Depuis 1985, le parc automobile français des musées a vu la disparition de plus de 2000 véhicules de collection : autos, motos, utilitaires, camions, véhicules de pompiers et militaires, et de plus de 30 musées ou collections privées, soit 1 chaque année !
André Sagne (1927-2015), originaire de La Réole (33), était un homme de défi. Sortant tout juste du service militaire, il saisit sa chance en se lançant, au lendemain de la guerre, dans la construction d'éléments de cuisine. En 1980, il se lance dans une nouvelle aventure, bien naturelle pour un Bordelais entreprenant, et devient le propriétaire du château Malromé - où vécut Toulouse-Lautrec - et de ses vignobles. L'expérience durera huit ans. Entre temps, il doit abandonner les locaux de son usine en plein cœur de La Réole, qui commencent à être vétustes, pour s'implanter dans la toute nouvelle zone industrielle. L'ancien établissement déserté abritera ses quelques voitures américaines, dont une Pontiac Grandville de 1973 et une Plymouth Gran Fury de 1977, voitures dont il se servait au quotidien dans les petites rues étroites de La Réole. Les Etats-Unis sont un rêve pour André Sagne, qui reste impressionné par les "énormes américaines" au confort maximum de leurs longues limousines silencieuses, équipées de gros V8. Une idée de musée s'impose à lui, confortée par son entourage, amateur de voitures anciennes. André Sagne se lance dans un nouveau défi et l'inaugure en 1989, après avoir fait venir des voitures d'outre-Atlantique et sillonné la région à la recherche de petites voitures populaires et d'ancêtres - catégorie qui suscite aussi son enthousiasme. Il est aidé, dès le début, par un de ses fils, Pascal, qui partage sa passion ; le travail ne manque pas pour soigner la bonne présentation du musée, et tous deux continuent à rechercher des voitures. Surtout qu'André Sagne demeure toujours insatiable. En 1993, alors de plus en plus attiré par une nouvelle passion, les "vieilles pierres", il ouvre une annexe du musée, avec une cinquantaine de nouvelles voitures présentées dans les anciens chais du magnifique château de Fleurac, ancienne demeure du XIXème siècle. A Pâques 1994, à Sarlat, en plein centre ville, dans les locaux d'un ancien supermarché, encore 70 voitures des origines à 1940, dont un tiers lui appartiennent, sont réunies. Ces trois musées sont regroupés sous la bannière des Musées Automobiles d'Aquitaine.
Le musée de l’automobile de La Réole proposait de partir à la découverte d'une centaine de voitures de collection datant des origines de l'automobile à nos jours parmi lesquelles une berline Ford T de 1928 utilisée par Laurel et Hardy sur leurs tournages, la Citroën P17B à chenilles de la Croisière Jaune Paris-Pékin (1931-1932), une Buick Roadmaster berline de 1948 particulièrement longue, etc. Ici, tout était sous le signe du chrome, des manivelles, des phares ronds, ou du klaxon en forme de poire... Des américaines aux françaises, toutes les voitures étaient en état de marche et brillantes comme au premier jour. Une salle était entièrement consacrée aux automobiles 100% "Made In USA", Cadillac, Packard, Lincoln... Il y avait à côté trois autres musées, l'un consacré à la machinerie agricole qui rassemblait tracteurs, locomotives à vapeurs, moissonneuse de 1925…, l'autre consacré aux machines de guerre à travers armes, affiches et véhicules lourds et le troisième consacré aux chemins de fer. qui s’ouvrait sur une gare miniature des années 1930 où deux wagons-lits et Pullman avaient été reconstitués.
J’ai visité le musée de l’automobile de La Réole le 21 août 1991.
une salle est dévolue au monde agricole, comme ces tracteurs à roues pleines des années 1920
Rosengart Supertraction cabriolet carrosserie Chapron 1938 - Packard Eight 1932 et Rolls-Royce
Autres photos issues du livre “Musée automobiles de France” :
Bayard prototype équipé en 1907 d’un moteur 2 cylindres Clément
Amilcar Pégase coupé 1936 carrossé par Louis Dubos - La Licorne compétition 1928 à carrosserie inspirée de la fabrication des canots
Amilcar CGS 1922 – Salmson S4 1929
Peugeot 172 R Grand Sport 1927 – Rolland Pilain Type R 1922
En 1995, la collection prend place dans un nouveau cadre : l'ancienne manufacture des tabacs, datant du 19ème siècle, appartenant à l'entreprise de fabrication de cuisines d'André Sagne. Dans le même temps l'exposition s'est enrichie, en particulier en accueillant la collection de matériel militaire de Michel Plailly, d'où le nouvel intitulé du lieu : "Musée automobile et militaire", inauguré le 11 novembre 1995.
A l'entrée de la première salle (sur 8) deux Panhard nous accueillent : une limousine X68 de 1921 et une Dynamic 140 type X77. Ici se côtoient les carrosseries, les genres et les époques : coupé de ville Darracq 1910, Charron 1912, Vinot Deguinguand 1912, roadster Triumph 1948, Mercedes 300 SL, Bugatti 37, réplique d'Auburn, limousine Packard 1932, Rolls-Royce Silver Wraith 1952 à carrosserie Mulliner...
Charron Type BA 1912 et Packard 1932 – Panhard & Levassor X68 1921 et Pontiac Chieftain Eight 1951
Bugatti 37 A 1928 – Packard Eight 1932
Dans la salle n°2, égayée par des plaques émaillées Mathis, Énergol, Dunlop avec pour thème "Ancêtres-belle Epoque", les voitures d'avant-guerre dominent mais l'ensemble paraît éclectique : Ford T/A, Peugeot Bébé, 201, 301, 402, la bande des quatre (Prima, Mona, Viva), B 14, Rosalie, Traction, tonneau De Dion-Bouton 1905, Chenard et Walcker F 23, Matford V8, Delahaye 87, berline Chevrolet 1930... et autres modèles qui n'ont plus rien à voir avec la belle Epoque telles des Lagonda 1956, Jaguar Mk 7 1954, SM, Aronde Plein Ciel, Caravelle, Simca 1200 S...
Citroën 5 CV - Ford T – Peugeot Bébé, Rolland Pilain et Auburn
Peugeot 201 coupé docteur 1932 – Renaut Monaquatre 8 1934
De Dion-Bouton 8 HP Type Z de 1905 – Chevrolet 1930
La pièce n°3 accueille des motos, cycles et voitures de sport : depuis un quadricycle De Dion 1892 au micro-utilitaire Solyto sans omettre les grands noms du cyclecar (Amilcar, Salmson, BSA...) et une tripotée de Matra Djet, Austin-Healey Sprite, MGA/B/TD...
De Dion-Bouton quadricycle 1892 – cyclecars BSA, Peugeot 172 RG, Salmson Sport
Dans les entrailles de la nouveauté, la salle 4 est réservée au gros matériel militaire où d'impressionnants chars montent la garde : Sherman M50 à moteur 8 cylindres Ford diesel de 450 ch qui pouvait emmener un équipage de 8 hommes, char soviétique T34/85, modèle anglais avec un Stuart M5, Schützen Panzer Wagen, scout car Ferret Mk II Daimler, un rare camion R50 Steyr... Mais on trouve aussi du matériel plus connu, tels des Dodge 4x4 WC 56 dont une version command car et une ambulance, une classique Jeep Willys, un Half Track M16, un GMC CCKW 353... avec parfois des mises en scène, tel cet opérateur radio envoyant un message.
char Sherman américain – Dodge Command car et ambulance
Dans la salle 5, toujours sur le même thème kaki, un vaste diorama militaire est planté dans le sable avec de nombreux mannequins : side-car, vélo pliant, Willys et un peu courant command car Tatra 6x4 (en fait une Lorraine construite sous licence tchèque). Enfin, le reste de la pièce est largement occupé par des affiches, vitrines débordant d'accessoires et documents, armes... le tout sur fond de musique militaire renforçant l'atmosphère particulière. Reste encore quelques véhicules imposants que l'on retrouve à l'extérieur et dans la cour fermée : un char Patton M 47... et deux avions, un Mystère IV et un F84 américain.
La salle 7, réservée aux engins agricoles, est impressionnante, en particulier une imposante machine à vapeur Richemond Pantin de 1895 qui rend presque ridicules les locomobiles (cheminées baissées), batteuses, tracteurs et autres engins chenilles.
matériel agricole – tracteur Case 1920
Enfin la dernière salle n°8, les américaines qui ont toujours ébloui André Sagne. Ford Fairlane 1959, Buick Roadmaster berline 1946... tandis que les Cadillac sont en nombre jusqu'à une limousine de 1988.
Chevrolet Sedan 1930 - Ford Fairlane Galaxie 500 1959 - Pontiac Eight cabriolet 1951, la voiture préférée de Pascal Sagne qui participait à des rallyes régionaux
Textes issus du livre “Les Musées automobiles de France” et de la revue LVA n°746, photos N/B issues de LVA n°746
Malheureusement, subissant le sort de nombreux musées automobiles, le musée de La Réole est fermé depuis 2006 ! Les voitures ont été vendues aux enchères chez Artcurial le 01/10/2006 :
10.000 € | 30.000 € | 5.000 € | 1.500 € | 9.000 € | |||||
42.000 € | 18.500 € | 8.500 € | 6.000 € | 9.000 € | |||||
56.000 € | 50.000 € | 8.000 € | 7.300 € | 6.500 € | |||||
5.500 € | 5.000 € | 8.600 € | 31.000 € | 9.200 € | |||||
8.500 € | 12.000 € | 11.000 € | 7.000 € | 9.000 € | |||||
10.000 € | 6.200 € | 30.000 € | 8.500 € | 6.500 € | |||||
3.800 € | 8.000 € | 30.000 € | |||||||
18.000 € | 9.800 € | 7.000 € | 11.000 € | 16.500 € | |||||
3.500 € | 2.300 € | 14.500 € | 13.000 € | 15.000 € | |||||
11.000 € | 12.500 € | 8.000 € | 5.500 € | 7.500 € | |||||
8.500 € | 11.000 € | 17.000 € | 10.000 € | 8.800 € | |||||
12.500 € | 14.000 € | 6.500 € | 9.500 € | 5.200 € | |||||
7.500 € | 13.000 € | 15.000 € | |||||||
15.500 € | 8.000 € | 50.000 € | 16.500 € | 40.000 € | |||||
6.800 € | 14.000 € | 19.000 € | 9.200 € | 5.500 € | |||||
6.500 € | 5.500 € | 9.000 € | 13.000 € | 19.000 € | |||||
30.000 € | 11.000 € | 9.000 € | 13.000 € | 11.000 € | |||||
5.500 € | 4.500 € | 7.000 € | 8.500 € | 3.500 € | |||||
11.000 € | 6.500 € | 14.000 € | 36.500 € | 33.000 € | |||||
4.000 € | 42.000 € | 30.000 € | 19.200 € | 6.000 € | |||||
6.500 € | 13.000 € | 6.500 € | 14.500 € | 12.000 € |
La région du Sud-Ouest de la France (ex-Aquitaine – ex-Midi-Pyrénées) comptait 7 musées automobiles : Sarlat (24), Fleurac (24), Pomport (24), La Réole (33), Castillon (33), Saint-Céré (46) et Lourdes (65). Seuls les musées de Sanxet à Pomport et le Musée de la Locomotion Aubyland à Castillon sont encore ouverts !
RépondreSupprimerBonsoir Didier,
Je cherche la trace d'une monoplace des annees 60-70 qui aurait ete stockee a La Reole dans les annees 70-75.
J'ignorai qu'il y avait eu un musee dans ce village. Auriez-vous une idee pour contacter les personnes qui auraient vecu cette aventure?
Amicalement,
Maxime