dimanche 15 septembre 2013

Dictées de l’association Pour la promotion de Bléville et de Dollemard

Récapitulation de toutes les dictées de l’association auxquelles j’ai participé depuis le 18/10/2008.
 
Dictée du 14/09/2013 :
C'est sur la grève de la pleine mer, entre le château et le Fort Royal, que se rassemblent les enfants ; c'est là que j'ai été élevé, compagnon des flots et des vents. Un des premiers plaisirs que j'aie goûtés était de lutter contre les orages, de me jouer avec les vagues qui se retiraient devant moi, ou couraient après moi sur la rive. Un autre divertissement était de construire, avec l'arène de la plage, des monuments que mes camarades appelaient des fours. Depuis cette époque, j'ai souvent vu bâtir pour l'éternité des châteaux plus vite écroulés que mes palais de sable.
Mon sort étant irrévocablement fixé, on me livra à une enfance oisive. Quelques notions de dessin, de langue anglaise, d'hydrographie et de mathématiques, parurent plus suffisantes à l'éducation d'un garçonnet destiné d'avance à la rude vie d'un marin.
Je croissais sans étude(s) dans ma famille ; nous n'habitions plus la maison où j'étais né : ma mère occupait un hôtel, place Saint-Vincent, presque en face de la porte qui communique au Sillon. Les polissons de la ville étaient devenus mes plus chers amis : j'en remplissais la cour et les escaliers de la maison. Je leur ressemblais en tout ; je parlais leur langage, j'avais leur façon et leur allure ; j'étais vêtu comme eux, déboutonné et débraillé comme eux ; mes chemises tombaient en loques ; je n'avais jamais une paire de bas qui ne fût largement trouée ; je traînais de méchants souliers éculés, qui sortaient à chaque pas de mes pieds ; je perdais souvent mon chapeau et quelquefois mon habit. J'avais le visage barbouillé, égratigné, meurtri, les mains moites. Ma figure était si étrange que ma mère ne pouvait s'empêcher de rire et de s'écrier : « Qu'il est laid ! »
 
Dictée du 30/03/2013 :
C'est très tôt dans sa vie que le petit Luc découvre le monde par le jeu. Comme pour tous les bébés du monde, jouer devient tout de suite pour lui sa première activité. L'éléphant Babar, la célèbre girafe en caoutchouc, baptisée Sophie, les ours en peluche et les nombreuses poupées accompagnent ses premiers ébats.
Très vite, ce tout-petit explore le monde avec des gestes maladroits et joue avec tous les objets à sa portée. Il assemble inlassablement des cubes, des boules, des morceaux de bois, de carton ou de plastique sous l'œil attendri mais vigilant de ses parents et de sa famille.
Venue l'heure des culottes courtes dans les années mille neuf cent soixante-dix (mille-neuf-cent-soixante-dix, mil neuf cent soixante-dix, mil-neuf-cent-soixante-dix*), désormais enfant des écoles maternelle puis primaire, le jeune Luc s'adonne aux mille et un (mille-et-un*) jeux des cours de récré. Aux plus sages convenaient les billes, les toupies virevoltantes et les morpions, aux plus turbulents, les cache-cache (cachecaches*) et les colin-maillards et, enfin, aux plus artistes, les clowneries et autres facéties. Luc, lui, les a tous pratiqués avec entrain, dextérité et talent.
Luc le lycéen, aficionado de jeux aussi hétéroclites que le bridge, le poker, le jacquet, le quatre-vingt-et-un, en maîtrisait (maitrisait*) sans difficulté les arcanes les plus obscurs. Concilier échecs et maths (math) sur les bancs du lycée n'était pourtant pas des plus simple ! Quels qu'aient été le jeu et ses adversaires, il était quasi sûr de le gagner haut la main et de les mettre capot. Heureux héritier de gènes d'exception, c'est tout naturellement qu'il jouait franc jeu, sans traficotage aucun, avec un aplomb à toute épreuve.
Régis MALDAMÉ
* : Variantes acceptées avec la “nouvelle orthographe”
 
Dictée du 19/01/2013 :
Mens sana in corpore K.-O.
L'aîné a quinze ans, le cadet treize, et ils partagent tout : cheveux carotte, teint hâve, taches de son (ces mystérieuses éphélides), vilaine acné. Et quand il n'y a pas cours, loin de goûter au plein air, ils jouent et jouent encore à longueur de journée. Jeux d'adresse, jeux de construction, jeux de stratégie, jeux de réflexion, jeux de rôle (rôles) : dans l'art de s'adonner aux activités ludiques, ils sont passés maîtres. Jugeons plutôt. Le coffret des tours de magie n'a plus de secret pour eux. Les arcanes du meccano (Meccano) ne leur sont pas davantage inconnus. Avec l'éducatif « Chimie sans danger », ils mènent aisément à leur terme, en parfaits petits Nobels (nobels), les cent une expériences proposées. À ce jeu de semailles, voisin de l'awalé pratiqué en Afrique, que leur a rapporté papa d'un séjour à Hô Chi Minh-Ville (Hô Chi Minh-Ville), l'ancienne Saigon, ils triomphent sans effort de n'importe quel adversaire. Aux échecs encore, où il leur arrive d'affronter des cadors, ils usent insolemment du roque et du gambit. Et à divers jeux vidéo de qualité, enfin, ils se révèlent les rois du joystick, dit aussi manche à balai. « Très bien, les frérots, mais peut-être serait-il temps de vous bouger un peu ! C'est pourquoi moi, maman, j'ai choisi de vous inscrire au club de gym. Demain, engins, m'a confié l'instructeur, avec anneaux et cheval d'arçons (cheval-d'arçons), ainsi que maniement d'haltères en vinyle adaptés à votre âge. Inutile de vous rappeler, à vous deux, cracks en géo, l'œil si souvent fixé sur tel ou tel planisphère, que vos notes en éducation physique sont à peu près équivalentes au nombre de degrés de latitude Sud (sud) ou Nord (nord) d'un parallèle directement voisin de l'équateur !»
Les enfants se le tiennent pour dit, tout en affichant la mine des mauvais jours. Faire travailler ses neurones, ô combien entraînés dans leur cas, c'est d'ac, mais mouvoir son corps, remuer sa carcasse, ah (ha) ça non, pas question ! Au point que l'un et l'autre pourraient faire leurs ces paroles ironiques de sir Winston Churchill : « Le secret de ma santé ? (bon mot que les deux jeunes détourneraient en : le secret pour prendre son pied ?) Le sport ! Oh (Ho) oui, jamais de sport ! »
Olivier DAMI
 
Dictée du 17/11/2012 :
Une dictée très classe
Chaque année revient le même cauchemar : à la Sainte-Ingrid me rattrape l'éphéméride ! Très cruelle, en l'occurrence : dès six heures et demie, les réveille-matin (1) ont tintinnabulé, leurs résonances aiguës (2) se sont frayé tant bien que mal un chemin vers mes neurones ankylosés. Allez, il faut que je m'extraie du lit... « Va te laver, dépêche-toi ! » s'époumonent mes parents dans la maison encore tout assoupie. Plus d'un serait irascible, je suis juste à mille lieues de ces vicissitudes : aussi zigzagué-je prudemment dans cet entrelacs de couloirs à peine distinguables. Après quelque deux mois de vacances, c'est bien la première fois que je me lève pataud !
Dans la cuisine m'attend le petit-déj' infatigablement préparé par mon père : jus d'orange glacé et gelée de coing(s) ; avant que je ne m'assoie, un nes passe devant moi, avec ses effluves corsés. J'hallucine : ma sœur squatte la salle de bain(s) en s'oignant consciencieusement de crèmes cannelle ou marronnasses - l'acné est passée par là : un vrai martyre pour elle ! Après une douche express, j'enfile un jean (jeans) et, près de quitter mes pénates bien-aimés, j'emporte pour mon quatre-heures cette espèce de gros scone imposé par ma mère.
 
(1) Les suggestions de la nouvelle orthographe n'ont été prises en compte que quand elles figuraient en caractères gras dans les entrées des Petit Larousse et Petit Robert, ce qui n'était pas le cas, ici, du pluriel réveille-matins. Seule l'invariabilité a donc été acceptée.
(2) Même remarque pour aiguës.
 
Dictée du 20/10/2012 :
Informatique
Au premier abord, quoi qu'on en dise, l'informatique n'est pas une discipline si déroutante.
Procurez-vous du matériel, tels un écran, un clavier et une souris, puis quelques logiciels, dont vous vous êtes évidemment acquitté(s) de la licence au préalable, et le tour est joué. Dès lors, votre éditeur de texte(s) vous aidera à composer de jolis tapuscrits justifiés. Quand bien même, fainéant(s) ou complexé(s), opportuniste(s) quoi qu'il en soit, vous utiliseriez le correcteur orthographique, méfiez-vous-en ! Votre bon sens et votre jugeote sont seuls capables de déjouer certaines chausse-trap(p)es de notre langue ardue et néanmoins bien-aimée.
Mais j'avoue que si l'on s'y intéresse d'un peu plus près, elle s'avère déconcertante. Les souris, confondues ici-bas avec les mulots, ne chicotent plus, mais sont reconnaissables à leurs agressifs doubles-clics. Quant à la Toile, les épeires et les tégénaires y seraient quelque peu désorientées, ne trouvant au mieux que des bugs à se mettre sous la chélicère. J'en profite pour vous mettre en garde. Ne désinstallez pas votre pare-feu sur-le-champ, car vous feriez la joie des hackers hors la loi qui s'empresseraient, aussitôt la faille décelée, dans le seul but d'être reconnus voire médiatisés, de s'introduire frauduleusement dans votre système. Ne soyez pas non plus parano(s) et jouissez pleinement de votre navigateur. Téléchargez-y en quelques clics, grâce à vos favoris, des pages Web vous entraînant à l'autre bout du monde, sur des sites néo-zélandais, portoricains ou sri lankais. Reste à savoir si ces voyages filaires forment toujours la jeunesse !

  • 4 fautes : 1 faute sur double-clics et 6 demi-fautes sur toile, hors-la-loi, web, porto-ricains et sri-lankais.  
peire_thumb2 tgnaire_thumb2
épeire - tégénaire
 
Dictée du 22/09/2012 :
Une passion coupable
(1993)
D'où lui venait cet intérêt pour la bande dessinée, on n'en savait rien. Toute petite, avant même qu'elle sût lire couramment, elle s'était enflammée pour les exploits d'un journaliste aux cheveux orange, au point d'apprendre par cœur les vingt et un albums de la collection. D'emblée, l'avaient attirée les personnages les plus excentriques : le capitaine qui se soûlait (saoulait) deux fois plutôt qu'une ; le savant dont l'immortel pendule indiquait invariablement l'ouest ; sans oublier ces détectives, plus volubiles que futés, dont le héros se serait volontiers débarrassé ! Plus tard, s'étaient succédé, au hasard des raids dans la bibliothèque paternelle, l'employé nonchalant qui prenait son bureau pour un polochon, les gnomes bleu ciel et leur mystérieux jargon, le gros plein de soupe qui faisait toujours bonne chère... Notre lectrice faisait ses choux gras de tout. Non que lui échappât l'extravagance de certaines intrigues mais, si artificiels que lui parussent les épilogues, elle les jugeait toujours préférables à ces descriptions, pour tout dire rasoir, qui défiguraient la plupart des romans. Certes, ses professeurs s'offusquaient de ce détestable penchant mais n'en faisaient-ils pas autant, en tapinois ? Les adultes, c'est bien connu, sont capables de tout...
  • 1 faute 1/2 commises sur fûté et rasoirs  

S’agissant bien sûr de la BD Tintin en début de texte, il y eut 23 albums et non 21 !

Dictée du 23/06/2012 :

Des écrivains sur le sable !
(Le Touquet, 1993)
Quiconque se balade au Touquet ne peut être qu'impressionné... Quelle que soit la saison, les activités y pullulent, toutes plus époustouflantes les unes que les autres : du char à voile à l'équitation, en passant par les jacuzzis bouillonnants de l'Aqualud, on n'a guère le temps de souffler ! À moins que, vu la fragilité de votre rachis, vous ne croyiez plus prudent de rôder sur la plage où, pour peu que l'aquilon l'emporte sur l'anticyclone, s'impatronisent les cerfs-volants. Rouges, marron ou jaune citron, ces derniers sont autant de taches de liesse dans le ciel — presque — toujours bleu de la station. Quoi qu'il en soit, thalassothérapie ou pas, les Touquettois du dimanche se disent dans le bain, tout ravigotés à l'aube d'une nouvelle semaine de travail !Mais Le Touquet, c'est aussi une kyrielle de manifestations très courues, dont les médias nationaux se sont, en termes quasi dithyrambiques, fait l'écho : les quelque mille monstres de ferraille de l'Enduro, lesquels, dans un épouvantable tintamarre et sous les vivats d'une foule tout émoustillée, zigzaguent entre les dunes à la queue leu leu ; la joyeuse chienlit de la fête des Fleurs, quand caracolent de concert fanfares rutilantes et majorettes callipyges ; le Salon du livre, enfin, apogée incontesté de la saison culturelle ! On y rencontre une ribambelle d'auteurs, on y glane de-ci de-là des autographes convoités... Cette année, de fieffés masochistes s'y efforcent même d'échapper aux divers lacs qu'a tendus sur leur parcours un mordu d'orthographe. C'est qu'ici, quelque bronzés qu'ils soient, les touristes ne sont en rien des illettrés !
  • 2 fautes commises sur jacuzzi et tendus (impardonnable !) 

Dictée du 24/03/2012 :

Les feuilles d'automne
Mais que se tramait-il à Merville, cet automne-là ? Où donc étaient passés les autochtones ? La petite agglomération, d'habitude si prompte au raffut, semblait en proie à l'ankylose : la rue n'y résonnait plus des perpétuels conciliabules qui font l'essentiel de son charme : les cafés, à quelque prix que fût la chope, n'accueillaient qu'une poignée d'assoiffés quand, hier encore, on s'y engouffrait sans discontinuer. Jusqu'à l'hôtel de ville qui s'était vidé de ses maire, adjoints et autres légumes plus ou moins officielles, à un train autrement rapide que celui qui, traditionnellement, sied au sénateur ! Alors quoi ? L'homme du cru serait-il devenu pantouflard ? Aurait-on sacrifié la bougeotte à la bouillotte ? Le curé lui-même piquait un fard, les dévots ne se pressant plus guère autour de l'autel...C'est que tous, du docteur ès lettres au dilettante un tant soit peu marginal, s'étaient donné rendez-vous dans la salle des fêtes locale pour y subir les élucubrations d'un obsédé du participe, récemment couronné aux États-Unis. Ce n'était pas qu'il y eût à gagner des mille et des cents, mais chacun se faisait fort de pénétrer les arcanes les plus subtils de notre langue : partout, les dictionnaires s'étaient vu soustraire aux soupentes et aux sous-sols ; partout on les avait potassés, fût-ce en catimini, si bien qu'à l'aube du grand jour la plupart s'estimaient fin prêts. Les visages étaient plus chiffonnés que folichons, des cernes couleur d'améthyste s'y étaient installés... mais le français chantait sur les feuilles !Merville, cet automne-là, avait un faux air de New York.
  • Record de 11 fautes 1/2 commises  ! (raffût, perpétuelles, conciliabulles, maires, officiels, aux sénateurs, crû, aux dilettantes, temps, soi, marginales et subtiles) !

Dictée du 11/02/2012 :

Un rêve de frontière
Sur une carte, comme elle est ténue, la frontière !
Ils l'avaient tant regardée qu'elle avait fini par incarner un de leurs rêves les plus chers : passer de l'autre côté, quitter leur pays où la misère rongeait les villages, où derrière les murs ocre des maisons il n'y avait qu'ennui et désespérance...
Ils l'avaient tant regardée qu'ils s'étaient plu à imaginer ce que serait leur vie, de l'autre côté de la ligne. Rien ne les effraierait ! Ils accepteraient les travaux les plus durs, se plieraient aux coutumes de leur nouveau pays, étudieraient sa langue, et peut-être, un jour, en acquerraient-ils la nationalité...
Mais pour cela, il fallait la franchir, la frontière !
Certes, jamais ils ne s'étaient imaginé que ce serait aisé, mais d'habiles bonimenteurs les avaient embobinés, se faisant fort, en échange de leurs maigres économies, de transformer ce qu'ils avaient toujours vu comme une dangereuse expédition en une simple balade !
Alors ils avaient mis sur pied leur départ. Ils étaient partis nuitamment, entassés dans une carriole cahotante. Les hommes parlaient à mi-voix, les femmes marmottaient des prières en serrant dans leurs doigts des chapelets bénits.
Après quelque cinq heures et demie d'un trajet exténuant, affamés, déshydratés, les membres douloureux d'avoir été tant ballottés, ils arrivaient enfin au but, enivrés par une sensation de liberté inouïe, quand un « Halte-là ! » menaçant, proféré par des haut-parleurs tonitruants, avait brisé net leur rêve. Alignés devant les murs marron d'une baraque exiguë, ils avaient entendu un homme en uniforme annoncer qu'ils « n'étaient pas réglo ». Enfin, après une interminable attente, ils n'avaient pas été jugés assez intéressants pour qu'on les incarcère, et on les avait renvoyés.
C'est douloureux, un rêve qui se brise...
Et pourtant, sur une carte, comme elle est ténue, la frontière !

Texte de Une CROS
  • 2 fautes commises sur bénits et réglo (invariable).
  • ballotter peut (hélas !) désormais s’écrire avec un seul t !

Dictée du 21/01/2012 :

On ne prête qu'aux (mets de) riches !
C'est ma façon de pester contre la perte de notre triple A : j'ai décidé de m'intéresser aujourd'hui au mot CAVIARDAGE. Il en a du reste été beaucoup question cette semaine, les gens de l'Inspection générale des services, j'aurais volontiers parlé des « bœuf-carottes » si j'avais une certitude sur l'orthographe de ce pluriel dont, courageusement, nos dictionnaires usuels ne disent mot, étant soupçonnés d'en avoir fait usage dans une récente affaire destinée à compromettre des fonctionnaires de police proches de l'opposition.
Beaucoup se seront demandé ce que venaient faire des œufs d'esturgeon dans cette galère. C'est là simple affaire de couleur... et de géographie : il s'agirait d'une allusion à l'époque où, en Russie, on recouvrait d'une tache noire les passages d'un texte condamnés par la censure. Le plus souvent, nos dictionnaires datent cette pratique coupable du règne de Nicolas Ier (1796-1855), mais David Alliot, dans son ouvrage consacré à l'argot des métiers du livre, se montre plus modeste en le faisant remonter seulement à celui d'Alexandre III (1881-1894).
Quand on songe que ledit caviar a aussi l'insigne honneur de désigner, sur nos terrains de football, une passe en or qu'il serait presque indécent de ne point convertir en but, on se dit que, décidément, l'intéressé ne s'use que quand on... n'a pas les moyens de s'en servir !
  •  2 fautes commises sur “bœuf-carottes” et ledit. Mais après recherches bœuf-carottes n’étant pas dans le dictionnaire bœuf peut prendre un s, donc cette faute n’en est pas une !

Dictée du 19/11/2011 :

Kaléidoscope
Nous sommes à Rouen, en mil(le) quatre cent trente et un, après les tragiques événements et le bûcher funeste qui auront marqué la ville à jamais. La foule va et vient, dans un silence mi-recueilli mi-apeuré. On n'entend que la recluse, près de l'église, marmotter ses patenôtres ou psalmodier des antiennes. Cloîtrée derrière les barreaux de sa cahute, dégageant autour d'elle d'acres relents, elle vit de la charité publique. Du tréfonds de son âme elle admirait Jeanne d'Arc pour sa combativité et a pleuré quand elle l'a entendu condamnée.
Ce matin-là, au lieu de rester en prière, prise d'un délire effréné, elle vaticine, extravaguant certes, mais parlant aussi sans ambiguïté : « La Jeanne était une sainte, l'avenir nous prouvera ses mérites, car elle vivra longtemps ! » Alors, comme une visionnaire qui entrerait en transe, elle entraperçoit dans une aura une Jeanne étrange, caparaçonnée, silhouette mouvante, effilée, glissant avec majesté sur les flots outremer de l'océan Atlantique... et ce n'est là que le motif central d'une immense fresque animée, ancêtre de nos vidéos, que seul un tisserand hors pair eût pu broder avec cette maestria. Dans un pieux recueillement, elle contemple : ici une danseuse ne manquant pas d'entregent sous son madras brandit un fin mouchoir de batiste, telle une carte de faire part ; là des sorciers hâbleurs proposent des porte-bonheur censément garantis tous risques. Alors qu'un colibri s'enivre goulûment à la corolle d'un hibiscus, la visionnaire croit sentir de subtils effluves de cassonade. Effrayée de ces étranges visions-là, elle s'abîme dans son for intérieur...
Quelque cinq siècles plus tard, mission ô combien aléatoire mais mission accomplie pour le croiseur Jeanne(-) d'Arc et ses hommes. Le trésor de la Banque de France qu'ils évacuaient depuis Brest en direction de Fort-de-France est arrivé à bon port. Ils en sont bien aises, mais quelle gageure !

  • 4 fautes 1/2 commises : patenôtres, condamnée, entregent, batiste, aises 

Dictée du 29/10/2011 :

Le rêve d'Albert
« Bienvenue, Albert. Installez-vous dans le fauteuil et dites-moi ce qui ne va pas.
- Merci, docteur. Le soir d'Halloween*, je me suis assoupi et j'ai rêvé que j'étais un minuscule chihuahua de race. Ma maîtresse, une poupée mannequin maigriotte, m'emmenait visiter un muséum. Le hall d'entrée était en réfection : des maçons montaient de hautes cloisons en placoplatre. Au premier étage, désert, presque toutes les vitrines étaient vides ou scellées. Quelques-unes avaient pour seule vitre un miroir, qui ne reflétait que des silhouettes fantomatiques et désincarnées. Au deuxième étage, des couples chics déambulaient devant des box remplis de feuillages*. L'un d'entre eux me terrifia : il surabondait de cynoglosses officinales - vous savez, cette herbe rudérale...
- Oui, interrompit le médecin, on l'appelle aussi langue-de-chien.
- Voilà... Et le plus curieux, c'est que les grappes de fleurs, comme si elles étaient sous hypnose ou en pleine hystérie, ressassaient des paroles virulentes dont il ne me reste qu'un fragment : "Nous pourchasserons les tue-loups jusque dans l'abîme".
- Je vois. Avez-vous traversé des tourments émotionnels ces temps-ci ? marmonna le spécialiste en griffonnant "probables désordres psychoaffectifs*" sur son bloc-note*.
- Vous avez vu juste : j'ai changé de propriétaire*.
- Tout s'éclaire. Mais poursuivez, voulez-vous.
- Il s'ensuivait que nous montions à genoux au troisième étage, via une scala santa terriblement inconfortable : les marches étaient tapissées de tessons. Là-haut, on aurait dit un hôtel quatre étoiles. Une éléphante empaillée nommée Eulalie accueillait les visiteurs et leur présentait d'invraisemblables machines qu'elle tenait à leur disposition : une masseuse de coussinets*, un humecteur de truffe*, un détecteur de puces* ! J'étais en train de bénéficier des soins de la première quand les danseurs d'un bal musette, surgissant de nulle part, m'entraînèrent vers la sortie. Mais je ne voulais pas sortir : des hache-viandes surdimensionnés avaient remplacé les tourniquets habituels ! Au moment où je devais y passer, j'entendis sonner à la porte. Je bondis pour aller flairer mon sauveur, qui se trouvait être une petite momie entourée de bandelettes en papier-toilette qui quêtait des toffees. Je voulus la remercier d'un coup de langue mais elle s'enfuit en gesticulant. Docteur, que vais-je devenir ?
- Ne vous inquiétez pas outre mesure, nous irons au bout de votre thérapie. »
Albert, pitbull* de son espèce, remplit un chèque, se rhabilla et ressortit du cabinet. Le psychologue pour chiens le raccompagna sur le perron.

Camille MARTINEZ
(Texte révisé par Guillaume TERRIEN et Michèle BALEMBOIS-BEAUCHEMIN)
* Variantes acceptées : halloween, feuillage, probable désordre psychoaffectif, bloc-notes, propriétaires, coussinet, truffes, puce, pit-bull.
  • 4 fautes commises : maigriotte, placoplatre, langue-de-chien, papier-toilette, pitbull 

Dictée du 24/09/2011 :

DICTEE DE LA FINALE DU CHAMPIONNAT SUISSE D'ORTHOGRAPHE 2011
Chamoson, le 27 août 2011

JE ME SOUVIENS...
1) Je me souviens des croquenots de mon grand-père. Quand je les mettais, ma mère m'appelait «la lilliputienne aux bottes de sept lieues». (Lilliputienne)
2) Je me souviens de mes cousines qui se bombardaient avec des bigarreaux ou des burlats, je ne sais plus.
3) Je me souviens du potage au tapioca que j'avais renversé sur mes vêtements. Cette fécule amylacée les avait empesés.
4) Je me souviens d'un cauchemar : surgis d'une plaie purulente, des droséras m'enveloppaient de leurs tentacules velus.
5) Je me souviens de mon étonnement lorsque j'ai appris que la partie de la clé qui pénètre dans la serrure et agit sur le pêne est le panneton.
6) Je me souviens que j'hésitais toujours sur l'orthographe de « baccara », le jeu de cartes.
7) Je me souviens du théorème de Pythagore : «Le carré de l'hypoténuse est égal, etc.»
8) Je me souviens du catéchiste parlant du culte de latrie et du culte de dulie.
9) Je me souviens de la première fois que j'ai entendu parler du vin pouilly-fuissé ; deux mots que je ne parvenais pas à imaginer écrits.
10) Je me souviens d'interminables parties de rami les samedis soir(s).
11) Je me souviens d' «immarcescible», un adjectif à l'orthographe complexe.
12) Je me souviens de Bernard Pivot expliquant la différence entre l'apocope et l'aphérèse.
13) Je me souviens d'une illustration qui m'a fascinée, enfant : celle d'un dinothérium, un éléphant du miocène.
14) Je me souviens de la chanson «Davy Crockett, l'homme qui n'a jamais peur».
15) Je me souviens des bips-bips émis par le premier spoutnik en 1957. (Spoutnik)
16) Je me souviens des nymphéas et des agapanthes peints par Monet.
17) Je me souviens de la différence entre la livre tournois et la livre parisis.
18) Je me souviens de «Pot-bouille», film dans lequel jouait Gérard Philipe.
19) Je me souviens de m'être demandé s'il fallait un s final au mot «panaris».
20) Je me souviens de l'alexandrin du Cid : «Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !»
21) Je me souviens d'un restaurant, le Lamartine, réputé pour ses chateaubriands (châteaubriants). (G.Perec)
22) Je me souviens de Mnémosyne, la personnification de la... mémoire.

Francis Klotz 
  • 8 fautes commises : surgis, panneton, cachiste, dulie, immarcescible, bips-bips, tournois, parisis. 

Dictée du 14/05/2011 :

Bêtes et méchants

C'est Cousteau qui nous avait dévoilé un monde jusqu'alors passé sous silence. La plupart d'entre nous se rappellent fort bien, séduits par des images idylliques, ces fonds sous-marins où d'énormes poulpes ventrus caressaient de leurs tentacules charnus les mains gantées des plongeurs, un peu moins cloches une fois sortis du bathyscaphe. Nous découvrions, époustouflés, les orques noir et blanc, profilées comme des obus, patrouillant le long des côtes sauvages à la recherche d'une proie insouciante.
Mais nous nous sommes aussi gardé en tête les reportages très crus qu'on nous avait matraqués à la télé, les scènes d'une brutalité extrême qui dénonçaient le massacre des bébés phoques sur la banquise, il y a quelque quarante ans. Combien d'arguments massues contre la cruauté envers les bêtes avions-nous développés lors de conversations à bâtons rompus! Si des gens comme Bardot, plus têtus que des mules, n'étaient pas montés sur leurs grands chevaux pour que s'arrêtât cette barbarie, et n'avaient montré que les talons, aurions-nous pris conscience de notre influence néfaste sur l'environnement ? Prendrions-nous maintenant pour un poncif ou, kif-kif* bourricot, pour un pont aux ânes, l'assertion que nombre d'espèces animales pourraient bien disparaître d'ici vingt ans ? Désormais, il n'est plus question de noyer le poisson : chacun sait que, des mers du Sud à l'océan Glacial Arctique, la surpêche épuise les ressources halieutiques. Faut-il vraiment que les Extrême-orientaux aient une dent contre les squales, ces chondrichtyens craints, pour les rejeter à la mer, encore en vie, juste après leur avoir tranché l'aileron ! Allez-vous étonner, après ça, qu'on croie les requins marteaux !
Philippe Dessouliers
* Variante acceptée : kifkif
  • 3 fautes commises : massues, chondrichtyens et croie.

Dictée du 22/01/2011 :

Fureur d'enseigner
II n'y a pas de sot métier ? Si ! Il existe : je l'ai exercé. Je l'exerce. Je l'exercerai. Et si c'était à refaire, je l'exercerais derechef. J'apprivoiserais les innombrables peurs que m'ont inoculées les directeurs, les inspecteurs, les élèves, les parents d'élèves, les psychologues, les pédagogues, les docimologues, les programmologues, les terminologues, les chers collègues, les fins de mois. J'assumerais, mi-figue mi-raisin, mi-fugue mi-raison, mon statut funambulesque, marginal, cul entre deux chaises : haï-adoré ; méprisé-respecté (la commisération mortelle qui accable les non marchands) ; séducteur-séduit (et dans cette réciproque entreprise, il n'entre point de fureur, mais s'échauffent des ferveurs). J'aurais appris, j'enseignerais le charme et l'efficacité de la lenteur : laissons le temps au temps, celui de parfaire ce qui a été commencé, de se ressourcer intimement, de goûter les saveurs ; bref, maintenons-nous à l'écart de l'air du temps, qui est à la « consommation immédiate », au tout-à-jeter. Je pratiquerais, jusqu'à perdre le souffle, le ressassement de quelques petites choses apprises çà et là : dans les classes, dans les livres, chez ma femme et mes fils, chez mes amis, chez mes chats, dans une rue de Londres, sous l'ombre ténue et palpitante d'un vieil olivier toscan - et qu'il me suffira de nommer : l'intelligence sensible.
Extrait de Pal Charles, dans « Fureur d'enseigner », éd. Les Eperonniers, 1994.
  • 7 fautes commises ! 3 fautes de traits d’union + docimologue, commisération, marchands, çà.
 
Dictée du 04/12/2010 :
Des fleurs pour les champions
Aux jeux Olympiques d'Albertville, le tracé de la descente a été modifié pour épargner des ancolies, dont certaines espèces sont menacées de disparition. Devant cette initiative, qui eût songé à se récrier ? Ce virage ajouté révèle un autre tournant, phénoménal, inouï : la volonté des hommes de mille neuf cent quatre-vingt-douze de ne plus sacrifier la nature à un hédonisme aveugle.
"Que la montagne est belle !" chantait-on en chœur. A condition que soient sauvegardées les marmottes et les belettes fauves, préservés les gypaètes barbus, protégés les écureuils acajou et les mouflons aux cornes hélicoïdales. A condition encore que les gentianes bleu violacé et les edelweiss argent, continûment effleurés par la brise, ne soient pas considérés comme de la roupie de sansonnet.
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Eland d'Afrique - Gypaète barbu
Prenons exemple sur les viticulteurs qui bichonnent leurs vignes aux sarments noueux et aux pampres vrillés et qui, lorsque le cep choit, le relèvent avec un échalas.
Respectons les saisons, qui d'ère en ère se sont succédé, tout entières jalonnées par le frai, la nidification et, aux prémices attendues de l'été, par la transhumance.
Lorsqu'ils se sont élancés des cimes et des faîtes, les skieurs olympiques ont-ils eu une pensée pour la petite ancolie ? Tels des genets d'Espagne, des rennes du Canada ou des élands d'Afrique, ils se sont rués tout schuss vers la ligne d'arrivée.
Pareils à des satyres gracieux ou à des zeuzères tachetées de bleu, les patineurs se sont laissé porter par la magie des glaces, virevoltant sur les carres affûtées de leurs patins, réussissant des triples axels pour égayer d'or leurs tenues amarante, rouille ou écarlates.
Mais la plus belle médaille ne revient-elle pas à la Nature ?
  • 4 fautes sur “fauves”, “tachetées”, “carres” et amarante.

Dictée du 23/10/2010 :

Voici le texte, d'une brûlante actualité, sur lequel les concurrents ont sué... sang et eau lors du concours d'orthographe de Vaucresson (Hauts-de-Seine), organisé pur l'Association Saint-Louis au profit de l'institut universitaire d'hématologie de l'hôpital Saint-Louis.

“Un académicien encore vert !”
Bluette, roman à l'eau de rose, littérature d'aérogare, les perfidies ont plu dru à l'occasion de la récente sortie du livre de Valéry Giscard d'Estaing, lequel relate l'idylle qu'auraient vécue un président de la République lui ressemblant à s'y méprendre et une princesse qui en rappelle étonnamment une autre. Pour une fois réunis, rosbifs et mangeurs de grenouilles s'en sont donné à cœur joie pour ironiser sur ce brillant économiste qui a troqué les comptes contre l'historiette fleur bleue ; sur ce volcan que l'on croyait éteint et qui, tel le phénix (ou phœnix), renaît tout à coup de ses cendres. C'est que, chez un Auvergnat bon teint comme peut l'être l'ancien chef de l'Etat, la vérité finit tôt ou tard par surgir du fond du puy !
Au reste, le drôle a toujours affectionné les coups fumants. Avant de se la jouer sur cette touche qu'il feint d'avoir eue avec Diana, c'est un clavier entier qu'il arbora, du temps où il se prenait pour un accordéoniste, prompt à la bourrée ! Il chaussa aussi les crampons et tâta des protège-tibias, ce qui, nonobstant, ne le mit pas à l'abri des tacles appuyés de son Premier ministre. Il petit-déjeuna avec des éboueurs, éberlués de passer ainsi des poubelles au pouvoir, des immondices qu'ils avaient tout juste ramassées aux ors élyséens. En contrepartie, et flanqué de sa mie, il rompit le pain avec nombre de ses sujets, n'aimant rien tant que s'inviter impromptu et regarder ta France au fond des... œufs brouillés.
  • 4 fautes commises sur auraient, rosbifs, puy et ramassées (immondices est féminin) !
 
Dictée du 25/09/2010 :
« Le Mémorial dans vingt ans »
Le Mémorial est un musée inauguré le six juin mille neuf cent quatre-vingt-huit et depuis vingt ans, il est devenu une référence en France. L'équipe de direction se demande ce qu'il sera dans vingt ans. Les juniors qui n'envoient pas aux oubliettes les traquenards d'une orthographe dûment respectée n'étaient pas nés il y a vingt ans, et les arrière-grands-parents aimeraient bien se retrouver ici dans quatre lustres. Les Anciens qui ont vécu le Débarquement de mille neuf cent quarante-quatre seront-ils les derniers poilus centenaires de la Seconde Guerre mondiale ? S'ils ont découvert naguère le minitel, le téléphone portable et les mille avatars des high-tech sans cesse rénovés, que peuvent-ils attendre de ceux qui reconnaîtront toujours le Mémorial comme un lieu de mémoire ? Chacun d'entre nous résout et vainc les atermoiements des acquisitions scolaires pour rester un contemporain actif des progrès dynamiques de la vie quotidienne. Quand nos existences deviendront enregistrées, numérisées, cataloguées, que seront les chercheurs et les visiteurs du Mémorial ? Quand la dernière guerre sera devenue de l'histoire, avec de rares témoins directs, que sera le musée ? Qu'il reste un symbole de paix dans ses activités et ses constructions. Quittons les médailliers thuriféraires pour nous retrouver dans un pèlerinage aux sources de notre liberté. Que le lieu garde sa prairie verdoyante et ses arbres colorés, qu'on honore le ginkgo dalaï-lama et que la verte vallée soit animée en visites préparant la découverte d'un Mémorial devenu encore plus européen.
  • 4 fautes commises sur arrière, médailliers, thuriféraire et ginkgo !
 
Dictée du 19/06/2010 pour l’inauguration de la Maison de l’Enfance :
  • cette dictée avait lieu à la Maison de l’Enfance 40 rue Saint-Just au Havre lors d’une fête de quartier pour l’inauguration de la Maison de l’Enfance.
 Mes vieux livres d'images
Chers vieux livres d'images, fatigués, écornés, je vous retrouve dans un coin de ma bibliothèque où je vous avais rangés !
En vous rouvrant aujourd'hui, je sens s'exhaler de vos feuillets ternis les parfums d'innocence que vous y gardez enfermés.
Ah ! les heures délicieuses que vous m'avez procurées aux longues soirées d'hiver ! Je revis les aventures dont vous avez charmé ma jeune imagination, je revois les tableaux et les scènes violemment coloriés que ma bonne grand-mère m'a commentés à satiété.
Que de fois vous avez enchanté mon enfance ! Quels beaux rêves j'ai faits en entrant dans ces pays de merveilles que vous m'avez ouverts et où hommes et choses étaient, par la magie du conte et de l'image, transposés dans un monde irréel, bien plus beau que la réalité ! Petit Chaperon rouge, Petit Poucet, Ali-Baba, fées, sorcières, ogres, vous que j'ai aimés ou exécrés. je vous revois avec une douce émotion en tournant ces pages que mes doigts d'enfant ont cent fois feuilletées.
Soyez bénis, chers vieux livres, pour les moments de bonheur naïf et pour les joies que vous m'avez donnés !
  •  Aucune faute commise, comme 4 autres participants. Cette dictée sans mot difficile était prétexte à réviser les règles d’accord des participes passés (en gras).
  • Antoine Rufenacht, le maire du Havre, n’a pas participé à la dictée mais il a visité tous les stands et a discuté avec les animateurs et les visiteurs.
 
Dictée du 12/06/2010 :
La mer du Nord
Avec ses dunes, ses plages immenses, sa digue, ses brise-lames, que j'entendais, enfant, prononcé « brise-larmes » comme si ces amas de gros blocs de pierre noire glissants et nappés d'algues, de menus coquillages et de moules, parfois garnis de piquets vermoulus, qui fendent les lames et défient les marées, servaient à briser les vagues à l'âme, ses cabines de bois blanches ou à rayures, aux noms riants, où s'entassent pelles, maillots, filets et seaux, ses coupe-vent dressés, son sable dur, où l'on bâtit des forts et des châteaux , son sable mouillé où l'on creuse des rigoles pour jouer aux billes, son sable sec , chaud et fin où l'on bêche des trous pour tenir un magasin de fleurs en papier crépon, si fripé qu'enfant je l'appelais « fripions», décidément !, ses villas pimpantes , ses rangées d'immeubles laids qui gâchent le paysage et bouchent l'horizon, son iode, ses embruns, son vent piquant, sa pluie qui fouette , son soleil qui brûle en mai et fait un hâle cuivré comme une miche de pain doré, ses rouleaux d'écume, sa teinte huîtreuse, ourlée de remous sombres, et son ciel magnifique, imprévisible, inégalable, incomparable , la mer du Nord, ruban latéral, littoral ras, aire ventée où finit l'amère patrie, est le lieu où le Belge, en short ou en anorak, suçant une glace, sirotant une bière ou un Pimm's, pédalant contre la brise, poussant une poussette ou roulant en cuistax, qu'il soit flamand, wallon ou bruxellois, se sent véritablement chez soi, submergé comme nulle part au monde par le sentiment inné d'être enfin quelque part.
Extrait de l'œuvre de Patrick Roegiers : « Le Mal du pays : autobiographie de la Belgique ». A LIRE !
  • Deux fautes sur “prononcé” et l’inévitable “amère patrie” ! A noter que les écrivains font ce qu’ils veulent en employant des mots qui n’existent pas dans les dictionnaires les plus courants (huîtreuse, fripions) et en faisant fi des règles de ponctuation apprises à l’école en écrivant une phrase de longueur illimitée !
 
Dictée du 06/03/2010 à Dollemard :
La ronde des mots
Dans toutes les langues, jouer avec les mots est un passe-temps fort agréable, à la portée de tout le monde, des blancs-becs, des rimailleurs, des étudiants, comme des linguistes chevronnés et des académiciens tout de vert vêtus. Les mots sont des amis fidèles, des serviteurs zélés, qui se sont toujours prêtés à nos fantaisies, à nos manigances, à nos acrobaties intellectuelles. Les mots sont des cailloux, des bijoux, des cachous, des joujoux.Sauf homonymie, chaque mot a un son qui n'appartient qu'à lui. Il y a des mots moelleux et des mots âpres. Des mots bien-aimés et des mots dont la réputation est détestable. Des mots vifs comme des libellules et des mots lourds comme des hippopotames. Des mots discrets comme des violettes et des mots m'as-tu-vu. Mais, quels qu'ils soient, tous les mots, même ceux qui désignent les maux les plus effroyables de l'humanité, méritent d'être connus. A nous de faire prospérer ceux qui nous font honneur.
Bernard Pivot
  • Aucune faute commise. Cette dictée très courte était probablement un texte proposé aux juniors.
Dictée du 06/06/2009 à Dollemard :
UNE GRANDE CAUSE NATIONALE
Les années se sont succédé, les mois se sont relayés, les jours se sont ajoutés aux nuits, et les nuits ont pris la suite des jours, le temps a passé, et nous continuions d'être interloqués, agacés. et même exaspérés, par les règles des participes passés que nous n'avions jamais réussi à maîtriser et dont il nous arrivait de penser qu'elles étaient inutilement compliquées, peu adaptées à notre époque de vitesse, de simplification et de rendement poussé au maximum, et qu'elles resteraient à tout jamais éloignées de notre entendement, interdites à notre jugeote, biffées de notre savoir.
Nous étions particulièrement déroutés par les participes passés des verbes pronominaux, dont il nous semblait que des grammairiens s'étaient plu à embrouiller les règles, quand, inspirés par le diable, stimulés par une sorte de sadisme intellectuel, ils ne s'étaient pas ingéniés à en multiplier les exceptions.
Et puis Micheline Sommant, comme l'excellent Malherbe, comme le bon Zorro, est arrivée...
Non que nous n'ayons trouvé ailleurs des lumières sur l'accord des participes passés ; aucune grammaire ne s'en est exonérée. C'est seulement la seconde fois qu'un ouvrage tout entier leur est consacré, avec des rubriques bien détaillées, avec des règles bien expliquées, avec des développements de cas particuliers nombreux nous ne le nions pas, sinon pourquoi nous serions-nous fait balader par ces sacrés participes passés, depuis tant d'années ? Pourquoi nous serions-nous laissé importuner par leur savant imbroglio ?
Voici à ciel ouvert une foire aux participes passés !
Après avoir lu ce petit ouvrage d'utilité publique - car les règles des participes passés sont une des grandes causes nationales –, après nous en être nourris, nous nous sentirons mieux armés, plus sûrs de nous, pour affronter non seulement les pièges de la grammaire, mais aussi, tes chausse-trapes de la vie.
Bernard Pivot
  • Aucune faute commise. Malgré une lecture qui pouvait décourager, il n’y a pas de mots difficiles, mais seulement des applications des règles d’accord des participes passés qu’il suffit de bien connaître.
 
Dictée du 28/03/2009 à Dollemard :
Astérisques et obélisques
« À la forêt de Brocéliande, mènes-y-moi, s'il te plaît, allez, emmène-m'y », m'avait-il demandé à moult(es) reprises, alors qu'il dévorait une bédé (BD, B.D.) tout entière et les trois quarts de son dessert préféré, un kouign-amann très caramélisé.
Nous habitions alors le pays bigouden, mais j'étais à cent lieues de penser qu'il pût s'intéresser à cette futaie peuplée de korrigans, et dans laquelle vécut Merlin qui m'avait toujours enchantée parce qu'il avait permis à un jeune garçon d'acquérir la bien nommée Excalibur, son estramaçon bien-aimé.
« C'est le domaine des dolmens, lui avais-je alors susurré à l'oreille, tu sais, ces mégalithes mystérieux. Certains menhirs sont aussi imposants que des obélisques ventrus, et l'on raconte même qu'au fin fond de cette forêt féerique (féérique), se trouve un ennéagone formé de peulvens décorés d'étoiles pareilles à des astérisques parfaitement ciselés. Des on-dit malintentionnés prétendent que ce cromlech fut édifié par des Romains rendus fous après que le druide de la tribu, l'ovate aux vertus thaumaturges, leur eut administré une raclée. L'eubage aurait en effet concocté une thériaque aux pouvoirs surnaturels, surhumains. C'est que les Gaulois voulaient être invulnérables car ils craignaient que le ciel ne leur tombât sur la tête. »
Le garçon leva la tête de son livre et quoique coi jusqu'alors, me répondit, narquois : « Eh quoi, maman, c'était leur idée fixe ! Eux aussi ils voulaient leur assurance tous risques ! »
Philippe Dessouliers Dico de bronze 2002
 
KouignAmann_thumb5 estramaon_thumb2 ennagone_thumb5 peulven_thumb5 cromlech_thumb3
kouign-amannestramaçonennéagonepeulvencromlech
 
korrigan :  nom donné dans les légendes bretonnes à une sorte de génie ou de lutin malfaisant
ovate : druide gaulois
thaumaturge : qui fait des miracles
eubage : prophète celte païen
thériaque : sorte de panacée mélangeant plusieurs dizaines de substances et beaucoup d'opium

  • 4 fautes commises sur "kouign-amann", enchantée (il fallait penser qu’à la fin il parle de maman, donc  féminin !), ciselés (astérisque est masculin) et cromlech.

Dictée du 17/01/2009 au Mont-Gaillard :

Dictée du respect du 23 septembre 2004
Soudain, le foehn se met à souffler en rafales. Une branche tombe d'un arbre, en l'occurrence un châtaignier. Les arrière-grands-parents basculent de surcroît dans les orties. La famille est à jeun et refuse de jeûner.
Tous se jettent sur les hors-d'œuvre et, assoiffés, vident un magnum et trois topettes. Un fou rire les secoue sans ambiguïté.
Alors que les mouflets saccagent des branches et que le chien, un barzoï, divague, les pantoufles exiguës du tonton malmènent ses œils-de-perdrix. Au loin semblent résonner des tam-tams. Oh là là mais non, c'est la bande de motocyclistes qui vient jouer les trouble-fête ! Les rouges-gorges et les hiboux s'enfuient.
- Bande de mufles ! brame la famille.
Cependant, les motards sont des combattants peu combatifs, et entre autres ils réalisent que ni les pétarades ni les haut-parleurs ne sont faits pour les sous-bois. Les pique-niqueurs (piqueniqueurs) se sont rendu compte des dérangements occasionnés. Indépendamment de ce mea culpa, ils invitent la bande à partager leurs mets succulents. Deux cent quatre-vingts déchets seront ramassés avant de rendre à la forêt sa quiétude. Car les deux clans sont tombés d'accord et clament :
- Respect pour la nature, saperlipopette !
Robert-F. RUDIN (alias TRINQUEDOUX), écrivain
  • 1 faute et demie commise sur "tams-tams" et "brâme".
 
Dictée du 18/10/2008 à Dollemard :
Alimentaire, mon cher Watson
Un appel anonyme avait averti la police : un crime avait eu lieu impasse de la Ciste, à Marseille. Sur place, l'inspecteur et les deux agents n'en crurent pas leurs yeux : bien calé dans un fauteuil, le cadavre d'une vieille femme était attablé devant une assiette pleine de rondelles de carottes crues. L'assassin avait enfoncé un légume muni de ses fanes dans la bouche de la victime dont le regard brillait encore d'une vilaine concupiscence. Cette mise en scène suscita des haut-le-cœur chez tous les témoins. « C'est une scorsonère ! » s'exclama l'inspecteur, mais l'un des deux agents dont la fille, diététicienne, venait d'écrire un mémoire sur les légumes oubliés tels que le crosne et le potimarron identifia sur-le-champ un authentique panais, plante méconnue qu'un agriculteur bucco-rhodanien tentait de remettre à la mode. Etait-ce l'arme du crime? Abasourdi, le médecin légiste se montra catégorique. Le lui eût-on raconté, qu'il ne l'eût pas cru. Oui, la malheureuse avait bien été étouffée à l'aide de l'humble ombellifère.
  • 4 fautes commises sur "scorsonère", "panais", "crosne", et "lui eût-on".
 crosne_thumb2 panais_thumb2 scorsonre_thumb2 potimarron_thumb2
               crosne – panais – scorsonère – potimarron

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