise - maison d'Antoine Groslier de Servières – maison Baronat
Au sud de l'hôtel de Gadagne (musée non visité), s'ouvre la montée du Garillan.
Rue du Bœuf : Elle doit son nom à une statue de bœuf, enseigne attribuée à M. Hendricy et située à l'angle de la place Neuve-St-Jean, mais il n'y a pas besoin d'être naturaliste distingué pour remarquer qu'il s'agit en fait d'un taureau ! La rue présente de beaux ensembles Renaissance, parfois occupés par des établissements hôteliers haut de gamme. Au n° 6, l'hôtel « La Cour des Loges » occupe un bel ensemble restauré de quatre immeubles. Le n° 14 donne sur une cour à tour polygonale et galeries dont les arcs suspendus sont surmontés d'une frise grecque. Au n° 16, la maison du Crible du 17ème siècle, possède un riche portail à bossages et colonnes annelées (ornements composés d'anneaux), dont le fronton est orné d'une petite Adoration des Mages, attribuée à Jean de Bologne. Une allée voûtée d'ogives reposant sur des culs-de-lampe sculptés mène à une cour intérieure dont l'élégante tour ronde, aux ouvertures décalées, doit à son célèbre crépi le nom de « Tour rose ».
rue du Bœuf (c’est un taureau !) – cour des Loges
Place Neuve-Saint-Jean : Cette ancienne rue, transformée en place sous le Consulat, est signalée à une extrémité par l'enseigne de la rue du Bœuf et à l'autre par une niche qui abrite une statue de saint Jean-Baptiste. Au n° 4, en retrait, une vaste demeure avec un bel escalier sur arcs rampants correspondant à des galeries à arcs surbaissés.
statue de Saint Jean-Baptiste – maison
La maison de l'Outarde d'Or, dans la rue du Bœuf, se signale, au n° 19, par son enseigne en pierre sculptée ; la cour est surtout intéressante par ses deux tourelles : l'une, ronde, sur trompe, l'autre, en encorbellement, de section rectangulaire sur une pyramide renversée. Le n° 27 est la traboule la plus longue (qui communique avec le 54 rue St-Jean). Le n° 36 s'ouvre sur une belle cour ornée de galeries restaurées; il est intéressant de les comparer (en se retournant) à celles du n° 38, restées obturées par des constructions parasites. La plupart des galeries avaient été fermées avec la paupérisation du quartier, pour gagner de la place et une meilleure isolation.
galeries restaurées – galeries obstruées – fresque
Quartier Saint-Georges
Place de la Trinité : Rendue célèbre par le décor de Guignol, la maison du Soleil agrémente la place d'un charme vieillot ; les niches d'angle de sa façade abritent, à droite, la statue de saint Pierre, à gauche, celle de la Vierge. L'emblème du soleil surmonte une fenêtre à meneaux plats au 1er étage.
maison du Soleil – immeuble avec décors de Guignol
Montée du Gourguillon : C'était au Moyen Âge la voie couramment empruntée par les charrois se rendant en Auvergne par les pentes de Fourvière ; on a peine à imaginer les lourds équipages gravissant une côte aussi raide. C'était également la communication directe entre le cloître St-Jean des chanoines-comtes et St-Just, la ville fortifiée des chanoines-barons. Au n° 2, maison Renaissance. Un peu plus haut, l'impasse Turquet (à gauche) est plutôt pittoresque avec ses galeries de bois. Puis, dans les pentes de la rue Armand-Caillat, belle vue sur les toits de la ville derrière un rideau d'arbres.
montée du Gourguillon – impasse Turquet
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