Le château de Vaux-le-Vicomte a été édifié par Nicolas Fouquet (1615-1680), surintendant des finances de Louis XIV, entouré de trois artistes : l’architecte Louis Le Vau, le jardinier André Le Nôtre et le peintre-décorateur Charles Le Brun. Unis par un génie fraternel, ils réalisent ensemble la plus parfaite harmonie entre architecture et paysage du 17ème siècle.
Le hasard a fait que cette année 2015 célébrait les 400 ans de la naissance de Nicolas Fouquet !
D'une famille de robe, Nicolas Fouquet, entré au Parlement de Paris à 20 ans, est devenu procureur général de cette haute juridiction, puis surintendant des Finances sous Mazarin. Les habitudes de ce temps et l'exemple du cardinal lui font user, sans retenue, pour son propre compte, des ressources de l'État. Il a des hommes à lui partout et s'attache, par des services d'argent, les plus hauts personnages. Enivré de sa puissance, il a pris comme devise : « Quo non ascendam » (jusqu'où ne monterai-je pas ?) et, pour armes, un écureuil. En 1656, Fouquet décide de faire bâtir, dans sa seigneurie de Vaux, un château qui atteste sa réussite. Faisant preuve d'un goût excellent, il appelle auprès de lui trois grands artistes : Louis Le Vau, architecte, Charles Le Brun, décorateur, André Le Nôtre, jardiniste. Son choix n'est pas moins sûr dans les autres domaines : Vatel est son majordome et il s'est attaché La Fontaine. Les constructeurs ont reçu carte blanche. 18 000 ouvriers travaillent aux chantiers. Trois villages sont rasés. Le Brun crée un atelier de tapisserie à Maincy - transporté à Paris après la chute de Fouquet, il deviendra la Manufacture royale des Gobelins. En cinq ans, tout est terminé : un chef-d'œuvre est né que Louis XIV voudra surpasser à Versailles.
Dès son inauguration lors de la fête célèbre du 17 août 1661, Vaux-le-Vicomte devient le modèle dont l’Europe entière s’inspirera.
Cette réception est d'une splendeur inouïe, la table du roi est garnie d'un service d'or massif, détail qui irrite le roi, car il a dû envoyer sa propre vaisselle à la fonte pour faire face aux dépenses de la guerre de Trente Ans !
Après un repas où Vatel s'est surpassé, les divertissements commencent dans les jardins animés par 1 200 jets d'eau et des cascades. Ce sont des ballets champêtres, des concerts, des joutes sur l'eau, des loteries dont tous les numéros sont gagnants. Dans un théâtre de verdure, Molière et sa troupe jouent, pour la première fois, une comédie-ballet, « les Fâcheux ».
Le roi, blessé dans son orgueil par ce faste et ce raffinement qui dépassent ceux de la Cour, est sur le point de faire arrêter Fouquet sur-le-champ. Mais Anne d'Autriche l'en dissuade.
19 jours plus tard, le surintendant est sous les verrous. Ses biens sont séquestrés. Louis XIV prend à son service les artistes qui ont édifié Vaux et bâtiront Versailles. Après trois ans de procès, Fouquet est condamné au bannissement, peine changée par le roi en prison perpétuelle. Quelques rares amis sont restés fidèles à l'homme tombé : Mme de Sévigné, La Fontaine qui écrit l'« Élégie aux Nymphes de Vaux ».
Mme Fouquet, créancière de son mari pour sa dot, recouvre le château. A la mort de son fils, le domaine est acheté par le Maréchal de Villars en 1705. Vendu en 1764 au duc de Choiseul-Praslin, ministre de Louis XV, le domaine franchira la Révolution sans trop de dommage.
En juillet 1875, un grand industriel, Alfred Sommier, acquiert Vaux, le restaure, le remeuble et remet le parc en état. Ses héritiers (Patrice et Cristina de Vogüé, épaulés par leurs enfants Jean-Charles, Alexandre et Ascanio) continuent son œuvre.
Le parc de Vaux-le-Vicomte s’étend sur 500 hectares et comprend le château, le musée des équipages et les jardins à la française.
Horaires : tous les jours du 8 mars au 8 novembre 2015 (jours fériés inclus) de 10h à 18h
Tarifs 2015 : 16,50 €, enfant de 6 à 15 ans : 10 €, tarif réduit (étudiants, plus de 65 ans, chômeurs) : 13,50 €, jardin seul : 8,50 €
Site web : http://www.vaux-le-vicomte.com/
Le musée des équipages
Dans les dépendances ouest du château, le musée des équipages présente dans des décors sur les thèmes de la ville, de la campagne et de la chasse, de magnifiques voitures anciennes avec l’ensemble de leurs équipages, des carrosses et des attelages, avec leurs chevaux harnachés, des cochers, valets et autres passagers, des harnachements, des selles, une forge.
char romain – dormeuse circa 1805 – wourch
chaise de poste – chaise à mules – coureuse
calèches – demi-mail phaéton et briska de voyage – voiture à gibier et voiture àorangers
poney-chaise – petit duc de dame et poney petit duc – harnachements
berline de ville – calèche et grand coupé de gala – coupé Muhlbacher à Paris
Le château
Le château est érigé sur une terrasse entourée de douves, formant socle au-dessus des jardins. La façade Nord - côté de l'arrivée - est imposante sans monotonie : on peut remarquer la surélévation du rez-de-chaussée et la hauteur de ses fenêtres désignant l'« Étage noble ». L'ensemble est caractéristique de la première période de l'architecture Louis XIV.
Du vestibule d'entrée, ouvrant par des portes vitrées sur le Grand salon et la perspective des jardins, on monte au 1er étage pour visiter les petits appartements de M. et Mme Fouquet.
Antichambre de Fouquet : grand bureau en ébène incrusté de filets de cuivre doré – cabinet de Fouquet – chambre de Fouquet
cabinet de Mme Fouquet – salon de La Fontaine
chambre Louis XV : mobilier d’époque (grand lit à baldaquin signé F. Leroy) – chambre Praslin
Retour au rez-de-chaussée. C’est là que se trouvent les décors les plus baroques et les plus remarquables. Le mobilier, les tapisseries, les bronzes, statues et bustes sont mis en scène afin que le visiteur puisse continuer à déambuler dans l’intimité d’un château dont l’agencement et le décor furent si novateurs en son temps.
grande chambre carrée : seul aménagement Louis XIII du château avec son plafond à la française – salon des muses
salon d’Hercule : l'Entrée d'Hercule à l'Olympe, statue équestre de Louis XIV par Girardon, maquette en bronze du monument de la place Vendôme, disparu à la Révolution - son plafond
bibliothèque : ancienne antichambre, beau mobilier Régence - Chambre du roi : Elle fait suite à la bibliothèque. Son décor en fait un modèle de style Louis XIV, annonçant les Grands appartements de Versailles. Au centre du plafond, Le Brun a figuré « Le Temps enlevant au Ciel la Vérité » ; les stucs sont de Girardon et Legendre. Sous la corniche du plafond court une frise de palmettes alternant avec de minuscules écureuils – cabinet de toilette
Chambre du Maréchal - Salle des Buffets (sans doute l’ancienne salle à manger de Fouquet) : communiquant avec un passage lambrissé et décoré de peintures, où des dressoirs recevaient les corbeilles de fruits, les plats apportés des lointaines cuisines
L’homme au masque de fer dont l’identité ne fut jamais révélée fut emprisonné à la forteresse de Pignerol en 1669, où était enfermé Fouquet qui l’a peut-être connu ?
Au sous-sol :
Les cuisines (utilisées jusqu'en 1956), dont la salle à manger du personnel, avec sa table dressée – les caves
Les jardins à la française
Vaux le Vicomte est l’œuvre fondatrice du jardin à la française. Grâce à Nicolas Fouquet, le célèbre jardinier André Le Nôtre obtient, dès 1641, la possibilité de manifester toute l’étendue de son génie. Il rassemble pour la première fois à grande échelle l’ensemble des acquis techniques, scientifiques et artistiques de son temps en matière de jardin.
Le Jardin de Vaux le Vicomte s’ordonne autour d’une perspective génialement maîtrisée, longue de plus de trois kilomètres. En composant la mise en scène du château et de son écrin dans l’espace de 40 hectares taillé au cœur de la nature, André Le Nôtre et Louis le Vau réalisent la plus parfaite harmonie entre architecture et paysage de tout le 17ème siècle.
A l’extérieur, deux parcours de promenades vous guident pour ne rien manquer des mille et une subtilités composant les jardins.
Les jardins de Le Nôtre, reconstitués par Alfred Sommier, valent surtout pour leurs perspectives. Ils ménagent plusieurs « effets », en particulier la surprise de miroirs d'eau invisibles du château.
Prendre d'abord du recul sur la terrasse supérieure pour embrasser la façade Sud du château : la rotonde centrale et sa coupole à lanterne ; les pavillons d'angle, plus développés que sur la façade Nord, la décoration de l'avant-corps surmonté de statues composent un ensemble majestueux, non sans lourdeur.
Au cours de la promenade, on longe d'abord les deux parterres de broderie dit « le Boulingrin ».
Les trois principales lignes d'eau - douves du château, bassins allongés des « canaux », Grand canal - apparaissent, au dernier moment, de façon assez théâtrale. Mystification accordée au goût de l'époque, l'architecture des Grottes semble reposer sur la bordure du dernier bassin carré, au centre de la perspective, le vallon du Grand canal échappant au regard. On atteint la rive du Grand canal, dit encore « la Poêle » à cause de son extrémité arrondie, par une rapide descente, à hauteur des Petites cascades et face à l'architecture des Grottes : les niches extrêmes abritent deux dieux-fleuves, l'un des vestiges les plus importants de la statuaire du 17ème siècle à Vaux, en qui Mlle de Scudéry voulait reconnaître le Tibre et l'Anqueuil (nom local du ruisseau de l'Almont).
Contournant la Poêle, monter au pied de la statue de l'Hercule Farnèse qui termine la perspective. Du dernier bassin (la Gerbe), vue d'ensemble du château et du parc.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire