Depuis 1985, le parc automobile français des musées a vu la disparition de plus de 2000 véhicules de collection : autos, motos, utilitaires, camions, véhicules de pompiers et militaires, et de plus de 40 musées ou collections privées, soit 1 chaque année !
En 1976, Robert Keyaerts, industriel bruxellois passionné de voitures américaines, achète sa première Cadillac neuve, choisie pour rouler en sécurité, à la demande de son épouse. « Par la suite, il a toujours roulé en Cadillac, révèle sa fille Magali. Mais c'est en 1984 qu'il a commencé à collectionner, quand il a acheté l'ancienne voiture de Gaby Morlay. Il voulait arriver à avoir une Cadillac de chaque année, en sélectionnant des modèles rares ou des séries spéciales. ». Il va accumuler en très peu de temps un grand nombre de ses voitures préférées et va rapidement réunir la plus grande et la plus étonnante collection d'Europe.
Hélas, Robert Keyaerts disparaît en 1989, à 59 ans, emporté par une crise cardiaque. Mais sa passion se transmet à ses filles qui décident alors d'abandonner leurs métiers respectifs (Geneviève est styliste et Magali travaille dans l'hôtellerie) pour s'installer en Touraine et créer un musée portant son nom. Pendant la construction du nouveau hall, les deux sœurs se préparent activement à leur futur métier : « Nous avons étudié à fond la marque Cadillac, son histoire, sa technique, d'abord avec la documentation de notre père, puis en la complétant constamment. En tant que femmes nous avons dû doublement travailler pour être crédibles ! ». Tandis que Geneviève, la plus «artiste» des deux, se charge de la décoration, de toute la création et des relations publiques, Magali la «réaliste» est responsable de la gestion financière et commerciale.
Ouvert en 1991, le musée a gagné son premier pari : la compétence des sœurs Keyaerts est reconnue par les professionnels : « On nous consulte pour des expertises sur des Cadillac, pour des restaurations ou des transactions ! ».
Tandis qu'elles fréquentent les ventes aux enchères et épluchent les petites annonces pour compléter la collection (« il nous manque des modèles des toutes premières années : 1902, 1903, mais ils sont inabordables ! »), Geneviève, Magali et leur équipe diversifient l'activité du musée : locations pour mariages et baptêmes de route en Cadillac, organisation d'un rallye. Avec plus de 20 000 visiteurs par an, Cadillac en Touraine est un musée en plein essor.
l’équipe du musée : de gauche à droite : Olivier Roblès (carrosserie), Alain Dudilieu (gardien, entretien), Françoise Dudilieu (réception, entretien), Béatrice Tusek (réception, accueil), Annette Quetin (assistante de direction), Jean-François Léger (mécanicien-chauffeur)
Dans ce musée, on pouvait y retrouver une soixantaine de modèles allant de 1928 à nos jours, retraçant la belle histoire du constructeur de rêves américains. Le musée possédait dans son giron des pièces très rares comme la rutilante Eldorado Convertible coupé sport de 1953. Elle a aussi récupéré quelques véhicules ayant appartenu à des stars telles que Marlène Dietrich, Sacha Guitry, Gaby Morlay ou encore James Cagney. On y retrouvait aussi d'autres modèles légendaires comme la Rolls Royce Phantom de 1923 ou la De Lorean chère au film « Retour vers le Futur ».
J’ai visité le musée Cadillac le 13 juin 2000 mais fait assez rare, les photos étaient interdites ! Celles-ci sont donc issues du livre “Musée automobiles de France” :
Cadillac Impérial Sedan 1928 : doyenne du musée, elle est aussi une des premières œuvres du célèbre styliste Harley J. Earl. (V8 à 90°de 5588 cm3, 95 ch, boîte de vitesses synchronisée). Il en fut fabriqué 40 000 exemplaires. Celui-ci appartint à l'actrice Gaby Morlay
Cadillac Dual Cowl Phaeton 1931 : (moteur 12 cylindres en V de 6031 cm3, 135 ch à 3 400 tr/mn). Le modèle pesait près de 2,3 tonnes. Il n 'en reste que 2 exemplaires au monde
Cadillac Town Cabriolet 1933 : star des stars, puisqu’elle elle est réputée avoir appartenu à Marlene Dietrich, c’est l’une des cinq voitures du musée à moteur V16. Cette année-là (1933), Cadillac produisit 126 exemplaires de V16 -
Cadillac coupé docteur série 39-90 1939 : très rare (5 exemplaires !), moteur V16 à 135°, soupapes latérales, 185 ch à 3 600 tr/mn
Cadillac Impérial Sedan série 75 1938 : typique des limousines de cette période où le style s'assagit. Carrossée par Fleetwood, moteur V8 ouvert à 90°, à soupapes latérales et vilebrequin à trois paliers, 140 ch à 3 400 tr/mn
Cadillac Impérial Sedan V16 1939 : Cadillac est une marque dont la personnalité a aussi été forgée par le nombre de propriétaires célèbres, notamment : dans le domaine des arts et des lettres. Cette massive V16 Impérial Sedan de 1939 a appartenu à Sacha Guitry
Cadillac Type 62 Convertible Coupe Spécial Sport 1953 : l'une des plus belles Eldorado, et l'une des favorites du musée : ce Type 62 Convertible Coupe Spécial Sport lance la série des Eldorado, en 1953. Son V8 culbuté de 5 424 cm3 développe 210 ch. Il coûte 7 750 dollars et ne sera produit qu'à 532 exemplaires. Au second pian, une Eldorado Biarritz 1956, toujours carrossée par Fisher. La puissance est passée à 305 ch
Cadillac Convertible Coupe de 1956 : elle reflète à merveille le classicisme Cadillac de la période "Fifties"; c'est la dernière série à ailerons bulbeux. Le moteur est un V8 de 5 981 cm3 développant 285 chevaux. Vendu 4 342 dollars, le modèle fut produit à 8 300 exemplaires
Cadillac cabriolet Eldorado Biarritz : en 1960, les stylistes cherchent des formes toujours flamboyantes mais sans l'agressivité d'antan : témoin ce cabriolet à carrosserie Fisher et moteur 6391 cm3. Au second plan, Hard Top Coupe et Eldorado Brougham de 1959
Cadillac Fleetwood Eldorado Coupé 1968 : le chanteur Jim Morrison se baladait sur Sunset Boulevard dans une «Caddie» similaire
Cadillac Fleetwood Eldorado Convertible 1971 (au premier plan) puis idem 1972 : dans les années 70, les formes deviennent de plus en plus anguleuses et les nouvelles normes de sécurité et d'anti-pollution vont poser des problèmes d'adaptation à la marque. Le moteur de 8 192 cm3, cylindrée record, développe 400 ch. En 1973, il tombe à 235 ch !
Cadillac Custom Biarritz Classic : en 1978, la cylindrée a diminué (6 l. «seulement») et surtout la puissance (190 ch à 4 400 tr/mn), néanmoins, avec cette auto, Cadillac tente de maintenir encore la tradition. Avec 46 816 exemplaires produits, l'honneur est sauf -
Chevrolet Corvette 1964 et 1978 : Les Cadillac, c'est la General Motors et la GM, c'est aussi Chevrolet. Robert Keyaerts a sélectionné ces deux Corvette de série limitée : au premier plan, une rare «Indy» 1978 en fibre de verre, puis une Sting Ray Roadster 1964.
Épaves Cadillac Coupe de Ville 1955 et Convertible Coupe 1959 : elles n’étaient pas là en attente de restauration mais simplement disposées par les sœurs Keyaerts pour faire comprendre aux visiteurs l'ampleur des dégâts avant travaux -
Cadillac Tank et Sedan Le Mans 1950 au 1/43ème : des Cadillac, grâce à Briggs Cunningham, ont également couru «nos» 24 Heures. Le tank n°3 dit «Le Monstre» se classa 11ème (Briggs Cunnïngham-Phil Walters) juste derrière la 61 Sedan De Ville des frères Collier
Rolls-Royce Phantom II Coupe de Ville 1930 : il n'y a pas que les Cadillac dans la vie ! Robert Keyaerts le savait bien. L'imposant six cylindres en ligne cube 7 668 cm3 et développe 120 ch à 3 000 tr/mn. Le tout sur un châssis de 3,81 m d'empattement (!) pèse près de 2,5 tonnes
Malheureusement, subissant le sort de nombreux musées automobiles, le musée est fermé au public depuis 2006 !
La région Centre – Val de Loire est riche en musées automobiles et seuls deux ont fermé : le musée Cadillac Robert Keyaerts à Langeais (37) et le Musée automobile du Val-de-Loire à Briare (45). Il n’en reste pas moins 9 musées encore accessibles au public : le château-musée de Meillant (18), le Musée du Château à Menetou-Salon (18), le Musée Rétromobile à Dreux (28), le Musée automobile de Valençay (36), le musée Maurice Daufresne à Azay-le-Rideau (37), le musée Matra à Romorantin (41), le musée du poids lourd et des véhicules anciens à Cormenon-Mondoubleau (41), la Grange auto à La Ferté-Saint-Aubin (45) et Auto Sport Museum à Chatillon-Coligny (45);
Le Musée automobile du Val-de-Loire à Briare (45) était installé dans l'ancienne usine d'un four à chaux sur un coteau du Val de Loire, ce musée présentait une collection exceptionnelle de 130 voitures fabriquées entre 1895 et 1965, dont 6 Peugeot, 90 motos et 40 cycles anciens complétée de 200 maquettes de véhicules et affiches. Monsieur Broual, né en 1910, le propriétaire et fondateur du musée en 1962, y a consacré toute sa vie. Son décès en 1992 a donné lieu à la vente des trésors du musée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire