Depuis 1985, le parc automobile français des musées a vu la disparition de plus de 2000 véhicules de collection : autos, motos, utilitaires, camions, véhicules de pompiers et militaires, et de plus de 40 musées ou collections privées !
Le Dr. François Jeanson, depuis son premier Salon de l'Auto, en 1928, alors qu’il n'était qu'un tout petit garçon, a toujours vécu dans l'amour des automobiles, les humbles comme celles d'exception, les historiques comme les contemporaines.
Peugeot 172 M coupé (ou “5 CV élargie”) 1928 : moteur de 695 cc, 60 km/h, cet exemplaire est celui exposé par Peugeot sur son stand au salon de l’Auto de Paris 1928, le premier auquel François Jeanson assista
En tant qu'usager gros rouleur, il a eu l'expérience de rouler avec les modèles les plus divers de la production française et étrangère, achetés tantôt neufs, tantôt d'occasion. Un jour, il ne put se résoudre à revendre un adorable coupé Alfa Romeo Giulietta Sprint rouge et décida de le mettre de côté. C'était l'engrenage : quelques années plus tard, le bon docteur se retrouvait à la tête d'une collection de plusieurs dizaines d'unités. D'où l'idée - et la nécessité - de les exposer quelque part. Et quitte à les regrouper, pourquoi ne pas ouvrir un musée ? Sauf qu'au mot "musée", le Dr. Jeanson et son fils ont préféré celui de ”centre”, histoire de ne pas faire trop figé.
Le Dr. Jeanson et son fils avec une de leurs acquisitions préférées : la barquette Talbot-Dupont à moteur BMW 2,5 l. 190 km/h cheveux au vent et un son de V8 envoûtant !
Les autos roulent, les Jeanson empruntent l'une ou l'autre pour participer à un rallye d'anciennes ou, plus volontiers, pour les déplacements privés. Et puis, ces autos sont régulièrement louées, pour le cinéma, la publicité ou même... des mariages. Ainsi la Mercedes 300 D sans montant central, dont l'image de limousine d'apparat est fort appréciée des cortèges nuptiaux.
Mercedes 300 D limousine surnommée «Adenauer» de 1960 (65 exemplaires seulement), l’une des très belles pièces de la collection. 170 km/h dans un confort et un silence de pullman !
La "philosophie" de la collection ? « Je suis amateur de marques méconnues ou oubliées, avoue François Jeanson. De Genestin à Maxwell, donc pas seulement les françaises, mais les autres, tchèques, allemandes atypiques... Si je pouvais avoir une Rumpler, je serais très content ! Les américaines m'intéressent, mais plutôt le genre Franklin ou Cord. »
Le centre, disposant d'une abondante documentation historique et technique, aide et conseille aussi les collectionneurs qui veulent restaurer. Il entretient d'excellentes relations et des échanges d'informations avec d'autres musées français (CIA-Pantin, La Défense, Rochetaillée, Le Mans...) voire étrangers (Sinsheim en Allemagne, Autoworld en Belgique) et reçoit des visiteurs de plus en plus nombreux, qui découvrent la région ou viennent exprès à Nogent l'Artaud.
La collection comprenait quelque 180 voitures et 60 motos abritées sous deux entrepôts totalisant 4.000 m², à quoi il fallait ajouter un atelier de restauration mécanique et de peinture.
Commentaires du journaliste Jacques Vassal extraits du livre “Musées automobiles de France”
Je n’ai malheureusement jamais eu l’occasion de visiter ce musée. Les photos sont issues du livre “Musée automobiles de France” :
Hispano-Suiza H6B coupé chauffeur Mitchell 1925 : le châssis nu coûtait 140.000 F., moteur 6 cylindres 6.597 cc, 120 ch, 120 lm/h, 2250 exemplaires construits
Talbot K 78 L 1930 : 6 cylindres, 3 litres, à culbuteurs, vilebrequin à 7 paliers, 115 km/h, un bon compromis entre élégance et performances
Roland-Pilain RP 24 torpédo 1924 : 1920 cc, 25 ch, à soupapes latérales, embrayage cône-cuir, boîte 4 vitesses -
Salmson course 1926 : 1100 cc, double arbre à cames en tête, 150 km/h, en son temps elle rivalisait avec les Amilcar
Delage D1 1926 : 4 cylindres à culbuteurs et Delage DR 70 1928 : 6 cylindres à soupapes latérales, lourde et peu sophistiquée, construite à 5367 exemplaires
DFP (Doriot-Flandrin-Parent) VA 1926 : une des dernières construites, moteur CIME 1100 cc à culbuteurs -
Genestin GT 1927
Sportives anglaises : Daimler V8 SP 250, Alvis TE 21 série III : 6 cylindres en ligne, 2993 cc et Morgan + 4 : à moteur Triumph TR 4 21.8 cc
Citroën 15-Six H 1954 : une des dernières versions, suspension arrière hydropneumatique et Rosalie 8 ch coach décapotable 1933 par Sical
tricycle Le Nef Lacroix de Laville 1902 : moteur De Dion, 10,5 ch, 2 vitesses, 75 km/h et Georges Roy 1910 : 4 cylindres à soupapes latérales -
Harris-Léon Laisne 17 CV 1928
Lancia Belna 1934 (V4 1194 cc 35 ch), Lancia Appia cabriolet 1963 (V4 1090 cc, 38 ch) et Lancia Fulvia coupé 1300 S 1972 (V4 1298 cc, 90 ch)
Simca-Deho 1947 (1089 cc, 55 ch, 500 kg, 150 km/h) et Amilcar CG et CGs
Claveau 5 CV 1955 : moteur DKW, 3 cylindres, exemplaire unique -
Leblond Spéciale 1955 : moteur BMW 327, train avant de 403, caisse spéciale Eugène Martin, roues Rudge, pont arrière de Bugatti 57 SC, exemplaire unique
le coin des américaines : Hupmobile Century Six 1932 : 6 cylindres en ligne, 3385 cc, 70 ch, 120 km/h –
Cadillac Eldorado, Ford Thunderbird, Buick Roadmaster, Studebaker Avanti, Chevrolet Corvette
micro-voitures : Messerschmitt KR 75 Kabineroller, Vespa 400, Autobianchi Lutèce, Mochet et Isetta Velam + patinettes construites par Honda
motos françaises : Koehler-Escoffier, Terrot, Alcyon, New Map
En juin 1996, le docteur François Jeanson a expliqué que, en cinq années d'ouverture au public, l'équilibre financier du musée n'avait pu être atteint, les immobilisations notamment foncières étant trop lourdes par rapport à la fréquentation insuffisante et, partant, aux recettes. Insuccès qu'il impute pour une part à l'indifférence — voire pis — des autorités locales ou régionales, mais aussi à la spécificité de sa collection, moins axée sur les modèles populaires assez peu représentés que sur ceux présentant à ses yeux un intérêt technique ou historique particulier. La situation s'est encore aggravée par le peu de rentabilité des activités "restauration automobile" ou "location d'anciennes", et par l'échec du projet de Centre d'aide par le travail dont les autorisations administratives ne purent être obtenues.
Il fallait donc trouver une solution pour éviter la dispersion de la collection : celle d'un partenariat sous le mode associatif avec une municipalité et des sponsors privés avait la préférence, et, avec l'amicale insistance de Claude Berton, l'artiste-collectionneur, c'est la ville de Limoges qui a fourni la réponse. Le 4 juillet 1996 était donc inauguré un nouveau musée au Centre commercial de Beaubreuil à l'entrée nord de la capitale limousine, directement accessible par l'autoroute A20. Dans un espace de 2 200 m² dénommé La Coupole, étaient rassemblés quelque 120 véhicules de la collection répartis par thème, chacun mis en scène (le garage ancien, le cinéma, la course...), une boutique et une bibliothèque. Les projets de la ville, avec l'ouverture d'une faculté technique ouvrant sur les métiers de l'automobile concordaient parfaitement avec la vocation didactique de ce nouveau musée, dont la direction a été confiée à François Jeanson fils.
Y étaient donc exposés des véhicules aussi variés qu'une Lacroix-de-Laville 1898, une Hispano-Suiza H6 B, une Ferrari 250 GT Lusso, une Studebaker Avanti ou deux Tatra ; des prototypes comme l'OTI “pantoufle” ou l'aérodynamique Claveau, des châssis restaurés mais non carrossés (Harris-Léon Laisne, Sima Standard), des motos de tourisme ou de compétition et même des bateaux de course. Quant aux locaux de Nogent-l'Artaud, en attendant une hypothétique subvention ou une éventuelle vente des bâtiments, ils étaient restés ouverts pour présenter les “réserves” de la collection et des véhicules en prêt.
François Jeanson, directeur du nouveau musée de Limoges – Studebaker Avanti – Triumph roadster et moto Harley-Davidson sorties de grange (photos N/B LVA n°755)
Texte issu de LVA n°755
Mais en août 1997, l'association de gestion du nouveau musée licenciait pour fautes graves son directeur, François Jeanson Junior, et François Jeanson père n'était plus d'accord sur l'utilisation faite de ses autos...
Subissant le sort de trop nombreux musées automobiles, ce musée a lui aussi cessé ses activités !
La région Hauts-de-France comptait 5 musées automobiles et 3 ont fermé : Le Centre de l’automobile ancienne à Nogent-l’Artaud (02), le Musée automobile de Laon (02) et le Musée du Lys Chantilly à Lamorlaye (60). Il ne reste donc plus que 2 musées encore ouverts : le Musée National de la Voiture et du Tourisme à Compiègne (60), le premier musée automobile ouvert en France et les Brigades de l’Aa à Ouve-Wirquin (62).
Le Musée automobile de Laon (02) fut assez éphémère. Belle initiative de créer un musée au XXIème siècle, alors que tant ont fermé. D’abord créé à Crépy (02) en 2010, le Musée "Le Garage de mon Père" retraçait l'histoire des aventures automobiles de 1950 à 1990 et faisait découvrir la Ford 12M de 1952 en passant par la Renault 10 Major, la Citroën D Super de 1972, une des dernières Cadillac Séville de 1979 fabriquée en Suisse, la toute première Renault 18 de 1978 en terminant par la Mercedes 260E de Jean Amadou et de Jacques Brunet et le Range-Rover de Franz Hummel, détenteur du record du monde du Transafrican. Les voitures présentées étaient restées dans leur "jus" ce qui donnait un aspect de vécu pour ces automobiles. Le Musée "Le Garage de mon Père" présentait près de 80 voitures pour revivre nos souvenirs d'enfance... En juin 2015, le musée a déménagé au Musée Automobile de Laon, inauguré le 25 juin 2015 mais a malheureusement fermé en 2017…
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