Il y a vingt ans, le 12 avril 1992, naissait Disneyland Paris le jour où mourait une chaîne de télévision : La Cinq !
16 janvier 1985 : A quelques mois des élections législatives perdues d’avance pour la Gauche, François Mitterrand lance l'idée d'"un espace de liberté supplémentaire" et demande au gouvernement de Laurent Fabius d'étudier le projet audiovisuel de création de deux nouvelles chaînes privées.
20 février 1986 : naissance de La Cinq, la première chaîne de télévision privée et gratuite française, attribuée à Silvio Berlusconi et Jérôme Seydoux. C'est la grande époque du strass et des paillettes avec Amanda Lear, Alain Gillot-Pétré, Christian Morin, Roger Zabel, Élisabeth Tordjman qui reçoivent les grandes vedettes de la variété française (Johnny Hallyday, Serge Gainsbourg, Mireille Mathieu, Charles Aznavour)…
Logo - Générique d’ouverture le 20/02/1986 – Première émission le 20/02/1986
Christian Morin ouvre l’antenne – Roger Zabel
Charles Aznavour - Johnny Hallyday – Serge Gainsbourg
3 février 1987 : La concession est résiliée par le gouvernement de Jacques Chirac.
23 février 1987 : la CNCL offre la chaîne au duo Berlusconi - Robert Hersant. Sur l’initiative de ce dernier naît alors la rédaction de La Cinq. Patrice Duhamel est engagé au printemps comme directeur de l’information. Toutes les stars de la Une en cours de privatisation (Patrick Sabatier. Patrick Sébastien, Philippe Bouvard, Stéphane Collaro…) quittent le navire pour La Cinq. Il y a aussi les films et les séries mais les émetteurs ne suivent pas et très peu de foyers peuvent recevoir La Cinq. L'audience ne décolle pas. Les animateurs débauchés à coup de millions de francs réintègrent la Une courant 1988, à l'exception de Philippe Bouvard.
Nouveau logo - Hersant / Berlusconi – Patrick Sabatier
Slogan en 1987
7 mars 1987 : diffusion de dessins animés japonais inédits.
14 septembre 1987 : la chaîne diffuse à 13 Heures son premier journal télévisé présenté par Jean Claude Bourret.
générique du premier journal du 14/09/1987 présenté par Jean-Claude Bourret
1988 : L'audience progresse (4,2 % en 1986, 7,3 % en 1987, 10,3 % en 1988, jusqu’à 13 % en 1989, devant FR3) mais le CSA qui a succédé à la CNCL n’attribue que parcimonieusement de nouveaux émetteurs. La chaîne ne couvre que très partiellement le territoire français. Conclusion : moindre public donc moindres recettes d'où un important déficit financier en décembre 1988, tout aussi inquiétant en 1989.
28 mai 1990 : profitant d'une restructuration du capital de La Cinq, Hachette s'empare de 22% des actions.
23 octobre 1990 : Le CSA accepte la modification du capital. Jean Luc Lagardère président du groupe Hachette réalise le rêve de sa vie en devenant l'opérateur d'une chaîne de télévision et donc le seul maître à bord. Yves Sabouret est nommé PDG. Jean Luc Lagardère prononcera cette phrase : "Moi je dis qu'Hachette sauvera La Cinq ". Il engage Pascal Josèphe pour diriger les programmes.
2 avril 1991 : Lagardère s'adresse à Jean Paul Goude pour modeler le nouveau look de La Cinq, réaménage du sol au plafond les locaux de la rédaction. 22 nouvelles émissions sont créées qui disparaîtront toutes en moins de six mois...
Dernier logo - Générique de Jean-Paul Goude – Nouveaux programmes
23 mai 1991 : 6 des nouvelles émissions sont supprimées. L’audience s’effrite : 11,7 % en 1990, 10,9 % en 1991…
1er septembre 1991 : Béatrice Schoenberg et Gilles Schneider remplacent Guillaume Durand au journal de 20 heures. Marie-Laure Augry à 12h45. Jean-Claude Bourret pour les journaux du week-end.
Journal du 17/12/1991
17 décembre 1991 : Yves Sabouret annonce un déficit de 3,5 milliards et la suppression de 576 emplois.
19 décembre 1991 : grève de 24 heures. Les journaux de 12 h 45 et de 20 h sont remplacés par un documentaire animalier et des sketches de Coluche.
20 décembre 1991 : Jean-Luc Lagardère est convoqué par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel.
31 décembre 1991 à 10 heures : La Cinq dépose le bilan.
3 janvier 1992 : Maître Hubert Lafont est nommé administrateur judiciaire par le tribunal de commerce. Jean-Claude Bourret crée l'association de défense de La Cinq : 40 000 adhésions en trois jours pour finir à 1.500.000.
16 janvier 1992 : Silvio Berlusconi annonce qu'il peut sauver La Cinq "dans le respect de la réglementation".
20 janvier 1992 : TF1, Antenne 2, FR3, CANAL + et M6 annoncent un projet de chaîne d'information continue pour remplacer La Cinq.
25 janvier 1992 : La Cinq et son personnel reçoivent le prix "Europe et Liberté 1992" pour récompenser le combat mené par la chaîne pour la pluralité.
3 février 1992 : Silvio Berlusconi dépose officiellement son projet de reprise de La Cinq. Il envisage une augmentation de capital de 1,5 milliard et le maintien de 600 emplois sur 900.
02 avril 1992 : Silvio Berlusconi annonce le retrait de son plan de sauvetage de La Cinq à cause des pressions du gouvernement, de différents hommes politiques et des hautes sphères institutionnelles et de l'hostilité des autres chaînes concurrentes (TF1, Antenne 2, FR3, Canal+, M6) montées en coalition. Tout est fait pour empêcher de sauver La Cinq.
JT du 03/04/10992 : Jean-Claude Bourret et Paul Lefèvre annoncent la mort de la Cinq
12 avril 1992 à minuit : Malgré l'impressionnante mobilisation des téléspectateurs et de très nombreuses personnalités, malgré l'offre de reprise de Silvio Berlusconi, la cinquième chaîne de télévision française, première chaîne privée et gratuite en France, disparaît sous les yeux de plusieurs millions de téléspectateurs.
J’ai conservé les quatre dernières heures de La Cinq : le dernier JT + la dernière émission mythique “Vive La Cinq”. Elle a commencé à 20h45, après le dernier journal de 20h00 présenté par Jean-Claude Bourret. Elle a eu lieu dans la rédaction de la chaîne, boulevard Péreire à Paris, avec tout le personnel. Présentée par Gilles Schneider alors présentateur du journal de 20 heures en duo avec Béatrice Schönberg, Marie-Laure Augry alors présentatrice du journal de 12h45, Jean-Claude Bourret alors présentateur des journaux du week-end, et Patrice Duhamel, directeur de l'information. Elle proposait de revivre les six années d'existence de la chaîne. Elle s'est terminée par une longue série d'adieux, une animation d'une « éclipse totale » au son du mythique générique mais en version « lugubre » des premiers JT et finalement un écran noir avec le texte « La Cinq vous prie de l'excuser pour cette interruption définitive de l'image et du son », puis, seulement, « C'est fini ». L'audience aura culminé lors de cette dernière soirée jusqu'à 6 à 7 millions de téléspectateurs (21,5% d’audience).
Générique début – Présentation par Gilles Schneider, Marie-Laure Augry et Jean-Claude Bourret
Générique de fin
(Sources : http://lacinq.tv.free.fr/, Wikipedia)